À Clermont-Ferrand, le trafic de drogue plonge certains quartiers dans la peur et l’insécurité. Plusieurs habitants, épuisés, appellent à des solutions urgentes. Marie, résidant au cœur de Clermont-Ferrand, a accepté de raconter son quotidien près d’un point de deal.
À Clermont-Ferrand, certains points de deal sont historiques : depuis des années, le quartier de la gare, Saint-Jacques, ainsi que la Gauthière sont réputés pour les trafics de stupéfiants. Mais ces réseaux se sont étendus à d'autres quartiers de la capitale auvergnate.
Depuis trois ans, les habitants de la rue Clos-Four, à proximité du stade Michelin, doivent cohabiter avec les dealers. De 11 heures du matin à minuit, la vie de quartier est rythmée par le trafic de drogue. Marie, une résidente, a accepté de témoigner à visage découvert et raconte son quotidien : "Ça se passe dans ce parc pour enfants. On leur a dit que ce n’était pas idéal, mais ils se sont installés seulement quelques mètres plus loin, derrière le portail".
"Je suis inquiète pour mes enfants"
Impuissante face aux dealers, Marion a sollicité le bailleur social de la résidence. Pour elle, la réponse reçue par mail ne correspond pas à ses attentes. "On me dit qu’il y a un passage régulier de la police, une présence de médiateurs deux heures par jour, et que tout dépend de la ville de Clermont-Ferrand et non du bailleur social."
Après huit ans de location, elle envisage de déménager. Il est hors de question de laisser ses trois enfants grandir dans cet environnement. "Je suis inquiète pour mes enfants. C’est embêtant de ne pas pouvoir les laisser jouer seuls dans une résidence en plein centre de Clermont-Ferrand avec un parc. Je ramasse souvent des seringues, des déchets, des excréments laissés par les gens. Ce n’est pas mon rôle, mais je n’ai pas le choix si je veux vivre dans un cadre de vie correct ».
Plusieurs actions de lutte menées
Face à ce fléau, Joël Mathurin, le préfet du Puy-de-Dôme, assure avoir mis en place des dispositifs pour démanteler les points de deal : "Il faut agir collectivement pour déstabiliser et déstructurer les réseaux de trafic de drogue. C’est ce que nous avons fait dès l’année dernière avec les opérations 'places nettes'. Nous allons renforcer ces opérations de harcèlement systématique et d’interpellations ; et, avec les autorités judiciaires, mener des affaires, c’est-à-dire interpeller les têtes de réseaux".
La pression ne s'exerce pas uniquement sur les vendeurs, mais aussi sur les consommateurs. "Nous avons multiplié par trois les amendes forfaitaires délictuelles", souligne le préfet. "Nous allons poursuivre cette action pour qu’il y ait une systématisation des amendes forfaitaires, afin que tous les consommateurs sortant des points de deal rencontrent des forces de la sécurité routière. Et s’il y a récidive, il faudra qu’ils se retrouvent devant la justice, car sans consommateurs, il n’y a pas de vendeurs".
Des solutions ont également été mises en place pour accompagner les riverains. "Avec Mme la procureure, nous avons instauré des groupes territoriaux de lutte contre la délinquance. Nous partons dans les quartiers concernés et allons à la rencontre des habitants. Il est important d’échanger avec les victimes pour qu’elles puissent faire entendre leur voix".
Excédés, comme Marion, par les dealers et les consommateurs, les riverains de la rue Clos-Four ont récemment formé un collectif.
Propos recueillis par Eloise Gerenton / France 3 Auvergne.