Loire : Une combinaison pour expérimenter l'obésité

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Écrit par Ana K.

Une combinaison en mousse permet de se mettre dans la peau d’une personne obèse. Le centre médical des 7 Collines, à Saint-Étienne, vient d'en faire l'acquisition. Objectif : changer le regard et améliorer la prise en charge des patients en surpoids.

D'abord les bras, puis l'abdomen, les jambes et enfin les hanches. Enfiler la combinaison prend du temps. Un temps nécessaire pour évaluer progressivement la gène. Après la combinaison et ses bourrelets imposants, il faut s'habiller, et ça, c'est une première épreuve.

Le centre médical des 7 Collines à Saint-Étienne veut lutter contre la grossophobie y compris chez ses soignants.

Cet encombrant équipement leur permet de se glisser dans la peau d'une personne obèse. La combinaison pèse 15 kg mais les blocs de mousse qui la compose simulent le volume d'une personne pesant dans les 200 kg.   

Un meilleur accompagnement

Pierre Graud est stagiaire en kinésithérapie, il se prête à l'expérience aidé par Stéphane Triollaire, psychomotricien. Pour ce dernier, avoir une notion des difficultés rencontrées par les personnes obèses au cours de leur parcours de soins permet de mieux les accompagner.

"Ils peuvent généralement faire pas mal de choses. Mais voilà, pour celui qui n' y arrive pas, suite à un handicap ou à une opération, on sensibilise. Le soignant lorsqu'il sera au contact d’un patient qui sera en surpoids, peut-être qu'il s’y prendra autrement", explique le psychomotricien.

Un quotidien entravé

S'asseoir sur une chaise, ramasser un objet à terre ou encore s’allonger sur un lit médicalisé n'est pas chose aisée avec cette combinaison. Les soignants appréhendent comment adapter leurs pratiques.  

"Pour des patients, qui sont en plus souvent confrontés à des comorbidités, diabète tension etc., ils ont souvent des tables de cette dimension là, dit Stéphane Triollaire en désignant une table d'examen classique, l’idée, c’est aussi de montrer que même l’outil médical n’est pas toujours adapté."

Une expérience probante

"Tous les efforts coutent. Ça demande plus d’énergie donc on a bien chaud, témoigne Paul. Au niveau de la mobilité, c’est vrai qu’avec le volume, on a du mal à bouger, sur certains mouvements c’est compliqué" poursuit-il.   

Un ressenti confirmé par Myriam, une patiente récemment opérée. «Ce sont les articulations qui souffrent, notamment les genoux, les chevilles, et puis il y a tout l’espace et l’environnement qui n’est pas forcément adapté.»  

Un jugement à réviser

Au-delà de la psychomotricité, ces patients peuvent subir d’autres traumatismes comme le souligne Myriam. « Le regard des autres, c’est souvent ce qu’il y a de plus difficile. Parce qu’on sent le jugement dans le regard. Et ça c’est difficile à vivre.»  

L’équipe soignante construit un parcours de soins pluridisciplinaires: chirurgie, atelier culinaire mais aussi prise en charge psychologique, notamment après une opération.

Nadia Blanc est infirmière, elle est souvent confrontée à des patients en perte de repères physiques. «II y a également son propre regard sur son corps avant la chirurgie mais aussi après la perte de poids. Donc, c’est un accompagnement qui est très important.»  

La clinique mutualiste des sept collines suit quelques 300 patients en rééducation  chaque année. L’équipe met l’accent sur l’accueil de ces personnes souvent victimes de grossophobie. 

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