Une association de la Loire se prépare à réaliser sa production d'huile d'olive, grâce aux fruits d'arbres qui se trouvent chez des particuliers. Un habitant de la vallée du Gier a eu l'idée de lancer un appel pour les transformer en huile. Plusieurs dizaines de particuliers ont répondu.
"On n'est pas en Provence, mais dans notre belle vallée du Gier. Il y a un changement climatique important, il ne faut pas le nier. On est exposés plein sud, sur les monts du Lyonnais et côté Pilat. Ça crée un microclimat très prospère pour la culture de l'olivier", explique Laurent Alezi, un habitant de Saint-Joseph.
Climat prospère pour l'olivier
La plantation des oliviers dans la vallée du Gier n'est pas une tradition, c'est plutôt une mode. Des particuliers ont commencé à planter ces arbres méditerranéens chez eux. La conscience du changement climatique n'était alors pas encore aussi vive, selon Laurent. L'idée était surtout de planter un arbre symbolique et très décoratif. Mais ils étaient loin d'imaginer à l'époque que ces arbres à croissance lente allaient s'acclimater et produire des fruits en belle quantité.
Pour Laurent, toutes les conditions sont réunies. "Aujourd'hui, il fait plus chaud, alors l'olivier prospère. Il fleurit au printemps et produit des olives. On a une qualité d'olives très intéressante : pour faire de l'olive de table à la saumure ou de l'huile", explique-t-il.
Le Ligérien a eu l'idée de lancer un appel à ces propriétaires d’oliviers. L’objectif : récolter et centraliser toutes les olives du secteur pour en faire de l’huile. Une production que les propriétaires pourront ensuite se partager. Lorsqu'il a proposé de presser les fruits plutôt que de les laisser à terre, une cinquantaine de particuliers a répondu à son appel.
Passion et anti-gaspi
Les olives qui n'étaient pas récoltées étaient jusqu'à présent perdues. Un crève-cœur pour Laurent. D'autant que l'huile d'olive est un produit rare qui vaut aujourd'hui son pesant d'or.
Son projet est double. Il vise à lutter contre le gaspillage et à donner un coup de pouce au pouvoir d'achat des propriétaires de ces oliviers. "Dans un magasin, le litre d'huile d'olive est à 12 euros. Dans un discount, il est à 9 euros. Ça fait mal. Avec notre action, le litre d'huile d'olive revient à 4,10 euros", explique le Ligérien, peigne en main.
L'oléiculteur amateur en convient : "Ça demande un peu de boulot". Une association est donc née pour pouvoir acheter du matériel et se le partager entre cueilleurs de la vallée. Laurent Alezi est le président de l'union des Oléiculteurs Amateurs et Professionnels du Pays du Gier (UOAPPG).
Les olives sont ramassées et mutualisées avant de prendre la direction du moulin. L'huile sera ensuite partagée, au prorata de la cueillette de chacun.
"C'est de la passion et des économies. On vit dans un monde qui est dur. Le moindre centime d'euro économisé, il ne faut pas cracher dessus. Si on peut apporter un petit plus aux gens, il ne faut pas hésiter. C'est aussi un retour aux sources pour moi. Je suis fils d'agriculteur", conclut Laurent.
"Une belle expérience"
Des propriétaires ont pu récolter jusqu'à deux ou trois caisses d'olives de 20 kilos. Certains davantage, d'autres quelques kilos seulement. Mais pour ces cueilleurs d'un jour, la satisfaction est toujours au rendez-vous.
"Jusque-là, je ramassais mes olives et je faisais des bocaux pour les apéros. Mais cette année, j'en avais plus. Je me suis dit, il faut faire de l'huile d'olive. Je pensais arriver à 10 kilos, mais je n'y suis pas arrivée". Même si Béatrice Poulat n'a réussi à cueillir que six kilos d'olives, elle a le sourire. "Je serai très fière d'avoir ma propre huile d'olive sur la table, même si ce ne sont pas que mes olives. C'est une belle expérience", confie cette habitante de La Grand-Croix, membre de la jeune association.
La récolte se termine. Les olives seront pressées ce week-end du 7 et 8 décembre en Ardèche. Au total, les membres de l’Union apporteront deux tonnes au pesage.