Mehdi Berroukeche a été tué fin décembre 2022 dans sa cellule du quartier de semi-liberté de la maison d’arrêt de la Talaudière, près de Saint-Etienne. Le bourreau du jeune homme de 25 ans : son co-détenu, atteint de troubles psychiatriques. Sa mère, Sonia Ribeiro se bat pour rendre justice à son fils. Mais à présent, son combat va bien au-delà de sa douloureuse histoire personnelle.
Sarah Ribeiro a fait tatouer le prénom de son fils sur son avant-bras. Quelques lettres surmontées d'une couronne. Un symbole fort pour le combat d'une vie. Le jeune homme de 25 ans aurait dû sortir de prison en avril 2022, après avoir purgé une peine aménagée pour de petites condamnations. Mais Medhi Berroukeche n'est jamais sorti de prison. Il n'a jamais repris une vie normale. Il a tragiquement fini ses jours derrière les barreaux, à la prison de La Talaudière. Sa mère se bat pour lui rendre justice.
Déferlement de violence
"Mon fils était proche de la sortie. Il avait un contrat de travail. Un jour, on lui met un codétenu. Il ne le sentait absolument pas. Il le signale à son papa. Le soir même, ce détenu s'acharne sur Medhi. Il le surprend pendant son sommeil", raconte Sarah. Ce drame s'est déroulé dans la nuit du 28 au 29 décembre 2022, dans une cellule du quartier de semi-liberté de la Talaudière. Tandis qu’il dormait, Mehdi a été attaqué par son co-détenu. Ce dernier est atteint de problèmes psychiatriques. Medhi reçoit des coups de couteau et de fourchette.
Le visage du jeune homme a été tailladé. Sa mère parle "d'actes de barbarie" subis par son fils. Un déferlement de violence qui tient en quelques mots : "Il lui découpe les yeux, la bouche, la carotide, il lui fend le crâne en deux. Une horreur". Le jeune homme de 25 ans a été massacré. Son calvaire a duré près de 40 minutes.
Les combats de Sarah Ribeiro
Cette mère endeuillée et indignée s'interroge encore sur les circonstances de la mort de son fils. "Ce co-détenu a d'importants problèmes psychiatriques, depuis l'âge de 15 ans. Je ne comprends pas ce qu'il faisait en semi-liberté", déclare Sarah Ribeiro.
Elle se demande aussi pourquoi "les surveillants ont mis plus de 40 minutes pour intervenir". Enfin, elle pointe du doigt la réaction de la direction. "Le directeur de la maison d'arrêt m'appelle quatre jours après le décès de Medhi pour me dire que mon enfant est décédé. Ils appellent la police 10 heures après les faits. Des choses que je ne peux accepter".
Depuis deux ans, la Ligérienne se bat pour connaître la vérité et rendre justice à la mémoire de son enfant. "J'ai promis à mon enfant sur son lit de mort que j'allais lui rendre justice. Qu'il ne soit pas parti gratuitement". Pour l'aider à tenir sa promesse, Sarah Ribeiro se démène. Elle a créé l'association Justice Mehdi Berroukeche.
"Aider ces détenus"
"Je pensais que Medhi serait le dernier. Mais pas du tout", déplore la mère endeuillée. Depuis le drame, Sarah Ribeiro se bat aussi pour améliorer les conditions carcérales des détenus. Un combat qu'elle a fait sien. Comme d'autres avant elle, elle dénonce le manque d'intimité, la surpopulation carcérale, la vétusté de ces lieux de privation de liberté… mais aussi l'atteinte à la dignité humaine.
En Prison, on est privé de liberté, mais pas d'humanité et encore moins de dignité.
Sonia RibeiroMère de Medhi Berroukeche
"Quand on dit la prison, c'est le club Med (...) je ne peux pas l'entendre. Il faut voir quelles sont leurs conditions de vie : ils sont en manque de soins, il y a un manque d'effectifs au niveau des surveillants (...) Un surveillant n'est pas formé pour accueillir des gens qui ont des problèmes de psychiatrie".
Si cette mère de famille ne peut faire qu'un triste constat, elle est loin d'être résignée. "Il y a un gros souci avec les prisons en France. Je pense que c'est un sujet qu'il faut prendre en mains pour faire en sorte que les choses bougent et changent", conclut Sarah Ribeiro.
Ce jeudi 16 janvier, elle se rendra à Paris, à l’Assemblée nationale, avec la députée LFI de la Loire, Andrée Taurinya, pour assister à un colloque sur les conditions de vie carcérale.