La direction d'Arkema a officialisé le 21 janvier la suppression de 154 postes à son usine de Jarrie, en Isère, suscitant de vives inquiétudes chez les salariés et les commerçants voisins.
L’annonce était redoutée depuis le mois de décembre. La direction d'Arkema a officialisé ce mardi 21 janvier un "recentrage" de son activité sur le site de Jarrie, en Isère.
Selon l'entreprise, cette décision permettra d'assurer la pérennité du site après l'arrêt de son approvisionnement en sel par Vencorex, en redressement judiciaire. La direction d'Arkema souhaite se concentrer sur les secteurs de l'eau oxygénée, du chlorate et du perchlorate, des productions moins consommatrices en sel.
154 postes supprimés
En conséquence, les productions de chlore, de soude, de chlorure de méthyle et de fluides techniques seront abandonnées. Cette réorganisation entraînera la suppression de 154 postes sur les 344 que compte actuellement le site. L'annonce de ce plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) constitue un véritable choc pour les salariés.
Je suis arrivée à un âge où les parents sont là pour aider leurs enfants et faire le bonheur de leurs petits-enfants. Malheureusement, au rythme où vont les choses, ce sont peut-être mes enfants qui vont devoir m'aider.
Virginie Srajek, assistante supply chain et excellence opérationnelle
"Je suis arrivée à un âge où les parents sont là pour aider leurs enfants et faire le bonheur de leurs petits-enfants. Malheureusement, au rythme où vont les choses, ce sont peut-être mes enfants qui vont devoir m'aider", se désole Virginie Srajek, assistante supply chain et excellence opérationnelle.
Des commerçants inquiets
Une décision qui pourrait avoir des conséquences économiques bien au-delà du site de production, notamment chez les commerçants voisins de la plateforme chimique. C'est le cas du restaurant Le verre y table !, dont 60 % de la clientèle est issue des usines voisines. "On est habitué à venir manger une à deux fois, voire trois fois par semaine en fonction de la semaine. En fonction des activités d'Arkema, on sera là ou pas là", explique un salarié.
Nous faisions une trentaine de couverts par jour, mais c'est maintenant divisé par deux.
Céline Bessac, co-gérante du restaurant Le verre y table !
Pour Céline Bessac, co-gérante de l'établissement, la baisse d'activité est déjà palpable. "Nous faisions une trentaine de couverts par jour, mais c'est maintenant divisé par deux. Cela fait quinze jours que la situation se dégrade. Si les salariés sont sur un piquet de grève, ils ne viennent pas manger au restaurant. On ressent vraiment cette baisse d'activité", précise-t-elle.
Dans ce restaurant local, certaines tables restent déjà vides, de quoi inquiéter la co-gérante : "Avant, on refusait du monde. Maintenant, on attend que le téléphone sonne."
5 000 emplois directs et indirects menacés
Une appréhension aussi partagée par le propriétaire de La boutique d’Axel, située non loin de l'usine Arkema. "Il y a un impact sur les commandes des employés qui viennent tous les midis chercher à manger. Pour Arkema, c'est une quinzaine de plateaux par jour à peu près, donc ça aura forcément un impact sur notre activité", constate Justin Ollinet, gérant de la boucherie-charcuterie.
Une situation qui pourrait encore se dégrader, environ 5 000 emplois directs et indirects sont menacés par la crise dans le secteur de la chimie grenobloise selon les syndicats.