Reprise d'Ascométal: la justice choisit l'offre française qui maintient le site du Cheylas en Isère

Ce jeudi 22 mai, le tribunal de commerce de Nanterre a finalement désigné Franck Supplisson comme repreneur du groupe sidérurgique Ascométal. L'offre française était la seule à garantir le maintien du site du Cheylas, en Isère. Toutefois, quelques postes devraient y être supprimés. 

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"Le tribunal a fait le choix de l'offre la mieux disante industriellement, socialement et financièrement", se sont félicités dans une déclaration commune l'énarque Frank Supplisson et Guy Dollé (ex-directeur général d'Arcelor), qui ont porté l'offre de reprise française. Tous deux ont insisté fortement sur le caractère français de leur offre de reprise, surfant sur la vague de patriotisme économique que connaît la France actuellement, dans la lutte acharnée qui les a opposés à l'offre concurrente du brésilien Gerdau, qui avait le soutien de l'administrateur judiciaire.

Dans un communiqué, le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, qui est resté en retrait dans ce dossier, a salué le choix du tribunal de commerce de Nanterre qui "préserve l'ensemble des capacités industrielles de l'entreprise, qui la maintient sur tous ses domaines d'activité et qui reprend la quasi-totalité des emplois".

Et effectivement, au Cheylas, en Isère, on semblait soulagé par cette annonce. Le projet prévoit le maintien de l'usine, ce que n'imaginaient pas les autres propositions. Seulement, il y aura des licenciements.

Reportage Florine Ebbhah et Didier Albrand

Intervenants : Nathalie Besson, Déléguée du personnel, Secrétaire déléguée adjointe au CE; Alain Gadille, Secrétaire général du syndicat CGT Ascométal

Conserver la quasi totalité des emplois


Outre son caractère français, l'offre de M. Supplisson était surtout la seule à conserver les six sites et la quasi totalité des emplois (1.820 sur près de 1.900) de cette ancienne filiale d'Usinor spécialisée dans les aciers spéciaux pour l'automobile et le secteur pétrolier.

Pour la CGT, le syndicat majoritaire, qui soutenait ce projet de reprise, cette décision constitue "un grand ouf de soulagement". "C'est la solution qui maintient Ascométal dans son intégralité, qui ne ferme aucun site et qui reprend 97% des emplois. Donc on ne peut être que satisfaits de la décision du tribunal", a-t-on expliqué du côté du syndicat. 

Faire d'Ascométal ce qu'il était il y a encore quelques années"


L'offre française prévoit la levée de 230 millions d'euros de financement et peut compter sur un prêt de l'Etat de 35 millions d'euros, via le Fonds de développement économique et social (FDES).

"Le redressement d'Ascométal passe aussi par la préservation de l'intégrité de la société et une attention particulière y sera portée", a assuré Arnaud Montebourg, sans préciser si l'Etat pourrait entrer au capital de la nouvelle société qui portera le nom d'Asco Industries. "Les dirigeants de l'entreprise, les salariés, les actionnaires et l'Etat doivent à présent concentrer leurs efforts dans un seul but: faire d'Ascométal ce qu'il était il y a encore quelques années, le leader des aciers spéciaux", a affirmé le ministre.

Le brésilien Gerdau, qui pèse environ 14 milliards d'euros et compte 45.000 salariés dans le monde, n'est manifestement pas parvenu à lever les incertitudes sur l'avenir du site de Fos-sur-Mer, qu'il assurait ne pas vouloir fermer. Son offre, améliorée en dernière minute, était celle qui reprenait le moins d'emplois, soit 1.586 salariés, auxquels s'ajoutaient 166 embauches. Elle prévoyait également la fermeture du site du Cheylas (Isère).

La décision du tribunal laisse également sur la touche l'actionnaire Apollo et les créanciers, les banques Morgan Stanley et Bank of America, qui soutenaient l'offre concurrente d'Anchorage. Dans un communiqué, Anchorage a regretté "que son offre, intégralement financée et qui aurait permis d'assurer le redémarrage et le développement à long terme d'Ascométal, notamment de l'usine de Fos-sur-Mer, n'ait pas été sélectionnée". Le fonds a toutefois souhaité "un bel avenir" au groupe sidérurgique français.

Pas de succès non plus pour Apollo, qui avait sorti une surprise de son chapeau, en annonçant récemment le soutien d'Anne Lauvergeon, l'ex-patronne d'Areva, proche du pouvoir.

Plombée par une dette de 360 millions d'euros, l'ancienne filiale d'Usinor spécialisée dans les aciers spéciaux pour l'automobile et le secteur pétrolier, avait été placée en redressement judiciaire le 7 mars, après l'échec de négociations entre Apollo et les banques.

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