Nuits tropicales, disparitions d’animaux, orages intenses : les conséquences du changement climatique en Auvergne

L’année 2024 sera la plus chaude sur la planète. Le réchauffement climatique s’accentue et il est probable que l’on dépasse les 1,5°C prévus dans les accords de Paris. En Auvergne, les conséquences sont déjà visibles et les impacts seront aussi de plus en plus importants à l’avenir, si rien n’est fait aujourd’hui.

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En Auvergne, le changement climatique se révèle de plus en plus. Sur les 30 dernières années, avec la mise en place de relevés, la température n’a cessé d’augmenter. « Entre 1991 et 2020, on a une augmentation d’1,3°C. Il est possible qu’en 2024, on batte le record de température moyenne annuelle sur l’Auvergne et même sur la France. On a eu 3 des années les plus chaudes jamais observées », dénonce David Marchal, référent territorial Météo France.

Des espèces en danger

Moins visible mais aussi dévastateur : la disparition silencieuse des insectes. Leur effondrement est en partie dû à l’urbanisation, les pesticides et l’agriculture intensive mais aussi au changement climatique. Certains insectes ont besoin de températures froides pour se développer. François Fournier, entomologiste - spécialiste des papillons, explique : « Un des exemples les plus emblématiques pour notre région, c’est l’Apollon. Moi, quand j’ai commencé, je le trouvais à 600 ou 700 mètres dans les vallées des Couzes. Maintenant, il est au-dessus de 1 300 ou 1 400 mètres dans le Sancy. A priori, il est condamné. » Avec les chaleurs plus fréquentes, d’autres vont faire leur apparition, comme ce papillon : l’azuré de la Faucille. « Par rapport à ce que j’ai connu enfant, on a des espèces dites méditerranéennes ou subméditerranéennes qui sont apparues en Auvergne. Maintenant, ce papillon est partout. C’est un des papillons qui est devenu, en 20 ans, le plus courant », précise François Fournier.

Les poissons ont chaud

Beaucoup d’espèces n’ont pas le temps de s’adapter, comme les poissons. Les associations et la fédération de pêche ont posé 140 sondes thermiques dans des rivières. Luc Bortoli, fédération départementale de pêche 63, indique : « On utilise la sonde qui enregistre la température des cours d’eau toutes les heures. On constate la même augmentation de température dans l’eau que dans l’air. Il faut savoir que les poissons sont des animaux qui ne régulent pas leur température corporelle. En général, les espèces patrimoniales comme l’ombre commun ou la truite farios sont des espèces inféodées à des milieux froids. Elles ont tendance à se déplacer vers l’amont où l’eau est plus froide. » Les températures chaudes sont aussi à l’origine d’une maladie rénale proliférative. Elle tue 80% des alevins lorsque l’eau dépasse 15°C pendant 15 jours.

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L’année 2024 sera la plus chaude sur la planète et en Auvergne. Le réchauffement climatique s’accentue et il est probable que l’on dépasse les 1.5 degrés prévus dans les accords de Paris. Les conséquences sont déjà visibles et les impacts seront aussi de plus en plus importants à l’avenir si rien n’est fait aujourd’hui. ©R.Ho A Chuck/B.Livertoux/T.Maggio/France 3 Auvergne

Les seuils créés pour les besoins de l’homme sont aussi responsables du réchauffement des rivières. Luc Bortoli ajoute : « Par exemple, on a un seuil qui alimente en eau un ancien moulin. En amont, l’eau stagnante se réchauffe beaucoup plus rapidement. Sur les secteurs influencés par des seuils, la température augmente d’1,7°C alors que sur les secteurs non influencés par des obstacles à l’écoulement, en 10 km entre l’amont et l’aval, on a une augmentation de 0,7°C. »

La météo change

Le réchauffement climatique continue d’augmenter et les impacts à l’avenir seront plus importants, notamment avec des nuits tropicales plus fréquentes et des orages importants. David Marchal, référent territorial Météo France, explique : « Ces nuits tropicales n’existaient pratiquement pas dans les années 80 – 90, les nuits où la température minimale est supérieure à 20°C. Ces nuis tropicales vont exploser, si bien qu’à Clermont, on pourra avoir jusqu’à 30 nuits tropicales par an en moyenne à la fin du siècle. Avec le changement climatique et la température qui augmente, la possibilité de pluies fortes va augmenter. C’est ce qu’on observe avec des orages plus pluvieux et plus marqués. » Les gestes citoyens restent toujours utiles pour diminuer les gaz à effet de serre et les politiques aussi ont un rôle à jouer en aidant à la transition énergétique avec des lois plus renforcées.  

-Propos recueillis par Romy Ho-A-Chuck pour France 3 Auvergne

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