Censé faciliter l'accès au logement, l'encadrement des loyers a en réalité eu l'effet inverse dénoncé par les professionnels. Loin de profiter aux ménages les plus modestes, cette mesure les a exclus un peu plus du marché locatif. Les exclusions à la location des logements aux "DPE G a aggravé la situation.
Quand les meilleurs dossiers l'emportent
À Lyon, l'encadrement des loyers devait être la solution miracle pour faciliter l'accès au logement, notamment pour les ménages à faibles revenus. Mais dans les faits, cette mesure a eu l'effet inverse de celui escompté.
Lorsqu'un bien est disponible à la location dans le centre-ville, on a tellement de candidats que ce sont toujours les meilleurs dossiers qui sont choisis.
Pascal Pancrazio,Président FNAIM Rhône
Dans la plupart des cas, l'heureux élu n'avait pas besoin de la mesure d'encadrement des loyers pour assumer le loyer. Par ricochet, ceux qui ont le plus besoin de ce dispositif n'y ont donc pas accès.
Parallèlement, les investisseurs locatifs sont moins nombreux, car la rentabilité chute et fait peur. "Si votre appartement, que vous pensiez louer 550 euros par mois, ne peut être loué que 350 euros, l'équation ne fonctionne plus" explique Pascal Pancrazio, Président FNAIM Rhône. Si en plus, vous devez financer la rénovation énergétique, c'est une impasse. Le marché se fige faute de confiance et l'offre s'effondre.
La ministre du Logement, Valérie Létard, prévoit une «mission d’évaluation de l’expérimentation de l’encadrement des loyers en juin 2025, afin d’avoir une vision claire et objective du dispositif et de décider de sa poursuite, ou non, après 2026».
Le DPE, le dernier effet pervers
Autre obstacle donc le fameux DPE (diagnostic de performance énergétique). Les logements, classés G, ne peuvent plus être loués depuis le 1er janvier. Ainsi, au fil des mois, de nombreux logements vont sortir du marché. "Il faut accompagner les propriétaires dans la rénovation énergétique, mais il faut être cohérent. On ne peut pas continuer à aggraver la situation" alerte la FNAIM.
Les 2 000 logements de la métropole classés F devront, eux aussi, sortir du marché le 1er janvier 2028 s'ils ne sont pas rénovés. Même avec la meilleure volonté du monde, tous ne pourront l'être faute de professionnels et de moyens financiers de la part des propriétaires. "Il faut pousser pour que les choses soient faites, mais il faut être pragmatiques. Il ne faut pas sortir tous ces logements du marché" car nombre de familles vont se retrouver à la rue.
À cette date, plus aucun bail ne pourra être renouvelé ou signé.
Pour accentuer la tension du marché, peu de logements sortent dans le neuf.
Vers une crise sociale du logement à Lyon
Face à cette crise du logement, une véritable bombe sociale se profile à l'horizon à Lyon. Selon la FNAIM, il faudrait 8 000 logements disponibles (surtout des petites surfaces) par an pour éviter "l'asphyxie", alors que la réalité (rénovation et neuf) est inférieure à 4 000.
Cette pénurie va jusqu'à pénaliser les entreprises qui peinent à recruter et qui doivent augmenter les salaires pour que leurs salariés puissent se loger.
Conclusion, si rien n'est fait pour faciliter l'accès au logement, les ménages les plus fragiles risquent de se retrouver dans une impasse.