Six salariées du supermarché Leader Price de Brassac-les-Mines, dans le Puy-de-Dôme, n'ont plus de salaire depuis fin août. Ce vendredi 17 janvier, le tribunal a ordonné la désignation d’un mandataire pour mettre à jour les comptes et enfin mettre un terme au calvaire de ces employées.
L'impensable a commencé en septembre dernier pour six employées du Puy-de-Dôme. Trois mois après le rachat du Leader Price de Brassac-les-Mines, leurs salaires ont cessé d’être versés. Fin novembre, elles ont fermé les portes d’une enseigne laissée à l’abandon, sans chauffage, sans ravitaillement. Ces salariées ont continué de se présenter au travail faute de procédure de licenciement, mais sans être payées.
Ce vendredi 17 janvier, le tribunal de Commerce de Clermont-Ferrand a prononcé le redressement du magasin, assorti de la désignation d’un mandataire : “Ce mandataire aura pour mission de s'impliquer dans les comptes, de payer les dettes, la priorité étant les salaires. C'est un gros point positif du point de vue des salariés. Le mandataire, via l'assurance garantie salaire va pouvoir payer les salaires, les indemnités, tout ce qui est dû aux salariés. Le mandataire va prononcer le licenciement. C'est lui qui remplace l'employeur. Nous avons donc été aux Prud'hommes pour faire qualifier la rupture du contrat en un licenciement”, explique Jocelyne Carbonnier, secrétaire CGT à Issoire, qui a accompagné les salariées dans ce douloureux processus.
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"Il a fallu demander de l'aide à droite, à gauche"
Pour les salariées de l’enseigne, c’est le soulagement. “On entrevoit le bout du tunnel. On est contentes du délibéré. On ne s'y attendait pas, c'est un ouf de soulagement. On va avoir droit à nos papiers et notre dû, qu'on attend depuis 4 mois", se félicite Marie-Laure.
Pour elle qui travaillait depuis de nombreuses années au sein de l'enseigne, la pillule a du mal à passer, et le sentiment de trahison ne s'efface pas : “Il a fallu l'accepter d’abord, parce que, au bout de 27 ans, c'est compliqué de finir comme ça. Moralement, ça a été compliqué, mais financièrement, c’est ce qui a été le plus dur. Se retrouver sans salaire du jour au lendemain au moment des fêtes, c'est toujours compliqué. Il a fallu demander de l'aide à droite, à gauche. On a été soutenues, aussi bien par la CGT que le Secours populaire, on a eu beaucoup de soutien et heureusement." Maintenant, Marie-Laure veut aller de l'avant : "De toute façon il faut que l'on retrouve du travail rapidement. Moi, si je peux éviter le commerce, je le ferai parce que maintenant, j'aurai du mal à refaire confiance à quelqu'un."
Le licenciement bientôt prononcé
Bonne nouvelle pour Marie-Laure et ses collègues, elles devraient pouvoir récupérer rapidement leur dû : “Habituellement, c'est réglé dans le mois. On va être vigilants parce que derrière tout cela, il y a 7 salariées qui sont dans une situation financière et sociale terrible. Donc on va être vigilant pour que le délai soit le plus court possible”, assure Jocelyne Carbonnier.
Les montants ne sont pas encore définis, car les salaires ne sont pas les seules compensations auxquelles les employées comptent prétendre : “Bien évidemment l'intégralité des salaires de septembre, octobre, novembre, décembre et janvier. De plus, les salariées en fonction de leur ancienneté vont se voir attribuer des sommes différentes. On est extrêmement confiant. Le montant des indemnités de licenciement, celui des dommages et intérêts pour préjudice relèvent de la décision du Conseil des Prud'hommes.” La décision sera connue le 28 janvier.
Des questionnements autour du rachat
Jointe par téléphone en novembre, la gérante se défendait d'avoir racheté un magasin délabré et criblé de dettes. Elle assurait que des investissements seraient faits et que le magasin allait rester ouvert. Mais c’est un tout autre décor, planté par Jocelyne, dès le mois d’octobre : “On a retrouvé un magasin vide, froid puisque le chauffage était coupé et des salariées complètement désemparées. Aujourd’hui, elles sont très combatives, rassurées par la décision du tribunal de Commerce”, se félicite Jocelyne Carbonnier.
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La CGT du Puy de Dôme a écrit au préfet pour qu'une enquête soit diligentée : “On soupçonne Casino d’avoir une part de responsabilité. Le magasin de Brassac-Les-Mines était endetté, il n'aurait jamais dû être vendu, selon nous. On demande que les responsabilités soient situées”. La CGT demande que des poursuites pénales soient conduites à l’encontre du groupe Casino et de la gérante.