Depuis 3 ans, la société de biotechnologie Cytoo teste des médicaments sur des muscles humains fabriqués in vitro! Une première.
"Jusqu'à présent, le muscle humain, n'avait jamais été reproduit en laboratoire avec ses propriétés physiologiques, qui sont la contractilité et le métabolisme des sucres et des acides aminés", explique Luc Selig, président-directeur général de la société de biotechnologie grenobloise, Cytoo.
Cette découverte majeure permet au laboratoire isérois de tester les médicaments de 20 laboratoires pharmaceutiques dans des conditions réelles.
Jusqu'à présent, les tests s'effectuaient sur de simples amas de cellules dans des boîtes de Petri. Car lorsque les cellules sont déposées à même une plaque en verre classique, elles se désolidarisent et ne travaillent plus ensemble. Impossible donc pour les laboratoires de savoir si leurs médicaments sont toxiques ou non pour le muscle.
En 2013, Cytoo a commencé à développer la technologie Myoscreen, qui permet de "dompter" les cellules. Le laboratoire a imaginé un système de plaques, sur lesquelles un produit est posé pour éviter aux cellules d’adhérer au verre. Avec des rayons ultraviolets, une centaine de petits puits, en forme de soucoupe volante, sont ensuite creusés. Les cellules viennent alors s'y nicher et commencent à travailler ensemble pour créer une fibre musculaire.
Cytoo peut alors procéder aux premiers tests de médicaments sur des centaines de "copies" du muscle humain, à la fois. Pour obtenir les meilleurs résultats possibles, les fibres musculaires fabriquées sont rendues malades avant de recevoir les traitements.
Reportage Aurore Trespeux, Grégory Lespinasse et Jean-Jacques Picca
Actuellement, le laboratoire teste les traitements de 10 pathologies musculaires. Parmi lesquelles des maladies rares comme la myopathie de Duchenne. Mais aussi des maladies plus courantes comme la sarcopénie, cette perte de muscles qui survient avec l'âge et qui peut débuter dès 50 ans.
Cytoo ne compte d'ailleurs pas s'arrêter là. Une fois les financements trouvés, le laboratoire souhaite lui aussi trouver de nouveaux traitements médicamenteux pour certaines pathologies musculaires.