Clermont-Ferrand : pourquoi des agriculteurs vendent des burgers à 2 euros place de Jaude

Mercredi 3 mars, des agriculteurs manifestent dans le centre-ville et place de Jaude à Clermont-Ferrand. Parmi leurs actions, la vente des burgers à 2 euros afin de défendre leur « souveraineté alimentaire ».

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Avec leurs tracteurs qui ont défilé dans le centre-ville de Clermont-Ferrand, les agriculteurs ne sont pas passés inaperçus ce mercredi 3 mars. A l’appel de deux syndicats, les Jeunes agriculteurs (JA) et la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), ils étaient environ 80 à se retrouver dans un premier temps devant la préfecture du Puy-de-Dôme, en milieu de matinée. Ils sont arrivés dans la capitale auvergnate sous la surveillance de forces de l'ordre venues en nombre.
 

Ils ont d’abord déversé du fumier et de la laine devant la préfecture du Puy-de-Dôme.
 

Pour une plus juste rémunération

Les agriculteurs entendent demander une plus juste rémunération. Sabine Tholoniat, agricultrice à Thiers et présidente de la FNSEA du Puy-de-Dôme, explique : « On s’est mobilisés car on en a ras-le-bol. Les prix ne sont pas rémunérateurs. Il y a une négociation de la Politique agricole commune (PAC) et on ne se sent pas du tout entendus ni soutenus. Ca faisait longtemps qu’on n’était pas descendus sur Clermont-Ferrand car il y avait des mesures sanitaires. On a déversé de la laine car les producteurs de moutons ne trouvent pas de débouchés pour vendre leur laine depuis 2 ans. Il faut que l’Etat prenne la mesure des choses. Le malaise est chez tous les agriculteurs ».

Ca fait 7 ans que je suis installé et j’arrive tout juste à me sortir un salaire

Les agriculteurs sont venus de tout le département du Puy-de-Dôme afin de défendre leur « souveraineté alimentaire ». Cédric Girodet, agriculteur dans le nord du département du Puy-de-Dôme, indique : « Les raisons de notre présence sont multiples. La première raison concerne les prix. Le problème est qu’on n’arrive pas à vivre de notre métier et que nos produits ne sont pas payés à leur juste prix. La loi Egalim avait été faite par le gouvernement pour reconnaître les coûts de production mais elle n’est pas appliquée. Travailler à perte n’est pas un but. Financièrement ma situation est très compliquée. Sur certaines productions je travaille à perte. Ca fait 7 ans que je suis installé et j’arrive tout juste à me sortir un salaire. Il y a tous les ans de nombreux suicides d’agriculteurs, souvent pour des raisons financières ».

Toucher le grand public

Un peu plus tard, à la mi-journée, les agriculteurs ont organisé une vente de burgers à 2 euros.
 

La présidente de la FNSEA explique cette action : « On espère toucher le grand public en expliquant que nos coûts de production sont très faibles. On va vendre symboliquement les burgers qu’on va confectionner avec des produits locaux : du pain Jacquet, du steack Alt1886, de la raclette Montlait et des oignons de Limagne. On vend tout ça au prix de 2 euros pour montrer que c’est le prix de production qu’on a sorti de nos fermes. Ces produits suffisent à nous rémunérer. Quand vous payez le burger plus cher, ce sont les intermédiaires qui prennent de la marge ».

Julie, une cliente clermontoise venue acheter un burger, souligne : "C'est une manière de soutenir les agriculteurs. Il faut rémunérer les agriculteurs au juste prix si on veut conserver notre gouvernance et notre modèle agricole français, qui est le plus durable dans le monde". Emy, une autre cliente ajoute : "J'ai entendu parler de l'opération et j'ai trouvé ça super intéressant. Autour de nous, il n'y a que des chaînes de distribution, donc pour une fois que les agriculteurs sont  là, autant en profiter. En plus ce n'est pas cher, pour nous qui sommes étudiants. Là je suis choquée par les coûts indiqués. J'aimerais qu'on ait plus les moyens de manger local". Dans la longue file d'attente pour obtenir son burger, Alexandre précise : "On a vu cette initiative de paysans qui vendaient ces burgers à 2 euros. Dans un fast-food, les burgers sont à 4 euros. Avec 2 euros, on soutient une cause qui nous tient à coeur.  C'est quelque chose de très bien. Seul petit bémol, il y a la queue mais ça vaut le coup".
 

Corinne, secrétaire de la FNSEA, est un peu débordée par le succès de l'opération : "On ne pensait pas avoir autant de monde. On avait prévu 400 burgers et ça part très très vite. Les gens sont contents et nous soutiennent".
Les agriculteurs veulent également alerter sur le renouvellement des générations compromis, selon eux, par la politique actuelle : près d’1 exploitant sur 2 partira à la retraite d’ici 10 ans, soit 3 200 chefs d’exploitations dans le Puy-de-Dôme, alerte la FNSEA.

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