Rendre au Rhône ses bras, ses sédiments et ses castors : un vaste programme de travaux, estimé à 8,2 millions d'euros, a été lancé ce mercredi 22 janvier pour favoriser le renouveau de la biodiversité autour du fleuve. Le chantier, cofinancée par la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et l'Agence régionale de l'eau, s'étend sur une dizaine de kilomètres au sud de Lyon et doit durer trois ans.
Il s'agit de "la plus importante restauration écologique jamais engagée pour un fleuve en France", a déclaré devant la presse Mathieu Stortz directeur général de la CNR, une société d'intérêt général concessionnaire du Rhône.
"Un fleuve, ce n'est pas seulement de l'eau qui coule, c'est un écosystème en permanente évolution. Il faut redonner sa dynamique au Rhône", a ajouté Nicolas Chantepie, directeur adjoint de l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse.
Restaurer le lit du fleuve
Cette opération vise à recréer des bras du fleuve, arracher des plantes invasives et replanter 5400 arbres et arbustes, afin de permettre au Rhône de retrouver des voies de passages obturées au fil des siècles d'interventions humaines.
Ce programme va notamment démanteler "les épis et les casiers Girardon", des constructions en roches imaginées à la fin du 19ᵉ siècle par l'ingénieur en chef Henri Girardon pour dompter le cours du fleuve. Progressivement recouverts par la végétation, ces ouvrages rocheux ont rétréci le lit du fleuve. Le Rhône a été contraint.
Plus de 80 000 m³ d'enrochements vont être retirés, la profondeur de plusieurs chenaux va être accentuée pour restaurer le lit du Rhône, fleuve le plus artificialisé de France avec ses 19 barrages.
Recréer des zones humides
Il s'agit aujourd'hui de recréer des lônes, des bras secondaires ou des méandres du fleuve. Ces travaux de restauration écologiques ont été lancés au sud de Lyon. Les communes de Vernaison, Irigny et Feyzin sont particulièrement concernées. Un chantier qui va durer trois ans.
La CNR estime que cette restauration des berges va permettre à terme de restituer au fleuve plus de 200 000 m³ de sédiments fins, de sables et de limons par le jeu du courant et des crues. Ce qui devrait permettre le retour d'une végétation diversifiée et de nombreuses espèces, comme le castor ou le martin-pêcheur, mais aussi des poissons comme le brochet ou l'ablette.
"Cette opération est la plus significative dans l'histoire de la restauration du fleuve", selon Mathieu Stortz.
Depuis 2000, la CNR a déjà restauré 77 lônes et 120 kilomètres de rives.