Le groupe scolaire musulman Al-Kindi a perdu son contrat. Un recours va être déposé. Kamel Kabtane a reconnu des erreurs et des "manquements" de la direction de l'établissement.
Le scolaire musulman Al-Kindi a perdu son contrat avec l'Éducation nationale pour non-respect des valeurs de la République. Le rapport de la préfecture pointe notamment des problèmes de gestion.
Des ouvrages pointés du doigt
Six livres qui parlent de l'islam et dont certaines pages exhortent à l'application rigoureuse de la charia, l'obéissance de l'épouse à son mari ou encore l'appel au djihad. Ils ont été retrouvés parmi les 6000 livres que compte la collection de l'établissement Al-Kindi. L'école est installée à Décines.
Ces ouvrages sont en vente libre, mais leur présence dans l'établissement pose problème. Kamel Kabtane condamne la présence de ces ouvrages. "Ça n'a rien à faire dans une école, surtout dans une école de cette nature. Je les ai engueulés quand j'ai appris ça", s'emporte le Président de l'Institut français de civilisation musulmane (IFCM). Aucun de ces livres présents à l'école Al-Kindi ne figure au catalogue du fonds documentaire de l'IFCM.
"Manquements" dans la gestion
"Je ne dis pas que tout est blanc. Je dis : peut-être qu'ils ont commis des erreurs. J'ai même proposé d'aider à l'application de ces règles pour que ça ne se reproduise plus", indique Kamel Kabtane.
Si Kamel Kabtane a écrit au président de la République pour demander l'indulgence envers Al-Kindi, le recteur de la Grande Mosquée de Lyon reconnaît aussi des manquements en matière de gestion.
La gestion, c'est l'argument majeur sur lequel s'est appuyée la préfecture dans son enquête pour retirer son agrément à l'école musulmane. Son fonctionnement dépend à 80% de son contrat avec l'État, notamment pour le financement des salaires des enseignants.
Dans son rapport, la préfecture fustige une gestion opaque. "Les ordres de virement sont "charges", "factures" ou encore "subventions" avec visiblement pour finalité le paiement des salaires des enseignants hors contrat jusqu'en 2023", est-il écrit.
"Ça pourrait être constitutif de détournement de fonds publics. Si les fonds perçus par l'association ont été détournés de l'objet fixé par cette convention, les services de l'État seraient en droit d'en réclamer la restitution", explique Laurent Butstraën, avocat spécialisé en organisations à but non lucratif.
Association prestataire
Le rapport de la préfecture relève aussi un montage atypique avec une association prestataire inconnue à la signature de la convention. "Comme n'importe quelle personne morale, l'association peut avoir des charges et payer des prestataires," indique Laurent Butstraën. Mais le rapport met l'accent sur un autre point : "La rémunération qui en résulte pour cette association prestataire a permis de rémunérer une activité d'enseignement hors contrat. Ce qui n'est pas autorisé", précise l'expert.
L'école Al-Kindi va déposer un recours pour défendre son dossier. En prévision de ce retrait de l'État, elle a lancé une cagnotte en ligne et annoncé aux familles une hausse des frais de scolarité de 20% pour la prochaine rentrée scolaire.