Aprés 6 jours de procès, les frères Toinon,rejugés en appel par la Cour d'assises du Rhône pour le meurtre de leur mère adoptive à St Galmier,attendent de connaître leur sort : 20 ans et 15 ans de prison ont été requis contre eux par l'avocat général.Ils avaient été acquittés à St Etienne.
20 et 15 ans de prison ont été requis jeudi devant la cour d'assises du Rhône à l'encontre de deux frères d'origine polonaise rejugés pour l'assassinat de leur mère adoptive, crime pour lequel ils avaient été acquittés il y a deux ans.
"Annie Toinon a été mortellement frappée à la tête avec une barre de fer par Aurélien Toinon assisté de Johan Toinon, le tout dans un concert criminel prémédité depuis des semaines qui devait concerner les deux parents mais qui finalement (...) ne s'est déroulé que partiellement", a d'emblée tranché l'avocat général, André Merle.
Déjà chargé de porter l'accusation lors du premier procès aux assises de la Loire en février 2014, le magistrat a requis 20 ans de prison contre Aurélien Toinonet 15 ans à l'encontre du cadet Johan, peines identiques à celles qu'il avait réclamées en première instance.
Le procès en appel qui a débuté à Lyon le 18 février et doit s'achever vendredi soir, n'a jusqu'à présent pas permis de lever le voile sur l'assassinat très violent de la mère adoptive, retrouvée morte le 15 juillet 2010 sur son lit, dans la ferme familiale de Saint-Galmier (Loire).Annie Toinon y vivait avec son mari et leurs quatre enfants issus d'une même fratrie polonaise, adoptée en 1993. La soeur et un troisième frère ainsi que le père adoptif se sont constitués parties civiles dans ce dossier qui pâtit d'une enquête que la défense juge bâclée.
Une famille alcoolique
Leur mère, agricultrice de 58 ans, alcoolique, avait été frappée au visage et au crâne à l'aide d'une barre de fer. Au moment des faits, elle était aussi handicapée par un plâtre à un bras. Son sac à main, qui contenait, selon son mari, 2.000 à 3.000 euros en espèces, avait disparu à l'arrivée des enquêteurs. Il avait été retrouvé cinq mois plus tard par des chasseurs, abandonné à plusieurs kilomètres de la ferme familiale, sans l'argent.
"Frappée violemment au point d'en être défigurée": au cours de ses réquisitions, l'avocat général s'est appesanti sur les circonstances du meurtre perpétré sur fond de conflits dans la famille, notamment entre Aurélien et ses parents. Le jeune homme avait souhaité reprendre les terres agricoles, mais leur vente à un voisin avait brisé net ses rêves.Quant à Johan, il était connu pour vivre sous l'emprise de l'alcool. Une dépendance maladive, ponctuée de nombreuses tentatives de suicide. La dernière a eu lieu après son acquittement à Saint-Etienne.
Volant au secours d'une enquête où les preuves à charge font défaut, l'avocat général a voulu fermer les portes qui mèneraient la cour à suspecter d'autres coupables.Un crime crapuleux commis par un rôdeur? Le parquetier n'y croit pas. L'hypothèse d'une culpabilité du père de famille adultère? "Un bon gars", "paysan accroché à sa terre", balaie le magistrat."Les violents, on les connaît", ajoute-t-il."Le mobile, il est double. L'argent est la cause conjoncturelle (...) C'est ce qui va tout mettre en mouvement", relève André Merle qui pointe également des "rancoeurs",quelque chose de "plus haineux". Il souligne le traumatisme de ces gamins arrivés de Pologne et "traités de polaks" puis, énigmatique, évoque des choses "pas convenables"
survenues dans le huis clos familial.
Âgés aujourd'hui de 30 et 29 ans, les deux frères clament leur innocence. Ils encourent la perpétuité.