Depuis le confinement à cause du coronavirus, en face de mon nouveau bureau de France 3, chez moi, mon œil vagabonde sur ma bibliothèque. Au fil de l'actualité, je vous propose une exploration d'ouvrages les plus variés. Aujourd’hui « le dictionnaire historique de Lyon ».
Dans les prises de paroles de ces derniers jours et notamment politiques, j’entends beaucoup de personnes ponctuer leur intervention de « le temps n’est pas à la polémique, mais il faudra après la crise tirer les conclusions. » Bien entendu dans les secousses de la vague d’épidémie, il est difficile de se projeter au-delà du lendemain. C’est sans doute ce qui nous angoisse le plus. Pour tenter de prendre un peu de recul, difficile en situation confinée, je tente une nouvelle fois de me tourner vers ma bibliothèque. C’est au rayon publications sur la région que je cherche mon ouvrage du jour.
Cela fait des années que je n’avais pas ouvert ce pavé de 1500 pages ! « Le dictionnaire historique de Lyon » signé Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup et Bruno Thévenon, publié à l’époque (2009), aux éditions Stéphane Bachès. Pourquoi ce livre et bien parce qu’il me permet de faire parler l’Histoire.
France-Italie, une vieille histoire
Comme il s’agit d’un dictionnaire, je me tourne spontanément vers l’article EPIDEMIES, signé Gérard Corneloup. Et la liste de ces fléaux qui ont traversé la ville de Lyon au cours des siècles est longue . Par exemple, au milieu du XVe siècle, je constate que la bougeotte des humains sur la planète avait déjà des conséquences sanitaires déplorables. La mondialisation était plutôt à l’échelle européenne ou de grandes régions. Ainsi les armées de Charles VIII revenant d’Italie ont laissé un triste souvenir aux Lyonnais (ses) en répandant la vérole « mal napolitain » comme on disait en France, « mal français » comme disaient les Napolitains !Et un siècle plus tard la vérole, la syphilis, continuait à faire des ravages. A tel point que l’Hôtel Dieu va faire des choix terribles qui résonnent brutalement aux regards de notre actualité. « A partir de 1557, ne sont acceptés que les malades natifs de Lyon, ou y demeurant depuis au moins un an. » Puis se jouera un mistigri entre hôpitaux. Les malades sont dirigés vers l’hôpital de la Charité qui les renverra un peu plus tard vers l’Hôtel Dieu.
Lorsque vous pourrez à nouveau vous promenez, vous regarderez d’un autre œil l’Hôtel Dieu ou le clocher de la Charité, seul vestige de l’hôpital qui jouxtait la place Bellecour.
Le confinement, un bon remède
Difficile dans cette histoire de ne pas aller consulter l’entrée consacrée à LA PESTE. Et là aussi on se rend compte que la mobilité des hommes a joué un grand facteur dans la propagation de la maladie même si le temps est plus lent et donc la maladie se propage à un rythme très différent d’aujourd’hui. « En 1627, la peste est signalée à Saint-Flour (Cantal). Dans les premiers jours de 1628, elle investit Turin en Italie puis en mars 1628, se déclare brusquement à Lyon, qu’elle va occuper jusqu’à l’hiver. Alors tirons la leçon. ON RESTE A LA MAISON !Un dernier saut dans le temps. A la fin de 1928, une épidémie de typhoïde va marquer durablement les esprits. Le premier nombre officiel de malades est de 386. On apprendra qu’il a été singulièrement minoré. Trois jours plutard on annonce 628 et le lendemain 989. Les hospices civils sont dépassés. On envisage de transformer temporairement en hôpital le Palais de la foire de Lyon. Finalement ayant touché trois mille personnes, la dernière épidémie qui aura sévi à Lyon aura fait trois cents morts.
A chaque vague d’épidémie, les Lyonnais se tournent vers Fourvière. Je vous épargne l’histoire de la fête des lumières. Mais parfois, comme on dit, j’ai l’impression que l’Histoire se répète. Depuis qu’à 20h chaque soir, les Français applaudissent le personnel soignant, au même moment nos voisins allument un lumignon sur le rebord de leur fenêtre… Tradition lyonnaise quand tu nous tiens.
« Dictionnaire historique de Lyon » Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup, Bruno Thévenon, éditions Stéphane Bachès.