Ce mardi 4 février, les personnels du CHU de Saint-Etienne ont été appelés à manifester par l'intersyndicale CGT-FO. Objectif de cette mobilisation : protester contre "le démantèlement de la psychiatrie publique du sud du département". Un rassemblement avec distribution de tracts était organisé sur le rond-point de l’hôpital nord en début d'après-midi.
La psychiatrie est en crise au CHU Saint-Etienne. Ce mouvement de grève et de protestation fait suite à l’annonce mi-janvier, par la direction de l'hôpital Nord de la fermeture à la fin du mois de l'UA4, une unité d’hospitalisation en psychiatrie.

Fermeture de l'UA4
L'intersyndicale pointe du doigt "une situation préoccupante", en raison d'une "fermeture progressive des lits d'hospitalisation et des services de psychiatrie". Le syndicat FO évoque la perte de 30 lits en trois ans sur le secteur de Saint-Etienne.
L'intersyndicale dénonce aujourd'hui la fermeture en cours de l'Unité d'Admission n°4 (UA4) du CHU. Une unité jugée indispensable pour répondre aux besoins de patients extrêmement vulnérables. Ce service psychiatrique prend en charge les patients atteints par de lourdes pathologies qui peuvent être dangereux pour eux-mêmes ou pour autrui. Une fermeture après le départ du médecin titulaire.
Mais pour les syndicats, la situation de crise n'est pas nouvelle. L'unité d'admission 4 (UA4) avait déjà été fermée provisoirement à l'été 2024. Elle avait rouvert, mi-septembre, passant de 19 à 10 lits. Aujourd'hui, c'est une fermeture définitive, "à l'initiative de la direction", souligne Louis Tavernier, infirmier et délégué syndical FO. Le syndicat a lancé une pétition en ligne pour dénoncer cette fermeture et la casse de la psychiatrie sur le secteur.
Prise en charge des patients, condition de travail, violences, épuisement des équipes. Plus globalement, les syndicats dénoncent une situation qui se dégrade. "Quel est le devenir de la psychiatrie sur le secteur de Saint-Etienne ? C'est une question qu'on se pose depuis 2015", indique Louis Tavernier.

"La fin de l'UA4 pourrait avoir des répercussions sur les autres unités du secteur du Gier, de l'Ondaine et du Forez, avec de gros risques en termes d’ordre public", alerte de son côté la CGT. Sans compter les retombées sur les autres services psychiatriques de l'hôpital.
Équipes mobiles : la solution ?
Le 20 janvier dernier, la direction de l'hôpital s'était voulue rassurante, indiquant qu'un autre système allait être déployé pour compenser cette fermeture de l'UA4 du CHU de Saint-Etienne. "On va substituer une hospitalisation au sein du CHU par une sorte d'hospitalisation à domicile avec des professionnels médicaux et paramédicaux qui se déplaceront au domicile des patients. Il faut aussi entendre foyers et établissements pour personnes âgées dépendantes. Tous les endroits où les personnes se trouvent, dans leurs lieux de vie", avait expliqué le directeur Olivier Bossard à ICI Saint-Etienne Loire.
Que pense-t-on de cette nouvelle forme de prise en charge du côté des syndicats ? "La population a vraiment besoin d'avoir des unités d'hospitalisation et on espère le développement des soins externes," a indiqué le 22 janvier dernier Cyril Vidal, secrétaire général CGT au CHU.
Cette forme de prise en charge avec des équipes mobiles n'est pas à exclure, selon le représentant syndical, mais il tempère : les unités d'hospitalisation complète sont nécessaires. "Les équipes mobiles pour les patients qui vont rester à domicile, c'est une très bonne chose à développer" mais "pas suffisamment dimensionnée actuellement" par rapport aux besoins.
Le développement du (soin à) domicile, c'est important et souhaitable, mais il ne sera jamais suffisant. L'hospitalisation restera toujours nécessaire.
Cyril VidalSecrétaire général CGT CHU 42
"Si dans plusieurs années, on aura développé cette forme de prise en charge, il restera toujours des unités d'hospitalisations. Elles sont nécessaires pour des situations particulières. On ne peut pas se passer des unités d'hospitalisation", ajoute-t-il en désignant le bâtiment de l'UA4. "Aujourd'hui, on ne peut pas se passer de cette unité, ni aujourd'hui, ni dans les mois à venir", assure Cyril Vidal.
Les troubles psychiques touchent environ une personne sur trois dans leur vie et près de deux millions de Français sont pris en charge en psychiatrie chaque année. La spécialité souffre d'une mauvaise image auprès des étudiants en médecine. La santé mentale a été déclarée grande cause nationale en 2025 par le gouvernement Barnier.