Le pneu lunaire sera peut-être auvergnat. Michelin fait partie des 3 consortiums présélectionnés par la NASA pour équiper son futur véhicule lunaire. Le projet est élaboré au centre de recherche de Ladoux, près de Clermont Ferrand.
Dans un hangar du centre de recherche de Ladoux, près de Clermont-Ferrand, des ingénieurs de Michelin multiplient les tests pour mettre au point une roue qui devra évoluer sur un terrain escarpé....sur la Lune ! Un revêtement en sable permet de simuler les conditions du sol lunaire. Julien Souquières, ingénieur Michelin, explique : “C’est du sable assez fin. Cela se rapproche du terrain lunaire mais ce n’est pas encore assez meuble, c’est-à-dire très souple. Le vrai sol est comme de la farine, du ciment très sec. Au départ, on a mis en place des protocoles de tests pour évaluer la motricité et la consommation. On tire des charges pour voir quelle puissance on peut avoir sur les roues. L’objectif est de monter une pente de 20 degrés. Pour cela, on a besoin de tirer une certaine charge avec le véhicule”.
Des idées pour la Lune et la Terre
Michelin a déjà expérimenté l’aventure spatiale au début des années 80 en équipant les roues de la navette spatiale, particulièrement sollicitées à l'atterrissage. Mais cette fois, le projet Artemis de la NASA demande de relever un tout autre défi. Pour leur mission prévue en 2028, les Américains souhaitent disposer d’un véhicule capable d’explorer le pôle Sud de la Lune, en parcourant 10 000 kilomètres pendant 10 ans. Sylvain Berthet, responsable du programme de recherche avancée Michelin, souligne : “Michelin a découvert un nouveau monde avec des conditions environnementales très complexes. Cela nous a permis de continuer à développer notre idée de la mobilité avec une roue sans air. On est sur une réflexion sur le futur de la mobilité. C’est applicable à la Lune mais cela donne aussi des idées pour revenir sur Terre”.
Des tests dans des conditions extrêmes
Dans le centre de recherche de Ladoux, depuis 3 ans, une équipe de 6 personnes est mobilisée sur ce projet. Dans un atelier, on élabore le matériau qui composera la roue sur la Lune : elle va devoir supporter de fortes amplitudes de plus 150 à moins 250 degrés. Julien Souquières poursuit : “Tous nos tests sont faits à moins 200 degrés dans l’azote liquide. On teste en traction, en flexion, en statique et en fatigue. On regarde jusqu’à quand les matériaux résistent. Cela nous permet d’évaluer la tenue mécanique des matériaux en endurance”.
"C’est une grande fierté"
La méthode de fabrication est révolutionnaire, avec une imprimante : il faut une semaine seulement pour réaliser une roue complète. Pour les équipes mobilisées, la dimension du projet est surtout exceptionnelle. Florian Vilcot, expert innovation Michelin, précise : “C’est une grande fierté. On se demande ce que l’on va pouvoir faire après avoir essayé de poser une roue pour un véhicule sur la Lune”.
Aux côtés de Boeing et face à son concurrent Goodyear, Michelin fait partie des 3 consortiums présélectionnés. La NASA fera son choix définitif en mai 2025 pour cette aventure lunaire.