Les dix tigres, saisis après une plainte de l'association One Voice, sont arrivés le 17 décembre 2020 à Saint-Martin-la-Plaine. Six jours plus tard, Tonga Terre d'Accueil où les animaux ont trouvé refuge, publie les premières images de leur leur arrivée et installation dans la Loire.
Sur les dix tigres, il y a sept femelles et trois mâles. Tous sont frères et soeurs excepté un. Les dix félins ont été saisis, mercredi 16 décembre dans l'Oise, après que l'association One Voice ait engagé une procédure pour "conditions de détention inadaptées, activité d'élevage et cession d'animaux illégales". L'association a obtenu gain de cause, et la saisie ordonnée. Tonga Terre d'Accueil, partenaire de One Voice, est désormais leur refuge, à Saint-Martin-la-Plaine.
"Une opération hors norme"
Yma, Tara, Sumak, Junior, Bégum, Ashley, Rani, Oona, Hister et Douglas. Ce sont les noms des dix tigres, qui étaient enfermés dans un camion-cage par un dresseur installé près de Beauvais, au nord de Paris. Leur espace de vie : "2 m2 chacun pour 300 kg de masse corporelle".
Une fois la saisie ordonnée, il a fallu s'organiser. Les équipes de One voice et de Tonga Terre d'Accueil se sont retrouvées sur les lieux, afin d'organiser le transfert des animaux, de l'Oise vers la Loire. L'association refuge ligérienne a publié ce 23 décembre les premières images de cette opération qualifiée "d'hors-norme par son importance et le déploiement de moyens". Il a notamment fallu mettre en place un convoi exceptionnel.
La remorque de cirque qui pouvait contenir au maximum sept félins, a été acheminée par un transporteur, tandis que trois tigres ont dû être placés dans des caisses de transport, dans un autre véhicule. La mise en place a duré une grande partie de la journée. Les tigres sont arrivés à destination, après plus de 11 heures de route.
"40 personnes mobilisées pour les déplacer à leur arrivée"
17 décembre 2020, le convoi est arrivé dans la Loire. Il faut désormais sortir et installer les dix tigres dans leur nouvel espace, au sein du refuge de Tonga Terre d'Accueil de Saint-Martin-la-Plaine. L'opération est "délicate", comme le prouve ce film publié sur la chaine YouTube de l'association.
Pour les sortir, il a fallu endormir sept tigres. Les trois transportés dans des caisses à part, n'ont pas eu à subir d'anesthésie, notamment Rani, une des femelles, "dont la santé est plus fragile". Un premier examen vétérinaire est alors établi.
Examen des crocs, griffes, lecture de puces d’identification, prise de sang etc. Ils semblent en bonne santé. La bonne nouvelle est qu'aucun tigre n'est dégriffé. Bégum a des dents très abîmées. Rani est la seule visiblement malade. Elle est maigre et présente une silhouette très marquée.
"Nous ne pouvons pas encore nous approcher"
Chaque tigre a trouvé son logement à Saint-Martin-la-Plaine. Certains "ont inauguré le cinquième bâtiment d'accueil de notre structure. Ce nouveau bâtiment dispose de 10 espaces intérieurs et de 5 enclos extérieurs". Sur les images de l'association, les premiers pas des félins sont maladroits sous l'effet de l'anesthésie. Certains stressés montrent une certaine agressivité. "Ils sont encore sur la défensive", explique l'association qui préfère les laisser au calme, et attendre encore quelques jours avant de les laisser sortir, poser leurs pattes "pour la première fois sur de l'herbe", et d'approfondir les examens.
Il s'agira notamment de "savoir si des femelles sont gestantes". "Elles seront également mises sous implant pour éviter toute reproduction". Dans le lot, il y a des tigres blancs et des tigres dorés, fruits d'une mutation génétique.
Leurs lignées ne descendent que de quelques individus et, pour que leur gène dit récessif s’exprime, il faut croiser deux porteurs de ce gène. Ces animaux sont généralement hautement consanguins et n'ont qu'une valeur de rareté pour attirer du public. Ils ne contribuent donc pas à la conservation du tigre, inscrite en Annexe I de la Convention de Washington (CITES).
Le propriétaire contre-attaque
Tout en remerciant pour leur collaboration, "les propriétaires et le soigneur des tigres pour leur compréhension et l'aide fournie lors de la saisie" dans l'Oise, Tonga Terre d'Accueil rappelle que les animaux resteront "dans nos locaux jusqu’à la décision de justice, pour ensuite être placés, nous l’espérons, dans un sanctuaire".
Sauf que dans le même temps, Mario Masson, le propriétaire des tigres, a choisi de contre-attaquer. "Le dresseur entend porter plainte contre nous pour dénonciation calomnieuse et pour atteinte à la présomption d'innocence. Il envisage également d'entamer une procédure pour diffamation ", indique One voice sur sa page Facebook, en relayant un article du Parisien.
"Malgré les investigations de l'enquête, les auditions de Monsieur Masson et les diverses constatations effectuées sur les lieux par les agents de l'Office français de la biodiversité, il n'a jamais été relevé la moindre trace de maltraitance ou de violation des conditions de détention des animaux", a indiqué l'avocat du dompteur, Me Olivier Roquain, au journal Le Parisien.
Une "requête aux fins de restitution" a été adressée à la procureure de Beauvais et envoyée lundi 21 décembre 2020, précise le quotidien. En attendant, les dix tigres restent dans la Loire, au sein de Tonga Terre d'Accueil qui, avec leur arrivée, compte 50% de félins supplémentaires.
Rien que pendant l'été 2020, Jon et quatre lionnes d'un cirque de Normandie ont ainsi intégré le refuge ligérien.
One Voice et Tonga Terre d'Accueil ont lancé des appels aux dons pour aider à la prise en charge des animaux.