Plus d'une centaine d'agriculteurs de la FNSEA bloquent le dépôt de carburant de Cournon-d'Auvergne, dans le Puy-de-Dôme, depuis dimanche 10 juin, 21H30. Ils dénoncent les «incohérences" du gouvernement qui les force à respecter des normes auxquelles ne sont pas soumis certains produits importés.

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Rien ne doit entrer et rien ne doit sortir ! Devant le dépôt de carburant de Cournon-d’Auvergne, plus d’une centaine  d’agriculteurs de la FNSEA,  le principal syndicat agricole français, se sont installés dimanche 10 juin pour au moins 3 jours de blocage. Ce mouvement national vise à dénoncer les « incohérences » du gouvernement qui entend importer des matières premières, comme l'huile de palme, produites au mépris des normes auxquelles sont soumis les agriculteurs français.

Arrivés à 21h 30 sur le site pétrolier, les agriculteurs ont déversés des  gravats devant les différentes entrées du dépôt de carburant. Décidés à rester sur place plusieurs jours et plusieurs nuits, ils ont emmené avec eux de quoi se protéger des intempéries et se restaurer. Dès le lendemain, ce sont leurs collègues de la Haute-Loire qui prendront le relais. Puis viendra le tour des agriculteurs du Cantal, de l’Allier, de la Corrèze et de la Creuse. « La cible c’est le gouvernement. Le blocage des raffineries n’est qu’un support pour faire réagir le gouvernement », a rappelé David Chaume, président de la FNSEA du Puy-de-Dôme.

« La cible c’est le gouvernement. Le blocage des raffineries n’est qu’un support pour faire réagir le gouvernement », a rappelé David Chaume, président de la FNSEA du Puy-de-Dôme, lors du blocage du site pétrolier de Cournon, dimanche 10 juin.

 « On veut faire bouger les lignes », explique Rémi James, 23 ans, éleveur de Charolaises et de volailles à Espinasse,  dans le Puy-de-Dôme. Ce que redoute ce jeune agriculteur, c’est l’arrivée massive sur le marché de viande d’Amérique du Sud, produite dans des conditions sanitaires et environnementales qui n’ont rien à voir avec son mode d’élevage. « On va se retrouver en concurrence avec de la viande aux hormones et les consommateurs n’en sauront rien », explique-t-il.
 



"Il y a des accords internationaux en train de se faire, qui prévoient de laisser entrer des produits faits dans des conditions qui ne sont même plus imaginables en France ou en Europe", expliquait un peu plus tôt dans la journée le cantalien Patrick Benezit, secrétaire général adjoint de la FNSEA. "Nous ne sommes pas contre le libre-échange. Nous aussi nous exportons. Mais nous exportons avec nos normes, nous n’envoyons pas n’importe quoi." De fait, la FNSEA demande que les produits importés répondent aux mêmes standards de production que les produits français : "On ne peut pas entendre qu’il faut faire mieux, et voir défiler toutes ces importations sans contrôle. C’est insoutenable pour les agriculteurs."


 

Les agriculteurs, lanceurs d’alerte pour les consommateurs




En effet, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) ne pointent pas seulement du doigt l'importation d'huile de palme destinée à la production de bio-carburants. « 165.000 tonnes de viande bovine, 95.000 tonnes de viande porcine, 100.000 tonnes de volaille, ou encore 600.000 tonnes d'éthanol sont introduits dans le marché commun avec des distorsions sanitaires et environnementales", expliquait, pour justifier ce mouvement national, Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA.



S’il s’agit bien d’un mouvement national, ces agriculteurs auvergnats entendent défendre leur façon de travailler. En résumé : le modèle français.
« L’agriculture française est un patrimoine, au même titre que les châteaux de la Loire, par exemple. Il faut sauver ce patrimoine.On exploite encore des montagnes où les cachent broutent. Pour un financier, ce n’est pas rentable, mais c’est notre façon de faire de l’agriculture et on la défend. C’est de l’aménagement du territoire et c’est toute la beauté de l’agriculture et la beauté de la France », revendique Quentin Baumont, secrétaire général des JA du Puy-de-Dôme.

En bloquant le dépôt de carburant de Cournon-d'Auvergne, comme 12 autres sites pétroliers en France et ce, pendant au moins 3 jours, la FNSEA et les JA veulent aussi prendre à témoin et sensibiliser les citoyens-consommateurs.


Dans une tribune intitulée « Les agriculteurs, lanceurs d’alerte pour les consommateurs » publiée, dimanche en fin d’après-midi, Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA et Jérémy Decerle, président des Jeunes Agriculteurs, déplorent qu’agriculteurs et citoyens soient « trompés ».
« Les importations, qui ne respectent pas les normes françaises, sans étiquetage sur les conditions de production, sans contrôles suffisants aux frontières, et à prix cassés à coup de dumping, vont totalement à l’encontre de la demande des consommateurs de plus de traçabilité et de qualité. Plus grave encore, les produits se retrouveront dans la restauration collective ou dans les plats préparés avec un étiquetage trop souvent défaillant, voire inexistant. Le consommateur n’en aura aucune connaissance, tout comme il ignore que, déjà, 40% de la consommation française de poulet est importée ou qu’en 10 ans la part de fruits importés a augmenté de 67% », écrivent-ils.
 


 

Les raffineries et dépôts de carburant concernés par l'action de la FNSEA
  • Donges (Loire-Atlantique)
  • Gonfreville l'Orcher (Seine-Maritime)
  • Dunkerque (Nord)
  • Coignières (Yvelines)
  • Gennevilliers (Hauts-de-Seine)
  • Grandpuits (Seine-et-Marne)
  • Vatry (Marne)
  • Strasbourg
  • Cournon (Puy-de-Dôme)
  • Lyon et Feyzin (Rhône)
  • La Mède (Bouches-du-Rhône)
  • Toulouse
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