Les insuffisants cardiaques ont eu peur du virus. Les hôpitaux lyonnais ont été boudés. La mortalité a augmenté.
De nombreuses conséquences liées à la Covid-19 nous sont encore inconnues. Mais il est certain que la mortalité des personnes en insuffisance cardiaque a augmenté. Un bond de l'ordre de 20% en moyenne.
Retour de patients
A Lyon, Philippe Ferenc a enfin obtenu un rendez-vous chez un cardiologue. Cet insuffisant cardiaque est en attente d’une greffe. Il est habituellement suivi tous les deux mois. Mais à cause de l'épidémie, sa dernière consultation date de janvier. Son état, jugé grave mais stable, n'en a pas fait un cas prioritaire. "On ne parlait que du Covid et c'est normal et on mettait entre parenthèses tout le reste. Je n'avais pas le sentiment d'être oublié mais tout le personnel était réquisitionné, des secrétaires aux chirurgiens" constate-t-il.
Rassurer les patients pour qu'ils reviennent
A l'issue de cette consultation, le cardiologue Laurent Sebbag est rassurant. L'état de Philippe n’est pas trop préoccupant. Mais ce n’est pas le cas d’autres malades qui auraient dû consulter. Beaucoup n’ont pas voulu se déplacer. "Il m'est arrivé d’appeler certains de mes patients pour organiser une consultation nécessaire et les patients n'ont pas voulu venir en me disant je ne viens pas à l’hôpital le risque d’infection est trop important je ne me déplace pas. avoue le médecin. Il y avait les transports en commun qui posaient problème donc il y a une vraie réserve de la part des patients à se présenter à l’hôpital."
Des consultations annulées alors que les hôpitaux se sont rapidement organisés pour éviter les contaminations. Pour certains patients cardiaques, la téléconsultation ne suffit pas. "Rien ne remplace l’examen clinique avec votre cardiologue qui évalue et qui peut aussi faire dans le même temps une échographie cardiaque, rappelle le professeur Nathan Mewton des Hospices civils de Lyon, le fait de revenir à l’hôpital et de voir un patient en vrai, c’est absolument fondamental."
La société française de cardiologie organise une étude sur internet destinée aux patients. Elle permettra de comprendre ce phénomène de surmortalité pendant le confinement. Le suivi des malades devrait ainsi être amélioré en cas de nouveau pic épidémique.