Dans le Puy-de-Dôme, département classé en zone verte depuis la levée du confinement, l'organisation de funérailles reste encore complexe et ne permet pas les mêmes cérémonies qu'avant l'arrivée de l'épidémie. Des cérémonies dont les contours restent flous selon bon nombre de professionnels.
« C'est un crève-coeur pour les familles d'avoir à choisir qui vient et qui ne vient pas dire un dernier au revoir » nous explique Jacques Coudray, président de l'association crématiste du Puy-de-Dôme. Il s'empresse néanmoins d'ajouter que la situation aujourd'hui n'a rien à voir avec les premières semaines de confinement où la famille était totalement absente au moment de la crémation. « Le corps du défunt arrivait dans un sac plastique et les pompes funèbres ramenaient l'urne aux familles. » Au crématorium de Clermont-Ferrand, nous explique Mr Coudray, « au bout de trois semaines de confinement, cinq personnes étaient autorisées à participer à une cérémonie d'un quart d'heure, alors qu'elle durait environ trente minutes auparavant. » Il avoue ne pas savoir combien de personnes peuvent venir depuis le 11 mai. Il faut dire que la situation évolue régulièrement.
Une vraie cacophonie
Dix, vingt personnes ? « C'est le problème justement », s'agace Mathieu Séronde, directeur de l'entreprise de pompes funèbres du même nom à Clermont-Ferrand, « chacun fixe les règles qu'il veut. » Ce dernier dénonce la cacophonie qui règne dans le milieu actuellement et l'impossibilité pour une entreprise comme la sienne d'offrir les mêmes funérailles à chaque famille. « Chacun interprète la ligne gouvernementale comme il le souhaite : lorsque l'on parle d'une limite de vingt personnes à une cérémonie, doit-on comprendre quinze proches et cinq professionnels des pompes funèbres ou vingt proches et les cinq professionnels ? De même pour les cérémonies religieuses : l'évêché interdit l'entrée dans les églises mais certains curés acceptent un passage dans la leur! Résultat, nous ne pouvons pas offrir les mêmes funérailles à tout le monde. »
Des délais rallongés
Mohamed El Mokretar, directeur des pompes funèbres Al Baqi, nous rapporte que tout est plus long depuis l'arrivée de l'épidémie et la situation n'a pas vraiment évolué depuis la fin du confinement : « Les administrations ne travaillent pas à plein régime, tout doit se faire par mail et c'est beaucoup plus long qu'avant ». Quant au nombre de personnes autorisées sur les sites, c'est beaucoup plus flou que pendant le confinement. Par exemple, « les cimetières sont ouverts désormais et le gardien n'est plus là pour réguler le nombre de proches autorisés à assister à un enterrement. »
Mathieu Séronde s'indigne de devoir faire du cas par cas et se désole de pratiquer son métier dans ces conditions : « Cela fait plus de deux mois que l'épidémie est là, on devrait être organisé ! J'aimerais que les pouvoirs publics viennent nous consulter pour qu'on leur explique comment ça se passe sur le terrain, car il faut absolument uniformiser tout ça ! » Pour que ce dernier adieu puisse se faire, pour tous, dans la dignité, et avec un peu plus d'égalité.