Laurent Wauquiez, candidat à la présidence du parti Les Républicains, répond à nos confrères de Valeurs actuelles. Il accuse la droite de ne mener que des "réformettes techniques", déclare vouloir revenir sur les questions liées à la filiation et estime que Macron "n'est en rien de droite"...
Le président Emmanuel Macron "n'est en rien de droite"
Laurent Wauquiez estime, dans les colonnes de nos confrères de Valeurs actuelles à paraître ce jeudi 21 septembre, que le président Emmanuel Macron "n'est en rien de droite" et que "son univers, ce sont les élites connectées de la mondialisation"."Il peut porter ponctuellement des réformes qui avancent dans une direction que l'on peut soutenir, mais sa philosophie politique n'a rien de droite", déclare-t-il en jugeant le chef de l'Etat "mal à l'aise avec le mot nation".
"Il nous a parlé de la nation start-up, puis de la nation européenne, mais jamais de la nation française. Il porte une vision foncièrement multiculturelle, il est un apôtre de la mondialisation, n'a pas un mot sur les questions de sécurité, a montré tout le mépris dans lequel il tient l'armée par la manière dont il a traité le général Pierre de Villiers", accuse encore le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
"Son univers, ce sont les élites connectées à la mondialisation. Il ne connaît pas les classes moyennes que, nous, nous défendons, les appelle "ceux qui ne sont rien". Son univers intellectuel n'est pas un univers de droite", assure-t-il encore en lâchant, en direction de François Baroin, qui a piloté la campagne LR pour les législatives: "nous avons fait une profonde erreur, après la présidentielle, en
donnant le sentiment de mettre de l'eau dans notre vin".
"Les électeurs de François Fillon ne nous ont pas pardonné et sont partis. C'est l'exemple même du piège que nous tend Emmanuel Macron: plus rien entre lui et les extrêmes. Pour lui, c'est la meilleure garantie de s'installer durablement au pouvoir", ajoute Laurent Wauquiez, qui accuse le chef de l'Etat d'avoir "derrière lui toute cette idéologie qui est celle des déconstructeurs".
Laurent Wauquiez déclare ne pas vouloir abroger le mariage entre homosexuels
Laurent Wauquiez déclare vouloir modifier la loi Taubira en revenant sur les questions liées à la filiation mais pas sur le mariage entre homosexuels. "On voit bien que la loi Taubira a ouvert une mécanique sur laquelle il est évident qu'il faut revenir. Il ne s'agit pas de démarier les couples de même sexe et le sujet n'est pas la notion de mariage, comme l'a exprimé François Fillon pendantla campagne présidentielle, mais bien de fixer des lignes rouges pour empêcher toute marchandisation et toute remise en cause de la filiation", indique celui qui apparaissait moins nuancé en janvier dernier quand il appelait à "avoir le courage de revenir sur les lois des socialistes", notamment celle sur le mariage homosexuel.
Critiquant l'annonce du gouvernement de vouloir "élargir" l'accès à la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes "pour satisfaire le désir d'enfant de femmes homosexuelles vivant en couple", M. Wauquiez y voit une "étape" avant d'aller vers la gestation pour autrui (GPA) "et donc la marchandisation du corps de la femme".
Dans la loi Taubira, "le problème n'est pas la question du mariage, mais celle de la filiation et de la marchandisation", souligne encore le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
La droite ne mène que "réformettes techniques" et "politique au petit pied"
Toujours lors de cet entretien, Laurent Wauquiez accuse la droite de ne plus mener, depuis les "années 90", que des "réformettes techniques" et "une politique au petit pied". Le divorce entre la droite et ses électeurs "s'est installé au milieu des années 90", quand elle est "devenue techno", estime-t-il. "A partir de ce moment, la droite n'a combattu la gauche que sur des histoires de curseurs. Fait-on 2,8 ou 2,9% de déficit? Quelle petite réformette technique propose-t-on ? (...) Plus de projet de société, plus de souffle, plus de vision", estime l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy."Tout cela aboutit", à ses yeux, "à une politique au petit pied, où la parole est totalement aseptisée".
"Voilà mon diagnostic, mon inventaire. Et la reconstruction de la droite passera par le fait de s'émanciper une bonne fois pour toutes de cela", ajoute le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui s'assigne comme "premier chantier" à la tête de LR de "faire se connecter les deux hémisphères": "les intellectuels de droite" comme "Finkielkraut, Houellebecq, Le Goff, Bellamy", dont il salue "la vitalité du débat", et les "politiques de droite", dont il constate "le vide sidéral
de (leurs) nouvelles idées".
"Je ne crois pas à tous ces discours sur la droite molle, la droite dure, la droite humaniste, je crois juste qu'il faut que la droite soit de droite", lance encore Laurent Wauquiez.
"Malgré la violence des coups, il n'y a chez moi aucune concession faite au politiquement correct. On ne me fera pas plier", promet-il.