À l’instar d’autres hommes politiques, le député communiste du Puy-de-Dôme André Chassaigne a décidé de quitter le réseau social X (ex-Twitter). En Auvergne, il n’est pas la seule figure à s’interroger sur la pertinence de rester sur ce canal de communication.
Sa décision est prise. Lundi 20 janvier, André Chassaigne, président du groupe Gauche Démocrate et Républicaine à l’Assemblée nationale et député communiste du Puy-de-Dôme, quittera le réseau social X (ex-Twitter). Il emboîte le pas au mouvement “HelloQuitteX”, qui encourage à quitter ce réseau social le jour de l’investiture de Donald Trump. Ce collectif français se décrit comme « un mouvement transpartisan et apolitique qui aide les citoyens à se réapproprier des espaces numériques compatibles avec des démocraties fonctionnelles ». Le député communiste indique : “Je quitte X lundi. Ce réseau est le bras armé d’Elon Musk, qui multiplie les ingérences dans différents pays du monde pour porter une idéologie nauséabonde, une idéologie d’extrême droite populiste. Je ne veux pas alimenter cet individu par des communications. Je ne veux pas manger dans la main d’Elon Musk”.
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André Chassaigne, député communiste du Puy-de-Dôme
En quittant X, André Chassaigne opte pour Bluesky et milite pour des réseaux sociaux plus éthiques : “Il faut des réseaux sociaux indépendants, ou du moins qui ont un protocole qui permet l’indépendance de ceux qui en sont les supports, avec une possibilité d’intervenir pour bloquer des communications inacceptables”. Dès lundi, il ne sera plus sur X et dira adieu à plus de 23 700 abonnés. Une décision facile à prendre selon lui : “À vrai dire, j’utilisais très peu X. J’ai toujours considéré ce moyen de communication comme un machin. Je travaille davantage à l’ancienne. Ça me pose moins de difficultés que pour ceux qui ont des centaines de milliers d’abonnés".
Des socialistes qui s'interrogent
Christine Pirès-Beaune, députée (PS) du Puy-de-Dôme, s’interroge elle aussi. Elle se range derrière une décision de l’ensemble du groupe socialiste : “On a prévu d’aborder ce sujet lors d’une prochaine réunion de groupe la semaine prochaine pour avoir une réflexion collective, et peut-être quitter X en même temps. Si on quitte un réseau, c’est qu’on en n’est pas tout à fait satisfait. Il y aussi la personnalité d’Elon Musk et le fait qu’il n’y a pas de régulation. C’est gênant”. La socialiste aux 9000 abonnés nuance l’utilité du réseau social X : “X est utile non pas par rapport à mes électeurs mais par rapport au réseau, notamment de journalistes”.
Une absence de fact-checking qui déplaît
Rester sur X ou partir, c’est aussi un dilemme pour Nicolas Bonnet, député (EELV) du Puy-de-Dôme. Sa décision n’est pas encore prise. Il compte un peu plus de 2 000 abonnés sur X et indique : “Dans l’absolu, je ne cautionne pas du tout l’évolution du réseau et le fait qu’il n’y ait plus du tout de fact-checking ni de régulation des propos. Je n’ai pas encore tranché. L’hypothèse la plus forte serait de suspendre le compte sans le supprimer. La moins forte serait de continuer à poster mais en faisant systématiquement des renvois vers d’autres réseaux sociaux”. Il envisage aussi de continuer à poster sur X mais en retard par rapport à d’autres réseaux. Pour le député écologiste, Bluesky constitue une bonne alternative, même s’il appelle à un “besoin de régulation sur les réseaux sociaux”.
Un plaidoyer pour une régulation
La régulation des réseaux sociaux, c’est l’un des souhaits de Delphine Lingemann, députée MoDem du Puy-de-Dôme. Elle ne quittera pas X mais souhaite une loi pour mieux encadrer ces outils de communication : “Je pense qu’il faut réfléchir sur une évolution globale de la législation sur les réseaux sociaux. Je compte rester sur X car je n’ai pas envie que cela devienne un entre-soi d’extrême droite. J'ai envie de porter une parole différente sur ce réseau”. La députée centriste aux 2 000 abonnés sur X insiste sur l’utilité de ce canal : “Au début je trouvais que c’était un outil de communication utile parce que de nombreux journalistes y vont chercher des réactions”. Elle s’inquiète des dérives des patrons de X ou de Facebook : “Je ne partage pas les positions d’Elon Musk mais je pense qu’il faut réfléchir collectivement à faire évoluer la législation sur X mais aussi sur TikTok, où il y a des dérives. Pour Facebook, les déclarations de Mark Zuckerberg ne sont pas non plus très encourageantes. La réponse collective peut se faire au niveau européen”.
"Je suis pour qu’on s’interroge sur ces réseaux sociaux", déclare le maire de Vichy
Frédéric Aguilera, maire (LR) de Vichy, n’a pas du tout l’intention de quitter X : “Je reste pour une raison simple : c’est un réseau qui est autorisé. De plus, si on commence à vouloir quitter tous les réseaux qui posent un problème, d’ordre éthique ou juridique, il faut aussi quitter TikTok, s’interroger sur Facebook qui vient d’annoncer la fin du fact-checking. Je suis pour qu’on s’interroge sur ces réseaux sociaux”. Très actif sur X, il compte près de 8 000 followers.
Le maire de Vichy ne communique pas de la même façon sur X ou sur Facebook car les publics sont différents :“Tous les réseaux sociaux sont indispensables avec des communautés différentes. Sur X le ton est plus politique, plus national et permet de délivrer un certain nombre de messages courts. Il faut veiller à avoir une certaine éthique. Il faut aller sur des espaces numériques où des gens ne pensent pas comme nous”.
"On préfère Instagram et Facebook pour la collectivité", pour le maire de Châtel-Guyon
Dans le même camp politique, Frédéric Bonnichon, maire (LR) de Châtel-Guyon, fait aussi le choix de rester sur le réseau d’Elon Musk : “Pour l’instant je reste sur X. Je suis sur la version gratuite et je ne basculerai pas sur la version payante. C’est plus un réseau de relations extérieures. Ce n’est pas un réseau important de communication pour la collectivité. On préfère Instagram et Facebook pour la collectivité”. Avec 3 600 abonnés sur X, il poursuit : “On peut s’interroger au sujet de tous les médias. Ils appartiennent tous à quelqu’un et à un moment donné, cela peut poser question. À court terme, je reste. Je suis prudent. Je reste aussi pour ne pas laisser que les extrêmes sur ce réseau”.
Samedi 18 janvier, Roland Lescure, vice-président (Ensemble pour la République) de l’Assemblée nationale, a annoncé qu’il quittait X. Il a appelé les personnalités politiques à suivre son exemple mais le mouvement a, pour l’heure, fait peu d’émules.