“Ce sont des machines à cash” : les voitures radars privées arrivent en 2025 en Auvergne-Rhône-Alpes

Leur arrivée est loin de faire l’unanimité : les voitures radars privatisées circuleront en Auvergne-Rhône-Alpes en 2025. Autrefois conduites par des gendarmes ou des policiers, ces voitures seront désormais utilisées par des chauffeurs privés, pour les faire rouler plus souvent.

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Le marché public a été finalisé en décembre : les voitures équipées de radars mobiles seront désormais conduites par une société privée et non plus par des gendarmes ou des policiers en Auvergne-Rhône-Alpes et en région PACA. Sur les 21 départements concernés, la société Mobiom a remporté l’appel d’offres. Ses chauffeurs piloteront donc les voitures-radars. Ces véhicules seront modifiés avant d’être confiés au prestataire, qui assurera uniquement la conduite. Ils restent une propriété de l'État et leur utilisation est encadrée. Les données issues de ces contrôles sont traitées par des policiers ou des gendarmes en charge de la verbalisation. Ce sont eux qui dresseront les PV et décideront de l'envoi d'une contravention.

Des opposition fermes

Pierre Chasseray, président de l’association 40 millions d’automobilistes, est fermement opposé à l’utilisation des voitures-radars par des conducteurs : “C'est une mascarade. Faire conduire ces véhicules par des sociétés privées pour faire baisser la vitesse est un non-sens. C’est la présence des forces de l'ordre qui est dissuasive ! Quand on voit une voiture de gendarmerie, on abaisse notre vitesse. Il ne faut pas les cacher, au contraire. Il faut les montrer. De plus, en faisant appel au privé, le message qu'on envoie aux Français est catastrophique. C'est dessiner un trait d'union entre radars et argent.” 

Pas d'interpellation possible des mauvais conducteurs

Les conducteurs ne pourront donc pas arrêter ou interpeller les contrevenants, seulement les flasher. Cela pose question, pour Pierre Chasseray : “C'est une catastrophe. Ce sont des machines à cash mais ce sont surtout des grands ennemis de la sécurité. Ces prestataires privés ne peuvent pas vous arrêter sur la voie si vous êtes alcoolisés par exemple. Si je prends la voiture, alcoolisé, en ayant aussi consommé de la cocaïne, je suis un danger public. Si je croise cette voiture radar, je deviens un bon conducteur parce que je roule à 80 km/h sur une route à 90 ? Le conducteur de la voiture radar n'aura même pas le droit de m’arrêter ni de constater l’infraction.” 

Des marges supérieures aux autres radars

En effet, ces radars sont conçus pour cibler les conducteurs responsables de grands excès de vitesse : la marge technique de ces radars est de 10 km/h pour les limitations de vitesse inférieures à 100 km/h et de 10 % pour les limitations de vitesse supérieures à 100 km/h (contre 5 km/h et 5% pour les autres radars de contrôle de la vitesse). Ainsi, seront flashés les véhicules roulant à partir de 146 km/h sur autoroute, 124 km/h sur une voie express ou 61 km/h en agglomération par exemple. 

Des parcours prédifinis

Ces radars mobiles se déplaceront exclusivement sur des parcours définis par l'État, dans chaque département, en accord avec les collectivités locales. Seront ciblées toutes les routes et axes jugés accidentogènes, sur lesquelles des contrôles sont nécessaires. Le préfet ou la préfète de chaque département aura pour mission de déployer le dispositif en fonction des besoins locaux. Par exemple dans le Puy-de-Dôme, la définition du parcours des voitures radars est en cours de réflexion au sein de la préfecture. On ignore, pour l’heure, la date précise où ces véhicules entreront en circulation. Un flash infrarouge invisible à l’œil nu est utilisé. 

Libérer du temps aux forces de l'ordre

Le but de la manœuvre est de libérer du temps aux forces de l'ordre pour leur permettre de se consacrer à d'autres sujets, notamment les contrôles d'alcoolémie ou de stupéfiants. Mais pour Pierre Chasseray, cet argument n’est pas convaincant : “Les contrôles de stupéfiants par les agents demandent un temps colossal. Ce temps colossal, ce ne sont pas les voitures radar qui vont le libérer. Ce temps supplémentaire, les forces de l'ordre vont aussi l’utiliser pour d'autres missions, pas forcément pour des missions de sécurité routière.” Cela devrait également permettre d’exploiter davantage les véhicules, qui étaient peu utilisés en raison de toutes les missions que doivent assurer les forces de l'ordre. Ces radars mobiles circuleront donc plus fréquemment. Comme pour le parcours, chaque département arrêtera la fréquence de circulation des radars. Les véhicules pourront, quant à eux, circuler indifféremment dans les départements concernés.   

8 régions déjà équipées

Les voitures radars à conduite externalisée couvrent déjà 8 régions du territoire métropolitain : Normandie, Bretagne, Pays-de-la-Loire, et Centre-Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine, Bourgogne-Franche-Comté, Grand-Est, Hauts de France. Pour l’heure, 55 départements disposent donc déjà de ces voitures radars à conduite externalisée. Au total, 110 voitures radars parcourent les routes, dont 50 conduites par des forces de l’ordre et 60 par des opérateurs suivant des itinéraires prédéfinis. “Y a-t-il eu une réduction du nombre de tués depuis qu'elles circulent ? Non”, martèle Pierre Chasseray. 

Faire baisser la vitesse 

Le ministère de l’Intérieur rappelle que la vitesse est un facteur aggravant en matière de sécurité routière et se défend de mettre en place ce dispositif pour remplir les caisses. Pierre Chasseray est indigné : “Ce n'est pas la baisse de la vitesse qui réduit le nombre d'accidents, mais la réduction du différentiel de vitesse entre les usagers. Or, ces voitures radars sont beaucoup plus génératrices de dépassement de limitation de vitesse parce qu'elles vont se placer à 80 km/h sur une route à 90. Une majorité va considérer que cette vitesse est trop basse et va donc doubler. Par effet de vases communicants, cela peut faire augmenter le nombre de manœuvres dangereuses. C’est également générateur de flashs. Ce qu’il faut, selon moi, c’est faire en sorte que tous les usagers roulent à peu près à la même vitesse.”  

Pas de but lucratif

Mais l’Etat se défend de toute motivation financière. D’ailleurs, les conducteurs privés ne seront pas rémunérés en fonction du nombre d’infractions car aucun compteur n’est installé à bord des véhicules. Leur rémunération dépendra du nombre de kilomètres effectués. Cette distance parcourue est plafonnée, tout comme le temps de conduite journalier, limité à 8 heures par jour. Selon les chiffres du ministère, le budget consacré à l'insécurité routière et les recettes des radars sont sans commune mesure. L’insécurité routière en France coûte chaque année environ 50 milliards à l’Etat et les amendes délivrées par les radars dégagent moins d'un milliard.

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