L'association Solidarité Femmes a ouvert une antenne à Villeurbanne (Métropole de Lyon) pour lutter contre les violences intra-familiales et aider celles qui ont dû quitter leur domicile.
Il y a un an, Soumia Ouederni a lancé son association pour venir en aide aux femmes victimes de violences conjugales: "Solidarité Femmes Event".
S. est l'une de ces victimes. Mariée à 17 ans, elle a divorcé à 27. Elle livre un témoignage glaçant sur son passé, son ex-mari violent, entre les coups et la culpabilité.
"C'est moi la méchante!"
"Son but c'était de m'enfermer, de m'isoler, m'enlever le peu d'amis que j'avais. M'enlever la famille. Mon travail. Il a réussi. De cette union, il y a eu 2 enfants. Ma première grossesse, c'était un cauchemar. J'en rigole, mais toute tremblante! Je suis sortie de la maternité, et une semaine après, il m'a rouée de coups. J'étais avec un manipulateur, qui sait très bien manipuler son monde, qui est tellement gentil et aimé de tout le monde dehors, que j'avais l'impression d'être seule au monde, que personne me croirait, que c'est moi la méchante, c'est moi la fautive. C'est moi la folle.S. tient à partager son témoignage pour aider d'autres victimes:
"Aujourd'hui je partage mon vécu dramatique, avec des femmes qui souffrent en silence, parce qu'il y en a beaucoup. Quand on ferme nos portes, on ne sait pas si la voisine ou notre copine, ou la soeur du voisins se fait taper."
Soumia veut apporter des repères sur le chemin de ces victimes: "Elles ont du mal à sortir, et une fois qu'elles sont sorties, c'est comme si elles étaient perdues. Nous on est là pour les guider en leur disant vous sortez d'un gouffre, elles se retrouvent en pleine lumière, comme un enfant qui vient de naître. Elle a besoin d'être guidée pendant un certain temps."
Une victime devenue handicapée
Chaque premier vendredi du mois, Soumia vient également épauler une maman de 2 enfants, séparée de son mari violent. Cette victime a aujourd'hui besoin de déménager pour des raisons de santé, mais elle n'est pas prioritaire, Soumia multiplie alors pour elle les rendez-vous et les démarches pour trouver une solution.
"Elle est maintenant en situation de handicap, et c'est difficile à entendre pour elle. Elle a besoin d'un ascenseur, d'être au rez-de-chaussée. En quittant son conjoint violent, c'était dans l'urgence, c'était temporaire." Et maintenant, que faire ? "Si votre mari ne paye pas la pension alimentaire, il y a l'allocation de soutien familial qui peut vous être versé" lui conseille Soumia.
Une oreille attentive, et une expertise bienvenue : c'est ce rôle de conseillère et d'experte qui plaît à Soumia. Pour cette femme victime de violence, son aide est plus que précieuse, elle est nécessaire: "Elle m'aide à faire les démarches, l'administratif, comme prendre rendez-vous avec mes bailleurs, écrire des courriers, parce qu'on ne sait plus écrire des courriers. On ne connaît plus nos droits, on ne connaît rien. Il y a surtout une écoute, un échange, et puis on n'a pas peur. Elle nous comprend, elle ne nous juge pas, c'est important!" dit-elle.
L'association
"Solidarité femmes" veut rompre l’isolement des femmes victimes en organisant des actions culturelles ou artistiques "pour que les femmes prennent conscience de leur pouvoir d’agir en s’appuyant sur leurs ressources personnelles, afin qu’elles prennent toute leur place dans la société et l’espace public" affirme le site internet de l'association. Cela passe par des ateliers esthétiques, des cours de zumba, de la coiffure, de la cuisine etc., et des actions de sensibilisation contre les violences.Accepter de se faire accompagner
Les groupes de paroles sont un autre moment important pour l'association, organisés chaque semaine. Les femmes viennent échanger entre elles, parfois dire leurs souffrances et trouver un peu d'écoute, de soulagement aussi. Une étape nécessaire pour accepter de se faire accompagner.
Quand un gendarme refuse une plainte, pour un faux motif
Lors de l'une de ces réunions, Soumia nous a fait part de cette anecdote, une situation malheureusement récurrente: "Un gendarme a refusé d'enregistrer une plainte, parce que la dame s'est manifestée 6 mois après les violences. Dès fois elles font leur certificat médical, et il leur faut un laps de temps pour franchir le cap. Et le gendarme lui a dit non désolé, le délai est passé. Mais il n'y a pas de délai! Donc du coup je l'accompagne à faire un joli courrier et à l'envoyer au procureur de la république."