Volonté de déconnection, évasion par le sport... Entre pandémie et réchauffement climatique, la montagne attire de plus en plus de pratiquants. Dans une étude inédite, Auvergne-Rhône-Alpes tourisme évalue l'impact du changement climatique sur nos activités dans les Alpes.
"Cette année on avait des températures positives encore juste avant Noël à 1700 mètres d'altitude", s'inquiète Nicolas Raynaud, président de la fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM). Dans son quotidien, en pratiquant l'alpinisme, plus il monte en altitude, plus les effets du réchauffement climatique sont saisissants. "La montagne change de forme et de couleur. Elle noircit et s’arrondit, se casse la gueule. Elle s’assèche ! Plus on vit au rythme de la nature, plus on s’en rend compte."
Les 120 refuges gérés par la fédération subissent des mouvements de terrain chaque année plus importants. Des fissures apparaissent sur les murs, ils deviennent instables. Les accès et les approvisionnements en eau deviennent aussi problématiques puisqu’ils ne sont pas reliés aux réseaux. Selon l'étude réalisée par Auvergne-Rhône-Alpes tourisme, les professionnels sont près de 9 sur 10 à noter des transformations de l’environnement. Le retrait glaciaire et le dégel du permafrost entraînent notamment de fortes conséquences en termes d’écroulements et d’éboulements. Certains refuges menacent de fermer, et d'autres sont rénovés. L'amélioration du confort dans les refuges attire plus de visiteurs jusqu'à 50%.
Un nouveau public issu de la crise Covid-19
Sur les dernières années, la fréquentation augmente dans les montagnes. Cette tendance s'est accentuée avec la pandémie.
Depuis le premier confinement au printemps 2020, la montagne attire de nouveaux pratiquants. L'été dernier, les activités tel que la randonnée pédestre et le vélo tout terrain à assistance électrique ont explosé. Avec l’augmentation des périodes de canicules et de sécheresses en été, les activités outdoor sont encore plus attractives en altitude (baignade et VTT en particulier). La montagne voit arriver de nouveaux pratiquants.
Le succès que connaît la montagne peut être néfaste pour l'environnement
Sur certains sites, la fréquentation est décuplée. Le public est moins aguerri, il se dirige sur les itinéraires les plus accessibles.
Selon l'étude, ces nouveaux pratiquants recherchent la tranquillité et la sécurité aux dépends de celle des autres. Ils ne sont pas toujours sensibilisés à la préservation des ressources naturelles. Ils sont susceptibles de sortir des sentiers balisés et de perturber et polluer l'environnement. Les sites montagneux sont de plus en plus fréquentés au printemps avec l'arrivée des beaux jours et l'été pour fuir la canicule.
Les acteurs de la montagne doivent s'adapter
Malgré la fréquentation en augmentation, les professionnels de la montagne craignent une baisse de leur activité. Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme a mené son enquête en ligne auprès de 125 acteurs de l’outdoor. Ils sont trois fois plus nombreux à redouter les effets négatifs du changement climatique qu'à voir les côtés positifs.
En hiver, la saison d'enneigement se réduit d'année en année. Les pratiques changent : ski de randonnée, balades en raquette. Certains professionnels développent de nouvelles activités pour s'adapter : randonnées gourmandes, escape-game. Avec le développement du vélo à assistance électrique, le cyclisme en altitude devient accessible à tous. Les alpinistes professionnels s'adaptent déjà en décalant au printemps le démarrage de la saison d’été. Ainsi, ils tiennent compte des risques et les évitent autant que possible.
Nicolas Raynaud président de la FFCAM, craint une forte détérioration des milieux naturels si aucune action n'est engagée contre le réchauffement climatique. La montagne serait alors moins attractive.
Pour éviter une telle situation, Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme recommande aux acteurs une série d’actions à mettre en œuvre. Favoriser les échanges entre territoires et socio-professionnels afin de permettre une meilleure compréhension des besoins de chacun, partager les connaissances, sensibiliser les décideurs, les acteurs économiques et le grand public.