A Clermont-Ferrand, un agriculteur prévient : "Si rien ne bouge, on peut voir une reprise assez chaude des affaires"

Après la démonstration de force des agriculteurs à Clermont-Ferrand le 25 mars dernier, une délégation Auvergne-Rhône-Alpes a pu rencontrer le ministre de l’Agriculture. La FNSEA attend des réponses concrètes rapidement.

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Jeudi 25 mars, à l’appel de la FNSEA, quelque 800 tracteurs et entre 4 000 et 5 000 agriculteurs (selon les organisateurs) se retrouvaient place de Jaude à Clermont-Ferrand. Une démonstration de force afin d’obtenir notamment des prix plus rémunérateurs.


Mercredi 31 mars, une délégation Auvergne-Rhône-Alpes de la FNSEA a pu rencontrer le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. David Chauve, secrétaire général FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, faisait partie de cette délégation qui a dialogué avec le ministre. Il explique : « On a pu parler des prix et de la PAC (Politique agricole commune). C’était une demande pour porter en direct nos inquiétudes, nos enjeux et mettre en avant le caractère d’urgence qu’il y avait sur la partie construction des prix. Il n’y a pas eu forcément d’avancées concrètes. On est rentrés en discussion de manière assez concrète sur les sujets, et notamment sur les prix. C’est plus un sujet de fond qui se travaille dans le temps. On a aujourd’hui une loi alimentation qui n’est pas suffisamment consistante et qui ne va pas assez loin. Nos demandes étaient de porter des amendements au niveau de la loi alimentation, et sur le fait de baser les négociations sur nos coûts de production, quelle que soit la filière ».

 Sur l’aspect des prix, notre sentiment est mitigé

Le secrétaire général de la FRSEA attend une réponse rapide mais il est conscient de la complexité des enjeux : « Sur l’aspect des prix, notre sentiment est mitigé. Le ministre semble avoir cerné les enjeux et semble plutôt volontaire pour mettre en place des choses et des évolutions législatives. Mais je pense qu’il y a un certain nombre d’obstacles qui sont là et qui font que la tâche n’est pas facile. Le droit à la concurrence en France et en Europe intervient notamment. Mais on assiste à une hausse de nos coûts de production et on se retrouve dans l’impossibilité de répercuter cela dans la vente de nos produits. C’est une réelle inquiétude par rapport à l’avenir ».

Le problème du calendrier électoral

Il craint cependant que le calendrier électoral ne joue pas en faveur des agriculteurs : « Le sujet a été entendu. On a 3 à 4 propositions concrètes en termes d’amendements qui ont été partagées assez en détail avec le ministre. Ces choses vont se traduire en une proposition de loi dans les prochains jours et le travail législatif va commencer. On espère qu’au cours de l’été on aura remis les choses dans l’ordre. On ne peut pas dire que le sujet n’a pas été évoqué. Les enjeux sont cernés. Mon inquiétude est qu’on se retrouve à la veille des élections présidentielles et qu’on fasse semblant de faire évoluer ces choses-là, peut-être plus pour tuer le temps. On sait que si les choses n’évoluent pas d’un point de vue législatif d’ici l’été, ce n’est pas en pleine campagne électorale qu’on aura quelque chose. On va maintenir la pression. On est force de propositions ».

Des actions dès l'automne ?

Après la manifestation du 25 mars à Clermont-Ferrand, David Chauve n’exclut pas d’avoir recours à une nouvelle mobilisation afin de marquer les esprits : « On peut toujours laisser planer la menace que l’on peut revenir. Il y avait beaucoup de détermination de la part des personnes qui s’étaient mobilisées. Après avoir mis cette pression, on se donne un ou deux mois de travaux, en lien avec les parlementaires et le ministère, pour être force de propositions et avancer dans la rédaction des articles de loi. Si rien ne bouge, la réaction peut être très rapide et on peut avoir dès l’automne une reprise assez chaude des affaires ». Confrontés à une précarité grandissante, les agriculteurs préviennent ainsi qu’ils sont prêts à se mobiliser à nouveau afin de faire entendre leurs doléances.

 

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