Assemblée 2022. Dans le Rhône ou la Loire, des élus LR, tiraillés face au dilemme de "l'opposition constructive", redoutent un blocage de l'institution

Comment faire entendre sa voix à l'Assemblée sans bloquer ni se soumettre ? Les députés LR, qui ont raflé près d'un tiers des circonscriptions en Auvergne-Rhône-Alpes, sont partagés sur leur rôle dans l'hémicycle, alors que leur chef de parti affiche une position de fermeté.

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Avec 19 députés élus ou réélus sur 64 circonscriptions, contre 15 dans la législature sortante, LR présente un bilan favorable dans la région présidée par Laurent Wauquiez, d'autant que la plupart d'entre eux affiche des scores confortables de jusqu'à 70% des voix.

LR en position de force

A l'heure de rallier le Palais Bourbon, où l'Elysée s'inquiète de risques de blocage, ces députés LR savent que leurs suffrages seront convoités, étant a priori les plus "Macron-compatibles" au sein de l'opposition. 

Faute de majorité absolue, "le président va être obligé de concerter, écouter, discuter. Ce dont il n'a pas l'habitude", se félicite Jean-Pierre Taite, patron des Républicains dans la Loire, où il a arraché la 6e circonscription au sortant LREM Julien Borowcyck.

"La majorité va devoir retrouver de l'humilité et le sens de l'intérêt général", abonde Emilie Bonnivard, largement réélue en Savoie pour un deuxième mandat.

Mais s'ils apparaissent en position de force, les députés LR divergent sur la posture à adopter face au président Macron, qui rencontre ce mardi 21 juin les chefs de partis pour parler "des solutions constructives envisageables au service des Français".

Jean-Pierre Taite estime que "comme au niveau territorial, il faut être capable de travailler ensemble". "Si des propositions vont dans le sens de nos valeurs et de nos convictions, je les voterai sans difficulté", assure-t-il.

"Nous ne sommes pas dans la majorité, ce n'est pas notre identité, mais il ne faut pas être sectaire", abonde son collègue de l'Allier Nicolas Ray, qui a ravi la 3e circonscription bourbonnaise au sortant LREM. Emilie Bonnivard rappelle d'ailleurs que les élus LR ont voté "plus de 50%" des textes de la majorité lors du mandat écoulé.

    "Assumer nos responsabilités" 

Alexandre Vincendet, élu dans le Rhône, serait même favorable à un accord de législature, une position pour l'heure peu partagée au sein de sa famille politique. 

"Soit on reste sur le banc de touche, soit on obéit à notre tradition gaulliste et on donne la priorité aux intérêts du pays. Sans être un élément soumis, la droite républicaine doit pouvoir proposer des solutions aux Français", explique le patron départemental des Républicains, porté au second tour par le soutien d'Ensemble face à son adversaire de la Nupes. "Les Français sont fatigués des guéguerres partisanes. On doit pouvoir assumer nos responsabilités sans renoncement à notre identité", insiste-t-il.

Mardi 21 juin, le maire LR de Saint-Etienne Gaël Perdriau a même appelé à un "pacte social, un pacte environnemental et un pacte républicain" avec Emmanuel Macron pour ne pas laisser la main "aux populistes de gauche ou de droite". "Notre parti doit prendre ses responsabilités. Il a rendez-vous avec l'histoire", a-t-il exhorté, jugeant qu'à défaut "les Français nous en voudront et nous le feront payer".

Une opposition responsable et constructive

Des appels déjà balayés par le président de LR Christian Jacob. "Il n'est pas question ni de pacte, ni de coalition, ni de quelque accord de quelque nature que ce soit", a-t-il tonné lundi 20 juin en marge du comité stratégique du parti.

"Je ne vois pas comment on peut passer ce type d'accord. Ce serait s'essuyer les pieds sur les votes de nos électeurs", confirme Emilie Bonnivard. "On a été élus sur des valeurs et des tendances. On ne va pas changer de position entre le dimanche et le lundi", poursuit Nicolas Ray, vantant toutefois les vertus d'une opposition responsable "au cas par cas".

Pouvoir d'achat, report de l'âge de départ à la retraite à 65 ans: le gouvernement s'est fixé quelques échéances qui ne déboucheront pas sans les votes d'une partie de l'opposition.    "Sur le principe du pouvoir d'achat, on est tous d'accord. Mais sur le fait de distribuer des chèques gratuits, non. Il faudra des choses plus pragmatiques et conformes à nos convictions", prévient Jean-Pierre Taite.


Faute d'accords, au moins ponctuels, plusieurs élus LR redoutent un blocage institutionnel qui pourrait mener à une dissolution. "Un vrai risque", jugent Jean-Pierre Taite et Alexandre Vincendet. Le bureau politique de LR se réunit mardi soir.

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