“Avec 850 euros, on ne peut pas vivre” : les accompagnants des élèves en situation de handicap dans la rue

En Auvergne comme ailleurs en France, les AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) se mobilisent pour revendiquer une amélioration de leurs conditions de travail. Indispensables à l’école inclusive, ces accompagnants n’ont pas le statut de fonctionnaire. Conséquence : des élèves en situation de handicap peu ou mal intégrés.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Leurs slogans : abandonnés, précarisés et surtout sous-payés. Contraints à un temps partiel de 24 heures par semaine, une centaine d’accompagnants des élèves en situation de handicap ou AESH ont manifesté leur colère devant le rectorat de Clermont-Ferrand ce jeudi 16 janvier. “Ce qui me pèse, c’est d’avoir l’impression de devoir bricoler avec les moyens qu’on a qui ne sont pas suffisants. On n’est pas assez formés, on n’a pas assez d’heures, on n’a aucun temps de concertation. On essaye de faire au mieux mais ce n’est pas suffisant. Je vois entre 4 et 5 enfants par jour et chaque heure, je change d’élève. Parfois j’ai 3 élèves à m’occuper dans la même classe. C’est très compliqué. On court partout”, dénonce Emma Daubigny, AESH au collège Jeanne d'Arc à Clermont-Ferrand. 

Une rémunération jugée trop faible

Ils ou elles, car 93% sont des femmes, réclament la reconnaissance de leur métier dans la fonction publique et une meilleure formation : “On veut pouvoir vivre. Avec 850 euros, on ne peut pas vivre. On est obligés de compléter par un autre emploi. Cela fait des journées très lourdes. Le statut B nous donnerait droit à une meilleure rémunération. Le manque de reconnaissance et de formation est également une revendication. On veut le 24 heures temps complet. On réclame l’embauche massive d’AESH formés pour répondre à la demande”, regrette Marie Deparis, AESH à l'école Jean de la Fontaine à Clermont-Ferrand. 

"J'ai l’impression de ne pas faire mon travail correctement"

Derrière leur rôle se cache la souffrance des familles et des enfants qui n’ont droit qu’à quelques heures d’accompagnement à l’école par semaine. En assemblée générale avant la manifestation, des AESH des 4 départements ont témoigné de leur manque de temps pour ces élèves qui en ont tant besoin. L’une des manifestantes témoigne : “Je suis sur 2 écoles, cela coupe la journée en 2. Je suis 4 enfants. Je fais 6 heures, mutualisées. Quand j’ai fini, je suis obligée de partir. On laisse les enfants sur leur faim. J'ai l’impression de ne pas faire mon travail correctement. Depuis 2008, où je suivais 2 enfants, on diminue le temps d’accompagnement pour chaque enfant. On a besoin de nous, autant les enfants, que les parents ou les enseignants.” Ursula Vaurs, AESH au Lycée Emile Duclaux à Aurillac, ajoute : “On parle d’école inclusive et finalement, on inclut les enfants mais on ne met pas les moyens derrière. Il y a peu d’AESH. On saupoudre les besoins.”  

Obtenir le statut de fonctionnaire

Elena Blond, secrétaire nationale de la CGT Educ'action et enseignante dans l’Allier, est venue appuyer ses collègues : “C'est la question de la précarité des salaires et du fait qu'il n'y ait pas de statut. Les AESH vont bientôt représenter le 2e corps de l'Education nationale. C’est un pur scandale qu’il n'y ait toujours pas de reconnaissance par le statut de fonctionnaire. C'est vraiment l'axe central. Les AESH subissent un temps partiel qui est généralisé, avec un salaire qui est environ de 870€ par mois en moyenne, puisqu'ils sont en général à 24h00 par semaine.” 

"Le handicap, c'est tout le temps"

Selon elle, les conditions de travail n’ont pas cessé de se dégrader considérablement : “On a eu cette année une accélération puisqu'il y a de plus en plus d'enfants qui ont des reconnaissances de handicap et qui ont une notification d'aide humaine. Il n'y a pas assez d'AESH car le métier n’est pas attractif. Le rectorat saupoudre des accompagnements. Effectivement, le nombre d'élèves non accompagnés a considérablement diminué dans notre académie, mais quand on creuse, on voit que des élèves peuvent être accompagnés une demi-heure ou 1 heure. Le handicap, c'est tout le temps. L'institution se dégage de ses responsabilités en assurant que les élèves notifiés sont accompagnés. C'est une honte parce qu'on ne met pas les moyens à la hauteur des enjeux”.  

Un désavantage pour les familles populaires ?

La CGT appuie : “Oui à l'inclusion, oui à l'école inclusive, mais dans des conditions qui le permettent. Actuellement, c'est un tri social puisque ce sont les familles de classes populaires qui sont les plus atteintes par cette carence et qui en font les frais. Les familles de classes supérieures, elles, peuvent organiser l'accompagnement de leurs enfants en dehors dans le libéral.” Tous prennent avec des pincettes les promesses de la ministre de l'Education actuelle Elisabeth Borne qui annonce la création de 2 000 postes et 10% sur les salaires. Selon eux un simple saupoudrage en attendant un vrai statut de fonctionnaire. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information