On connaît les marins d'eau douce et Bernard Poitau a créé une nouvelle catégorie : celle du marin des près. À 71 ans, il vient de faire le Vendée Globe version virtuelle, dans un bateau posé sur terre. Une épreuve de 64 jours, dans le froid ligérien, pour une association.
À 71 ans, Bernard Poitau s’est lancé dans un défi fou : réaliser le Vendée Globe, la mythique course à la voile autour du monde. Pourtant le retraité n’aura vu ni les mers du sud, ni goûté à l’air iodé, puisqu’il a fait le trajet depuis la terre.
C’est sur sa tablette qu’il a participé à la course virtuelle du Vendée Globe : la Virtual Regatta. Pour le septuagénaire, ce n’est pas depuis son canapé qu’il a vécu cette course, mais bien depuis un bateau posé dans un pré à Saint-Julien-Molin-Molette dans la Loire.
"Je serai content de dormir dans un vrai lit"
Une aventure commencée le 10 novembre dernier, après 64 jours, 19 heures, 2 minutes et 49 secondes Bernard Poitau termine sa navigation sur la terre ferme. “Je suis fatigué", confie-t-il avec un grand sourire, ciré jaune sur les épaules. "Je serai content de manger ailleurs que sur cette petite table et je serai content de dormir dans un vrai lit, avec ma femme et avec du chauffage.”
Le retraité assure être comblé de cette expérience, même si les premiers jours ont été difficiles. “Je n’étais pas sûr de continuer, j’avais mal aux poumons, parce qu’il y avait 80% d’humidité, j’avais mal aux genoux, parce qu’ils étaient toujours pliés et j’avais mal aux yeux, parce que je n’avais pas l’habitude de la tablette. Et au bout de 10 jours, tout a disparu, mon corps s’est habitué.”
“On peut éprouver de vraies émotions avec du virtuel ! ”
Au moment de franchir la ligne d’arrivée, ou plutôt de descendre de son navire “Anticyclone”, l’émotion est bien là. “J’ai été ému au moment de faire mon sac, en me disant ça y est ça s’arrête, mais il est temps que je rende le bateau à mes petits enfants”, s’amuse le retraité, qui arrête juste à temps pour l’anniversaire d’une de ses petites-filles.

Bernard Poitau n'a pas réellement fait un tour du monde complet, puisqu'il s'arrête au sud de l'Afrique, mais le défis reste de taille. Pour fêter son “arrivée”, ou plutôt la fin de son presque tour du monde virtuel, ses proches ont vu les choses en grand. De quoi lui faire vivre l’expérience Vendée Globe jusqu’au bout. Fumigènes et feux d’artifice, ont accompagné son jeté d’ancre. En descendant, Bernard a les genoux qui tremblent, l’effet de l’émotion, plus que du roulis des vagues. “Entre le virtuel et le rituel il n’y a pas beaucoup de différences, on peut ressentir de vraies émotions avec du virtuel ! ”, assure-t-il.
10 000 € récoltés
“Il a beaucoup de volonté et de courage”, souligne son épouse, qui craignait de le voir tomber malade pendant cette aventure en plein hiver. “Il avait embarqué 70 pommes, 80 pommes de terre, beaucoup de choses, mais pas assez, mais heureusement, Charlie Dalin est arrivé avec 15 jours d’avance,Bernard a pu s'arrêter", rit-elle soulagée.

“Je suis très ému, Bernard a appris à naviguer enfant sur le Corsaire de mon père en Bretagne, se rappelle Bruno Lalo, son cousin venu pour l’arrivée. Il l’a fait pour une cause, ça a du sens.” Cette course virtuelle a permis de récolter 10 000 € récoltés pour son association stéphanoise Anticyclone, qui accueille et accompagne des demandeurs d’asile et des mineurs non accompagnés.