Accidents, imprudence des automobilistes, et comportements agressifs : la sécurité des cyclistes est de plus en plus menacée sur les routes. Entre blessures graves et situations stressantes, certains jeunes passionnés de vélo ne sont pas passés loin du drame. Ils racontent.
Bons pour la casse. Ce mercredi-là, à l’entraînement d’un club cycliste à Clermont-Ferrand, Nino et Maxandre ramènent ce qu’il reste de leurs vélos. "La roue arrière est complètement explosée", montre Maxandre. "Le rayon est en lambeaux. Tout le côté droit a été râpé". Nino a vécu la même mésaventure : "J’arrivais en descente. Le conducteur de la voiture a été ébloui par le soleil. Il ne m’a pas vu et il a tourné. Ma roue avant est complètement cassée".
“Ça aurait pu être pire"
Ce cadre cassé net témoigne de la violence de l'impact. L'accident a eu lieu en juin dernier. Nino a passé une nuit à l'hôpital. Il mettra deux mois avant de pouvoir remonter sur son vélo. "Je ne pensais pas que ça pourrait être aussi grave", confie-t-il.
Maxandre, quant à lui, porte encore les stigmates de son accident. Sa mâchoire a été fracturée. Il n'a aucun souvenir de sa chute. “Quand j’ai vu l’état du vélo, je me suis dit que ça aurait pu être pire, analyse l’ado, avec du recul. Aujourd’hui, je vais mieux. Comme je ne me souviens plus du choc, je n’ai plus d’appréhension. J’ai surtout hâte de remonter sur le vélo."
Le sentiment d’invulnérabilité qu’on a à 15 ans est parfois salutaire. Début novembre, Maxandre est en plein entraînement. Sur une route départementale très fréquentée, près de Clermont-Ferrand, il roule aux côtés de Guillaume, l'encadrant du club. Une voiture arrive dans leur dos et dévie de sa voie. Guillaume raconte : "On était sur la piste cyclable. On a été pris par la voiture et projeté vers le contrebas. Mon collègue et moi avons fini dans le champ."
Guillaume a d’abord eu très peur pour l’adolescent. Mais lui aussi est touché à la clavicule. "À ce moment-là, je ressens de grosses douleurs. Je ne sais pas si je peux me relever. Beaucoup de gens s’arrêtent, il y a eu beaucoup de stress."
“Ils croient qu’ils ont droit de vie ou de mort sur vous”
Pour sortir de l’agglomération, les cyclistes sont parfois contraints d’utiliser ces grands axes. Même sur une bande cyclable, le danger est permanent. Semaines ou week-ends, peu importe. Joël et Hervé ont été percutés par un 4x4 lors d’une sortie loisirs. "La première réflexion du conducteur a été : ‘Bien fait pour votre gueule, ça devait arriver’, se souvient Joël, un cycliste amateur. Il n’éprouvait aucun remords. Pour moi, c’est intolérable."
Ces cyclistes sont conscients de ne pas toujours être irréprochables. Ils déplorent toutefois l’attitude de certains automobilistes. "Aujourd’hui, si vous énervez les gens parce que vous êtes différents d’eux, ils croient qu’ils ont droit de vie ou de mort sur vous, souligne Guillaume. Pour moi, c’est un sentiment nouveau. On ne voyait pas ça sur les routes avant. Cela fait 36 ans que je fais du vélo, je n’ai jamais vu ça."
Plusieurs victimes ont déposé plainte à la gendarmerie. Des enquêtes sont en cours. En attendant, le club a pris des mesures pour renforcer la sécurité des jeunes, comme le port de lampes. Il appelle également les automobilistes à plus de vigilance, même dans les gestes les plus simples. Il y a quelques jours, le champion belge Remco Evenepoel se prenait à pleine vitesse une portière de voiture ouverte sans précaution. Sur un vélo, tout le monde est fragile.
Propos recueillis par Stéphane Trentesaux / France 3 Auvergne.