"On nous met une cible dans le dos" : la colère des agents de l'OFB, la police de l'environnement

Une grève historique débute à l’Office français de la biodiversité (OFB) ce vendredi 31 janvier. À Clermont-Ferrand, une trentaine d’agents de cette police de l’environnement manifeste pour dénoncer “l'humiliation" et l'inaction de l'État.

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Une mobilisation sans précédent secoue l’Office français de la biodiversité (OFB). Ce vendredi 31 janvier, environ 3 000 agents, dont 1 700 inspecteurs de l'environnement responsables de faire respecter les réglementations sur la biodiversité, ont répondu à l'appel à la grève de leur intersyndicale. À Clermont-Ferrand, une trentaine d’agents s'est rassemblée devant la préfecture. Ils dénoncent une série de pressions croissantes, des intimidations et un manque de soutien de l'État.

Un manque de soutien 

Les inspecteurs de la biodiversité, ces agents de l’ombre souvent perçus comme des gendarmes de l’environnement, ont décidé de briser le silence. "On est stigmatisés depuis plus d’un an. On se sent pris en otage", fustige Thierry Maramont, représentant FO.

Les récentes déclarations du Premier ministre, François Bayrou, dans son discours du 14 janvier, ont été la goutte d’eau. Le 14 janvier, lors de son discours de politique générale, le chef du gouvernement avait estimé que « quand les inspecteurs de la biodiversité viennent inspecter le fossé ou le point d’eau avec une arme à la ceinture, dans une ferme déjà mise à cran par la crise, c’est une humiliation. C’est donc une faute ».

Mais pour les agents, cette interprétation est loin de la réalité. L’OFB a deux missions principales, souvent mal comprises, qui concernent tous les usagers de la nature. La première est une mission de contrôle administratif, confiée par le préfet, qui consiste à vérifier que les habitants respectent des mesures comme les restrictions d’usage de l’eau en période de sécheresse. La seconde est une mission de police judiciaire sous l’autorité du procureur de la République, visant à relever des infractions au Code de l’environnement, comme l’épandage de pesticides à proximité des cours d’eau ou le drainage de zones humides.

"On n’est pas là pour humilier. On fait notre travail, un travail qui repose sur des lois votées par les élus, pas sur nos envies personnelles", souligne Thierry Maramont. Selon lui, les accusations d’acharnement ou de violence à l’encontre des agriculteurs sont sans fondement. "Nous ne faisons que notre métier", souligne-t-il, agacé.

Il précise que les inspecteurs de l’OFB ne sont en aucun cas responsables de l’acharnement supposé contre certains agriculteurs. Selon lui, les contrôles sont minimes au regard du nombre d’exploitations agricoles en France : "Il y a 400 000 exploitations agricoles, et nous n’effectuons que 3 000 contrôles par an. Les agriculteurs ont une chance infime d’être contrôlés", précise-t-il.

Des menaces et agressions répétées

Au-delà de l’aspect professionnel, c’est une pression psychologique qui pèse sur les épaules des agents de l’OFB. Selon Thierry Maramont, les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, 75 cas d’agression ont été recensés, dont des menaces directes et des actes de vandalisme. “En 2024, à Lempdes, un portail de l'OFB a été brûlé pour nous intimider”, rapporte le représentant syndical. 

Le mouvement de grève est un cri du cœur, mais aussi un appel à la reconnaissance. Les agents exigent un soutien ferme du gouvernement, une prise en compte de leur réalité quotidienne et une garantie que leurs effectifs ne seront pas réduits. "Nous ne sommes pas des boucs émissaires", martèle Thierry Maramont. "Nous avons besoin que l’État nous défende et cesse de nous mettre une cible dans le dos. Nous ne sommes que les exécutants des lois et des décisions prises ailleurs". La trentaine de grévistes présents à Clermont-Ferrand va être reçue par la directrice du cabinet du Préfet. 

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