Mardi 4 février, des agents du secteur du nettoyage et de la propreté sont appelés à la grève dans toute la France. À Clermont-Ferrand, certains dénoncent des salaires trop bas et des conditions de travail qui se sont dégradées.
C'est une première dans le Puy-de-Dôme : à l'appel de la fédération nationale CGT, tous les agents du secteur du nettoyage et de la propreté sont appelés à cesser le travail ce mardi 4 février. Il s’agit d’un mouvement national. Naïma Gourad, chef d’équipe, agent de nettoyage, fera partie des grévistes. Âgée de 64 ans, elle fait le ménage depuis 27 ans. À temps plein, elle touche1 500 euros brut, seulement si elle réalise des heures supplémentaires. Elle dénonce une dégradation de ses conditions de travail : “En tant qu’agent de nettoyage, on est exploités. Les conditions de travail sont pitoyables. On nous enlève des heures, en augmentant les surfaces à réaliser. Notre métier n’est pas reconnu”. Elle aimerait être mieux payée : “Les salaires sont bas par rapport à ce qu’on fait. J’ai des collègues qui ont des contrats de deux heures par jour, donc le salaire n’est pas conséquent”.
"On est les travailleurs de l’ombre"
Selon Naïma, la situation s’est dégradée depuis quelques années : “Avant, on était mieux payés que maintenant. Je travaillais pour une société qui avait un contrat avec le CHU de Clermont-Ferrand. Nous étions deux personnes pour travailler pendant 7 heures sur un secteur. Maintenant, on est tout seul pour la même tâche”. Sa société ayant perdu le contrat avec le CHU de Clermont-Ferrand, elle a préféré partir. Elle confie : “Je travaillais de 17 heures à minuit. Je n’avais pas le choix car je devais ramener un salaire à la maison. On est les travailleurs de l’ombre. On n’a pas de vie”.
Des disparités salariales
Soumia Hadifi, déléguée du personnel CGT, alerte sur des conditions sociales et des rémunérations trop basses dans la branche : “Aujourd’hui, l’écart de salaire est immense entre un agent de maîtrise jusqu’à directeur, avec des salaires importants, et le petit personnel qui fait le ménage sur place et qui contribue à la prospérité de l’entreprise. On peine à finir les mois. On est payés au ras des pâquerettes”. Le syndicat demande une généralisation du 13e mois. Soumia Hadifi pointe du doigt la responsabilité des clients des sociétés de nettoyage : “Les entreprises, surtout dans le secteur public, quand elles lancent un appel d’offres vont vers le moins offrant. Des sociétés pratiquent des baisses de tarifs entre 10 et 35 % plus bas que le prix du marché. Le client est en partie responsable de la dégradation de ces conditions de travail car il va vers l’entreprise la moins offrante”.
Des clauses qualifiées d'abusives
Elle poursuit : “On a rajouté des clauses abusives dans le contrat de travail. Par exemple, un salarié qui travaille 5 heures par jour sur un chantier, une fois qu’on a diminué le prix du contrat, on va diviser son temps de travail. Il y a une clause qui stipule qu’on peut conserver le volume horaire mais pas les primes. On a le droit de bouger le salarié sur n’importe quel chantier, afin de conserver son volume horaire”. La déléguée syndicale insiste : “Avec la hausse du coût de la vie, on n’y arrive plus. Nos petits salaires ne suffisent pas. On peut travailler dans différentes entreprises, commencer à 5 heures du matin et finir à 21 heures. On peut travailler dans 3 ou 4 sociétés par jour. Il n’y a pas de prime de transport adéquate. Il faut souvent faire garder ses enfants et cela a un coût”.
Une profession à majorité féminine
Ces situations sociales précaires touchent moins les hommes car selon la CGT, 70% des agents de nettoyage sont des femmes. D’après le syndicat, le salaire moyen est à 11,79 euros brut de l’heure. Il dénonce le recours au temps partiel et la faible part des contrats à temps complet. “Le salaire moyen ne doit pas excéder les 500 euros par mois” rappelle Soumia Hadifi. Elle indique : “On attend une forte mobilisation demain. On a essayé de dissiper leur peur de faire grève car pour les agents, sacrifier une heure de travail est un luxe qu’ils ne peuvent pas se permettre”. À Clermont-Ferrand, deux rassemblements sont programmés ce mardi 4 février : à 10 heures devant Clermont Auvergne Métropole et à 16 heures devant le CHU Gabriel-Montpied.