Depuis quelques jours, l’Auvergne est confrontée au retour du froid avec des températures en-dessous de zéro. Du côté des maraîchers, cette période de froid est plutôt habituelle et n’a pas de fortes conséquences sur les productions. Ce sont surtout les variations de températures dues au changement climatique qu’ils redoutent. De nouvelles variétés de légumes apparaissent.
Le froid est de retour mais les légumes sont habitués. A Tonget, dans l’Allier, François Prézeau, maraîcher, explique : “Il fait zéro degré. C’est une température normale pour la saison. Cela demande quelques aménagements, mais rien de surhumain”. Il faut juste attendre la décongélation pour éviter d’abîmer les légumes lors du ramassage. François Prézeau poursuit : “Si je vais toucher les feuilles alors qu’elles sont déjà congelées, je vais les abîmer. Elles vont devenir un tout petit peu translucides, quand je vais passer mes doigts dessus. Une heure ou deux après, elles vont devenir noires”.
"La première séquence a très bien marché"
Les maraîchers craignent surtout les variations de températures. Avec le changement climatique, elles passent, de plus en souvent, de moins 7 à plus 15 degrés en une semaine : de quoi stresser les plantes. François Prézeau ajoute : “Le réflexe de survie de la plante est de monter en fleur pour se reproduire”. Ce réflexe rend les légumes moins bons et pas commercialisables. François doit s’adapter, comme avec les épinards. Il a réalisé trois plantations : une en serre et deux en extérieur. Le maraîcher insiste : “La première séquence a très bien marché : elle est même venue en avance et trop vite d’un coup. On s’est retrouvé avec une grosse quantité d’épinards. Heureusement, on vend en semi gros. La deuxième session a connu beaucoup trop d’eau et elle a jauni : on n’a quasiment pas pu la récolter”.
Des choux-fleurs en janvier en Auvergne
Cette baisse des températures a permis l’arrivée du chou-fleur en Auvergne. Gilles Lebre, maraîcher à Gerzat, dans le Puy-de-Dôme, raconte : “C’est une première. Cela fait 2-3 ans que l’on cultive une série de choux-fleurs qui arrivent à maturité en plein mois de janvier”. Le légume reste malgré tout encore sensible au gel. Le maraîcher souligne : “Autrefois, il faisait entre moins 15 et moins 20. Aujourd’hui, on nous annonce entre moins 10 et moins 8. Pour l’instant, il gèle moins fort. Mais les plantes sont sensibles. A cause du temps très doux, on commence à avoir des parasites, comme les pucerons cendrés. Ce sont des parasites que l'on rencontre en fin de cycle, vers la fin de l'hiver. On les a plutôt au mois de mars. Mais comme pour les plantes, le coup de froid va leur faire du mal”. La production de nouveaux légumes est un avantage. Mais elle ne doit pas faire oublier les autres impacts du réchauffement climatique : les fortes chaleurs et les sécheresses.
Propos recueillis par Romy Ho-A-Chuck / France 3 Auvergne