« Il faut remobiliser les élèves pour qu’ils reviennent dans leurs établissements », c’est le message du recteur de l’académie de Clermont-Ferrand. La réouverture des lycées à partir du 2 juin se prépare mais les parents et les syndicats d’enseignants se posent des questions.
Après l’annonce de la réouverture des lycées à partir du mardi 2 juin par le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, les établissements se préparent. Dans l’académie de Clermont-Ferrand, cela concerne 54 lycées généraux et technologiques et 28 lycées professionnels, publics et privés, soit au total 28 000 élèves.
"La majorité des lycées doit rouvrir la semaine prochaine"
Les lycées de Monistrol-sur-Loire en Haute-Loire, Murat dans le Cantal, Amédée Gasquet à Clermont-Ferrand, Germaine Thillion à Thiers… Karim Benmiloud, recteur de l’académie de Clermont-Ferrand cite ces exemples pour dire qu’il est confiant. « Une grande majorité de lycées va rouvrir dès la première semaine de juin ». Bien-sûr, tous les élèves ne pourront pas être accueillis en même temps, au regard du protocole sanitaire en vigueur pour lutter contre le coronavirus Covid 19. « Prioritairement, et selon l’appréciation des chefs d’établissement et des enseignants, ce sont les classes de 2nde et de terminale qui seront accueillies en priorité ». Les élèves de 2nde parce qu’il y a un enjeu d’orientation : ils doivent confirmer leurs choix de spécialités pour l’année prochaine. Et les élèves de terminale « tangents », ceux qui doivent être soutenus pour passer les oraux de rattrapage du baccalauréat.
Les masques sont arrivés
Le protocole sanitaire est le même que celui, très strict, établi lors de la première phase de déconfinement en mai avec la réouverture des écoles et des collèges pour les élèves de 6e et 5e. Obligation de se laver les mains à l’entrée dans l’établissement, sens de circulation, distance d’au moins un mètre entre élèves, pas de brassage entre groupes et… masques obligatoires dans les collèges et les lycées pour les personnels et pour les élèves. « Des masques jetables et d’autres réutilisables nous ont été fournis par l’Education nationale, rassure le recteur, un nombre colossal afin que chacun dispose de deux masques par jour ».
Quid des cantines et du ramassage scolaire ?
« Nous avons les mètres carrés suffisants, les enseignants et les structures », assure Karim Benmiloud. Mais qu’en est-il pour les restaurants et les transports scolaires ? Il faut s’attendre à une réouverture progressive des cantines et des selfs, répond t-il. « Les discussions avec la Région, autorité organisatrice, sont en cours, mais l’expérience de ces derniers jours dans les collèges montre qu’il est possible de servir des repas, et même des repas chauds la plupart du temps, dans le respect des règles sanitaires ».
Pour le ramassage scolaire, là aussi, le retour d’expérience est positif. En condamnant un siège sur deux dans les bus scolaires et en rendant le port du masque obligatoire, les choses se sont bien passées.
« L’année scolaire n’est pas terminée ! »
Pour le recteur, la tonalité est rassurante, la situation est en train de se normaliser petit à petit, mais son souci principal aujourd’hui est de remobiliser les familles et les élèves. « Nous allons accueillir le plus d’élèves possible, il faut les convaincre pour qu’ils reviennent en grande majorité physiquement dans leurs établissements. L’année n’est pas terminée ! ». Un appel insistant alors qu’il constate que, de l’école maternelle aux classes de 5e en collège, jusqu’ici les groupes d’élèves accueillis sont loin d’être complets (dans la limite de 15 élèves qu’impose le protocole sanitaire).
Une rentrée progressive selon les contraintes de chaque établissement
Côté syndical, cette reprise n’est pas une surprise. « Les établissements s’y sont préparés, reconnait le secrétaire académique du SNPDEN, le syndicat des personnels de direction de l’Education nationale, mais chacun fera comme il peut, avec beaucoup de prudence et en respectant le protocole sanitaire ». Le syndicat des chefs d’établissement n’est pas opposé à ces réouvertures mais estime qu’il faut du temps pour assurer un accueil des personnels et des élèves dans de bonnes conditions. Richard Commeau, par ailleurs principal du collège Pierre et Marie Curie d’Aubière dans le Puy-de-Dôme, prend le cas de son établissement de 800 élèves : « A partir du 8 juin, nous accueillerons tous les élèves un jour sur deux, à l’exception du mercredi, journée consacrée au ménage. Le retour sera progressif. Nous accueillerons les 3e à partir du jeudi 4 juin, par demi groupe ; les 4e, eux, ne reviendront que le 8 juin et pas plus de 15 élèves par classe dans tous les cas ».
La CGT éducation opposée à cette reprise en juin
« Nous n’avons pas les capacités d’accueillir tous les élèves en respectant le protocole sanitaire », estime pour sa part Sophie Brutus, co-secrétaire de la CGT Education du Puy-de-Dôme. Elle n’hésite pas à parler de « rentrée précipitée », de l’utilisation des établissements scolaires pour faire de la garderie et permettre aux parents de reprendre le travail. « Le Premier ministre se dédouane de sa responsabilité, chaque établissement fera à sa sauce », dit-elle. La CGT réclame des moyens supplémentaires, surveillants, agents d’entretien, enseignants, mais aussi des tests systématiques pour le personnel afin de pouvoir reconnaitre le coronavirus comme une maladie professionnelle. Le syndicat invoque le droit de retrait lorsque la sécurité n’est pas assurée.
« La reprise oui, mais dans quelles conditions ? »
Pour les parents d’élèves, cette réouverture généralisée des écoles, collèges et lycées est « plutôt une bonne chose », même si Sarah Gheeraert , présidente de la FCPE du Puy-de-Dôme s’interroge. « Le protocole sanitaire très strict va-t-il permettre d’accueillir tout le monde ? Qu’en est-il du périscolaire ? Ça semble être au compte-goutte et selon les villes. Ça va être compliqué pour les emplois du temps des parents dont les enfants retourneront en cours par alternance". La représentante des parents parle d’une situation « inextricable ». « La reprise oui, mais dans quelles conditions ? », se demande-t-elle. « Socialement, tout le monde a besoin de cette reprise et de voir autre chose ».
En tous cas, comme le dit Richard Commeau, le principal du collège d'Aubière, cette deuxième phase du retour des élèves représente un nouveau challenge pour l'Education nationale et ses personnels après la première étape de déconfinement, le mois dernier.