La mémoire du Pizol a été commémoré par plusieurs dizaines de personnes ce dimanche. Pour alerter sur le réchauffement de la planète, des funérailles ont été organisées au pied de cet ancien glacier des Alpes suisses qui a perdu près de 90% de son volume depuis 2006.
Une longue "marche funèbre" en montagne et quelques mots en hommage au Pizol. Dimanche 22 septembre, des Suisses ont commémoré la disparition de l'un des glaciers alpins les plus étudiés, victime du réchauffement climatique. Les participants, en habits de deuil, ont rejoint dans la journée, sous un ciel nuageux, le pied de cet ancien glacier escarpé situé aux alentours de 2.700 mètres d'altitude, près du Liechtenstein et de l'Autriche.
Le Pizol "a tellement perdu de sa substance que, d'un point de vue scientifique, il n'est plus du tout un glacier", a expliqué Alessandra Degiacomi, de l'Association suisse pour la Protection du Climat, une des ONG à l'origine des funérailles.
Une couronne de fleurs a été déposée en mémoire de ce glacier qui a perdu son statut. En Suisse, pays connu pour ses nombreux glaciers, l'inquiétude des scientifiques est grandissante face au réchauffement climatique.
"Le Pizol, ce n'est pas le premier"
"Depuis 1850, on estime qu'il y a plus que 500 glaciers suisses qui ont complètement disparu", dont seulement 50 avaient un nom, a expliqué Matthias Huss, un glaciologue à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, qui participe à la cérémonie.
"Le Pizol, ce n'est pas le premier. Mais, on peut le considérer comme le premier glacier Suisse en train de disparaître qui a été très bien étudié", et ce depuis 1893, a-t-il souligné. Le constat est sans appel : depuis 2006, il a perdu environ 80 à 90% de son volume. Seuls subsistent quelque 26.000 m², soit "moins que quatre terrains de football", a raconté le scientifique.
Selon le Réseau suisse de relevés glaciologiques (GLAMOS), le Pizol appartenait à catégorie des "glacierets", soit de très petits glaciers, qui constituent près de 80% du nombre total des glaciers suisses. Situé à une altitude relativement basse, il dépendait des fortes quantités de neige accumulées l'hiver.
Limiter le réchauffement
A l'image du Pizol, les quelque 4.000 glaciers alpins, des attraits touristiques qui fournissent aussi de l'eau en été à des millions de personnes, risquent de fondre de plus de 90% d'ici à la fin du siècle si rien n'est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, selon une étude de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich.
Et quels que soient les efforts faits pour réduire les émissions, les Alpes perdront au moins la moitié de leurs glaciers. Situé en Suisse, le glacier d'Aletsch, le plus grand des Alpes, pourrait ainsi disparaître d'ici à 2100 si rien n'est fait pour freiner le réchauffement de la planète.
Les funérailles du Pizol sont donc, pour les ONG qui organisent l'événement dont Greenpeace, l'occasion de rappeler que le changement climatique met aussi en péril "nos moyens de subsistance" et menace "la civilisation humaine telle que nous la connaissons en Suisse et dans le monde entier".
Cette cérémonie intervient à la veille du sommet spécial de l'ONU sur le climat, lundi à New York, auquel participeront plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement, qui sont appelés à renforcer leurs engagements pour limiter le réchauffement du globe à 1,5°C ou 2°C par rapport à la période préindustrielle, au XIXe siècle.
L'Association suisse pour la Protection du Climat a mis sur les rails un référendum d'initiative populaire, dit "Initiative pour les glaciers", pour exiger que les émissions nettes de gaz à effet de serre en Suisse soient réduites à zéro au plus tard jusqu'en 2050.
La date du référendum n'a pas encore été fixée. L'urgence climatique étant en tête des préoccupations des Suisses, aux côtés des frais de santé, le gouvernement s'est aussi emparé du dossier, déclarant à son tour fin août que la Suisse devait réduire à zéro ses émissions nettes de gaz à effet de serre d'ici à 2050.