"Ils ont peut-être fait des erreurs", le recteur de la Grande Mosquée de Lyon s'explique suite à la fermeture d'un lycée musulman

Le recteur de la Grande Mosquée de Lyon a appelé Emmanuel Macron à "réexaminer" la situation du groupe scolaire musulman Al-Kindi, dont l'État vient de résilier les contrats, dénonçant dans une lettre ouverte "une profonde injustice". Dans une interview à France 3, il précise son point de vue.

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"Monsieur le Président, vous êtes le recours ultime lorsque le droit est bafoué et lorsqu’une partie des citoyens de ce pays est injustement maltraitée". C'est par ces mots, dans une lettre ouverte publiée le lundi 20 janvier, que le recteur de la Grande Mosquée de Lyon Kamel Kabtane interpelle Emmanuel Macron. Il l'invite à "réexaminer" la situation du groupe scolaire musulman Al-Kindi, dont l'État vient de résilier les contrats, dénonçant "une profonde injustice". 

Des ouvrages "islamistes radicaux"

L'établissement Al-Kindi, situé à Décines en banlieue lyonnaise, est "un modèle d'excellence" avec "un enseignement de qualité et une pédagogie rigoureuse", écrit Kamel Kabtane sur le site du Conseil des Mosquées du Rhône. La préfète d'Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé le 10 janvier mettre fin aux contrats noués entre l'État et le groupe scolaire, accusé de proximité avec "la pensée des frères musulmans", notamment en raison de la présence dans sa bibliothèque d'ouvrages "islamistes radicaux". 

Ces livres n'ont rien à faire dans une école de cette nature. Je ne dis pas que tout est blanc. Je dis qu'ils ont peut-être fait des erreurs.

Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon

"L'institution est récente"

Dans une interview accordée à France 3 Rhône-Alpes, le recteur de la Grande Mosquée de Lyon va plus loin : "je me suis même proposé pour aider à l'application des règles pour que ça ne se reproduise pas". Il plaide "la jeunesse de l'établissement". "On n'a pas 150 ans d'existence, l'institution est récente. Quand un enfant fait des erreurs, on ne le met pas à la rue, on donne des avertissements", poursuit-il.

"Une disparité de traitement"

"Cette décision est perçue comme une profonde injustice, et elle suscite un émoi grandissant au sein de la communauté", a précisé le recteur de la Grande Mosquée de Lyon dans sa lettre. Évoquant le lycée catholique parisien Stanislas qui a conservé ses subventions malgré des dérives sexistes et homophobes, Kamel Kabtane dénonce une "disparité de traitement" qui soulève "des interrogations légitimes". 

S'adressant directement au chef de l'État, il lui demande de "réexaminer cette situation" par un "geste fort pour réaffirmer les principes d'équité et de justice qui doivent prévaloir dans notre pays". 

Une décision perçue comme politique

Ouvert en 2007, Al-Kindi scolarise près de 620 élèves du CP à la terminale et 80% de ses classes sont sous contrat. La résiliation du contrat, qui implique la perte de nombreuses subventions, menace sa survie. Une cagnotte en ligne, ouverte le 12 janvier, a récolté depuis plus de 170 000 euros. Dénonçant une "décision politique", ses avocats ont annoncé leur intention de saisir la justice, mais leur recours n'est pas encore finalisé, ont-ils indiqué à l'AFP. 

Le cas de l'autre gros lycée musulman privé, Averroès à Lille, qui a perdu son contrat à la rentrée 2024, sera examiné sur le fond par la justice prochainement. Fin 2023, le préfet avait décidé de résilier ce contrat en reprochant au lycée d'avoir dispensé des enseignements "contraires aux valeurs de la République". 

Un précédent dans les Hauts-de-France

En revanche, le tribunal administratif de Lille a à nouveau donné raison le 17 janvier au lycée Averroès dans le bras-de-fer l'opposant à la région Hauts-de-France, dirigée par Xavier Bertrand, qui a refusé pendant des années de lui verser des subventions. La Région a indiqué faire appel, estimant avoir eu le "tort d'avoir raison trop tôt", et faisant valoir que l'État lui a "donné raison en retirant ce contrat d'association". 

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