A partir de ce mercredi 25 novembre, le pont de Condrieu, qui enjambe le Rhône, est interdit aux camions dont le chargement dépasse les 19 tonnes. L'ouvrage qui relie les départements du Rhône et de l'Isère, donne des signes de faiblesse.
Le pont suspendu relie les départements du Rhône et de l'Isère, entre Condrieu et Les Roches-de-Condrieu. C'est un axe majeur de communication entre les deux rives du fleuve Rhône. Très emprunté, l'ouvrage supporte à ce jour un trafic supérieur à 8 300 véhicules par jour, ont indiqué les départements du Rhône et de l'Isère dans un communiqué commun.
Un pont qui donne des signes inquiétants de faiblesse
Le pont est placé sous haute surveillance depuis plusieurs années, notamment en raison de la dégradation de ses câbles de suspension. Une étude dévoilée en octobre a même démontré une dégradation accélérée. "Quand on le voit de l'extérieur, il est pas mal. Mais quand on le regarde de plus près, il donne des signes de faiblesse, des signes de rouille sur les haubans, sur les points d'ancrage des fixations..." explique Christophe Guilloteau, président du Conseil départemental du Rhône. "On était en suivi sur ce pont depuis un an et là, on a eu un rapport assez alarmant..." précise-t-il.
L'ouvrage a été construit en 1934, mais n'a pas été épargné lors du second conflit mondial ."C'est un pont qui a été reconstruit suite à la destruction de l'ancien ouvrage en 1940. Et en 1945, il a été reconstruit avec de l'acier de mauvaise qualité. Il s'est corrodé beaucoup plus rapidement," explique Philippe Marion, maire de Condrieu.
Un chantier d'envergure
Mieux vaut prévenir ... Pour éviter un éventuel scénario catastrophe qui ferait écho au drame de Mirepoix-sur-Tarn de 2019, le pont de Condrieu doit donc passer par la case chantier. Un chantier d'envergure dont la première estimation devrait atteindre la somme de 17 millions d'euros. Le lancement de ce projet a été validé en séance publique par le Conseil départemental du Rhône le 9 octobre dernier. Le coût de cette rénovation sera financé à parts égales par les deux collectivités, le Rhône et l’Isère. Les deux départements travaillent d’ores et déjà main dans la main. Les acteurs locaux se sont récemment rencontrés en mairie de Condrieu afin d’aborder les enjeux et le phasage du projet.
Cette restructuration du pont devrait aussi permettre de développer les modes doux pour piétons et vélo dans cette traversée du Rhône. Selon les prévisions, les études et la concertation du projet devraient s'étaler entre 2021 et 2023. Les travaux pourraient durer deux ans avec une fin de chantier prévue à l'horizon 2025. Reconstruction totale de l'ouvrage ou réaménagement ? La question n'est pas encore tranchée.
En attendant la rénovation du pont
"A partir d'aujourd'hui, le pont est interdit aux véhicules de plus de 19 tonnes. A partir du mois de janvier, on aura une circulation alternée, comme sur la passerelle de Givors," a expliqué Philippe Marion, le maire de Condrieu.
Les départements de l’Isère et du Rhône, associés aux communes de Condrieu et Les Roches-de-Condrieu, ont mis en œuvre une nouvelle limitation de tonnage. La mesure doit permettre de réduire la charge supportée par l’ouvrage fatigué, en attendant une rénovation complète. Ainsi, à compter de ce mercredi 25 novembre, les camions dont la charge dépasse les 19 tonnes n'ont plus le droit d’emprunter ce pont suspendu.
En plus de cette première restriction, la mise en place d’une circulation alternée permettant de réduire davantage la charge sur l’ouvrage, est également à l'étude. Elle pourrait éventuellement être mise en œuvre au premier trimestre 2021.
Pour les usagers, les travaux risquent de compliquer la circulation dans ce bassin de vie qui comprend Condrieu, Saint-Clair-du-Rhône et les Roches-de-Condrieu. Le trafic des véhicules pourra cependant se déporter sur deux autres ponts, en aval et en amont. L'un situé au niveau du barrage de Reventin-Vaugry et l'autre au niveau de la commune de Chavanay. Mais le maire de Condrieu envisage aussi une solution alternative : "il va falloir travailler en collaboration avec les départements du Rhône et de l'Isère sur d'autres moyens... et pourquoi pas sous forme de navettes fluviales. C'est quelque chose qui va rappeler des souvenirs aux anciens ... entre 1941 et 1945, les barques étaient les seuls moyens pour traverser le fleuve."