Témoignages. "J’ai toujours peur que ma chaise se casse" : une prise en charge innovante contre l'obésité

Publié le Écrit par Catherine Lopes et Anne-Claire Huet

Depuis plus d'un an, un nouveau pôle a ouvert au Pôle Santé République de Clermont-Ferrand : l'unité de nutrition et chirurgie bariatrique. L'idée est de prendre en charge les personnes souffrant d'obésité avant et après la chirurgie qui doit les aider à perdre du poids mais aussi à modifier leurs habitudes de vie.

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À 23 ans, Thomas pèse désormais plus de 120 kilos. Il est atteint d’obésité sévère. Sa maladie a débuté à l’adolescence. Thomas Sice raconte : “Très jeune, je faisais partie des enfants sportifs. Je faisais énormément de sport. Je participais à énormément de compétitions et de tournois de judo et de rugby.  Mais au bout d’un moment, il m’est arrivé beaucoup de choses. Mes parents ont divorcé et j’ai dû déménager à l’autre bout de la France ou presque. Cela a fait beaucoup de changements dans ma vie. Je n’avais pas forcément la tête à aller au sport. Quand on enlève le sport et que l’on garde une alimentation lourde, petit à petit le poids augmente”.  

Un quotidien difficile

Encouragé par sa mère, il a entamé un parcours pour se faire opérer. Une chirurgie pour perdre du poids, mais pas seulement. Ce jour-là, au Pôle Santé République de Clermont-Ferrand, il suit un atelier autour des croyances alimentaires animé par une diététicienne et une psychologue. Il s’agit de tordre le cou aux idées reçues, comme celles sur l’efficacité des régimes.

Pour Thomas, le quotidien est devenu un véritable parcours du combattant. Il explique : “Dans la vie de tous les jours, quand je m’assieds, j’ai toujours peur que ma chaise se casse. Quand je passe dans des endroits restreints, j’ai peur que quelqu’un me regarde à ce moment-là et se dise que je ne passe pas. J’ai peur qu’on dise que je suis trop gros et que je ne peux pas faire quelque chose. Ce n’est pas vraiment la peur du regard des gens mais plus ce que les gens pensent. Ils ne savent pas que je mène un combat très discret, qui est très caché. Ils ne savent pas comment on en est arrivé là. C'est dur de se battre contre l’obésité : c’est quelque chose qui est très compliqué mais faisable”.  

"On compensait par un peu de nourriture" 

Cette bataille contre les kilos en trop, Annie l’a menée toute sa vie. Cette femme de 65 ans tient à raconter son expérience aux patients en attente de chirurgie. Annie Sauvagnat précise : “Je me suis fait opérer il y a six mois. J'ai déjà 26 kilos de perte. Mon opération s’est passée à merveille. Avant, je ne parlais à personne de mon parcours, à part à mon mari et à mes enfants. Maintenant j’en parle tout le temps. Quand je vois des personnes qui n’ont pas le déclic, je leur explique”.

En surpoids depuis son enfance, Annie a pris quarante kilos pendant ses deux premières grossesses. Des kilos qu’elle n’a jamais perdus. Dans les moments difficiles comme l’incendie de sa maison, le sucre était devenu sa béquille. Elle confie : “Quand quelque chose n’allait pas, j’allais dans le placard qui va bien, avec les chocolats et les gâteaux. On se remplissait. On compensait par un peu de nourriture”. 

Une prise en charge globale

Comme Annie et Thomas, ils sont 500 à être suivis par l’unité nutrition et chirurgie bariatrique. Un terme barbare pour qualifier les deux principales opérations permettant de réduire la taille de l’estomac. Mais au-delà du geste technique, c’est tout un accompagnement qui est proposé au malade : ateliers de nutrition, entretiens psychologiques ou encore modification du mode de vie. Sébastien Lambert, médecin, rappelle : “Je pense que la chirurgie n’est qu’une toute petite partie de la prise en charge. C’est vraiment le petit coup de pouce mais sans le suivi, avant et après, il y a énormément de risques d’échec”.

Éviter la rechute 

Pour éviter toute rechute, la personne suit un parcours d’un an avant l’opération. Elle est revue en moyenne tous les trois mois après, car l’obésité est une maladie chronique. Sarah Béraud, psychologue, coordinatrice de l’unité nutrition et chirurgie bariatrique, insiste : “Dans tous les cas, on les suit à vie pour faire de la prévention de la rechute après cette opération. C’est pour éviter cette reprise de poids, avec un mal-être et des patients qui perdent du poids mais qui ne sont pas bien avec eux, qui n’ont pas une amélioration de la qualité de vie. Notre objectif est aussi de faire de la prévention de ce côté-là”.  

Un travail nécessaire. Désormais, plus d’un Français sur six est atteint d’obésité.  

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