Aucun vol commercial ne décolle ni n’atterrit à l’aéroport de Clermont-Ferrand, ce vendredi 29 novembre. En cause : un mouvement de grève qui concerne la quasi-totalité des salariés du syndicat d’exploitation de l’aéroport.
A l’aéroport d’Aulnat, près de Clermont-Ferrand, aucun vol commercial ne décolle, ni n’atterrit, ce vendredi 29 novembre. Près de 9 salariés sur 10 sont en grève : “C’est une mobilisation interne à la société d'exploitation de l'aéroport de Clermont. Ce sont les salariés qui protestent contre les stratégies managériales de l'entreprise. Ça fait 5 ans qu'on se serre la ceinture. On change régulièrement de direction, on en est au 11e directeur en 16 ans. On veut encore une nouvelle fois nous modifier, dégrader les conditions de travail et les salaires des travailleurs sur la plateforme”, explique Arnaud Boucheix, délégué syndical CGT de l’aéroport. Les vols d’aviation privée, vols sanitaires, gouvernementaux et d’aviation d’affaires sont maintenus, assure la communication de l’aéroport.
Tous les vols commerciaux annulés
Le trafic est donc “fortement perturbé ce vendredi 29 novembre”, indique la direction dans un communiqué. La direction précise que les passagers concernés ont été prévenus en amont par les compagnies aériennes. Air France a proposé à ses passagers des places sur les vols le jour précédant la grève et dans les 3 jours qui la suivent. Pour certains clients voyageant depuis ou vers Clermont-Ferrand, des solutions de réacheminement via l’aéroport de Lyon avec mise en place d’un bus au départ de Lyon à Clermont-Ferrand ont également été proposées, selon la compagnie. S'ils ne souhaitent plus voyager, ils pourront obtenir un remboursement. “En complément, l’aéroport a mis en place une alerte sur son site internet. Certains vols ont pu être reportés vers d’autres aéroports”. Il s’agit des vols Ryanair en provenance et à destination de Fès et Porto, dont certains passagers ont pu être redirigés sur l'aéroport de Brive-Bergerac. Deux vols Ryanair ont été impactés par la grève.“Nous déplorons vivement les désagréments subis par les passagers. Nos équipes sont pleinement mobilisées pour gérer les répercussions de cette situation”, annonce la direction.
Des passagers pris de court
Tous les passagers n’ont pas reçu, en amont, l’information de l’annulation de leur vol. Certains se sont présentés à l’aéroport. Une passagère, qui devait se rendre à Paris pour prendre un vol en direction de Toronto, a trouvé porte close et doit faire demi-tour. “On devait prendre l’avion à 11h15. On arrive et l’aéroport est fermé. On nous apprend qu’il y a une grève du personnel. Nous n’avions reçu aucune information pour nous dire de ne pas nous présenter. Je viens d’appeler Air France, nous avons été reclassés sur un vol dimanche. Nous allons partir dimanche. Je suis un peu frustrée car je viens de fermer ma maison, j’ai dérangé ma famille pour nous amener à l’aéroport. Je vais devoir tout recommencer dimanche, mais bon, c’est comme ça.” Air France indique pourtant : "Les clients dont les vols sont annulés ont été notifiés individuellement par sms, email ou via l’application Air France en amont de la grève."
Des négociations autour des salaires
Elle indique que le dialogue social avec les représentants syndicaux, initié depuis plusieurs jours, se poursuit à l’aéroport. Les salariés réclament notamment des hausses de salaire : “Pour les négociations annuelles obligatoires, ils proposent 0% alors que ça fait des années qu'on n’a pas d'augmentation, plus de participation, plus rien. Cela fait suite à une situation économique difficile à l'aéroport, mais c'est une situation économique qui a été dégradée par leur propre gestion”, dénonce Arnaud Boucheix.
Des conditions de travail mises en question
La mobilisation a également pour but d'obtenir une amélioration des conditions de travail : “Ils ont décidé unilatéralement de modifier par exemple les horaires des agents à moins de 7 jours, c'est-à-dire presque du jour au lendemain, sans leur accord. C’est une atteinte au bon déroulement de la vie privée des agents. On n’a plus de vie, on est d'astreinte presque 365 jours par an. On est à disposition totale de notre employeur. Il n’y a plus de vie privée, il n’y a plus rien. On est obligé de rester jusqu'à tard le soir pour les charters, on prend très tôt les matins, on travaille les dimanches, on travaille les jours fériés, on travaille pour Noël. Ils ont tellement réduit l'effectif et le nombre de travailleurs sur la piste qu’on se retrouve en sous-effectif. Quand il y a un avion qui arrive en retard ou un déroutement pour cause météo, ils n’ont plus de salariés pour le traiter, donc ils modifient les horaires.”
Un préavis jusqu'au 5 janvier
Cette mobilisation concerne principalement les corps de métiers liés à l'exploitation et à la sûreté : “Si ce mouvement connaît une ampleur aussi importante, c'est parce que, fait rare, il y a l'intégralité du service de sûreté et sécurité de l'aéroport qui est en grève. Sans la sécurité et la sûreté, les vols ne peuvent avoir lieu.” Arnaud Boucheix estime à 90% le nombre de salariés grévistes. Le préavis de grève a été posé jusqu'au 5 janvier. Les éventuelles reconductions du mouvement seront décidées par les salariés en Assemblée générale. Il pourrait donc y avoir d'autres actions “coup de poing” d'ici le 5 janvier.