Immobilier : "On est au bord d’une crise sociale", le marché locatif n'est pas loin d'imploser

2024 a été une année noire pour l’immobilier avec des constructions en berne, des taux d’intérêt élevé et une pénurie de logements en location. À Lyon, trouver un appartement à louer relève désormais du parcours du combattant.

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Grandes fenêtres, parquet au sol, et décoration colorée... à première vue Audrey et sa fille vivent dans un confortable appartement à Lyon. En réalité, elles n'habitent ici que provisoirement. Ce logement leur a seulement été prêté grâce au bouche à oreille, mais s’apprête à être vendu. Audrey est en CDI, à temps partiel pour élever sa fille, et ne parvient pas à trouver une location.

Sa demande de logement social reste lettre morte et le marché locatif lyonnais est hors de prix. "Avec le budget que j’ai, je vois passer des studios autour de 800 euros alors que je cherche un T2 ou en T3. Ça devient très compliqué de trouver à se loger pour deux dans les quartiers où je cherche" raconte-t-elle.

Le cas d’Audrey devient monnaie courante alors que Lyon est désormais inaccessible pour les petits budgets. Et l’encadrement des loyers qui devrait être la solution comme à Paris, Lille ou Bordeaux, a eu l’effet inverse selon une étude menée sur 130 000 contrats de location par la FNAIM, le syndicat professionnel de l’immobilier.

"Lorsque vous avez un bien qui est disponible à la location dans le centre, surtout les petites surfaces qui permettent aux petits budgets de se loger, vous avez tellement de candidats. Même si on ne prend que les premiers pour la déontologie, ce sont quand même de très bons dossiers, ceux qui n’avaient pas du tout besoin de l’encadrement des loyers. Et ceux qui en ont besoin n’accèdent pas au logement. On n'est pas loin d’une crise sociale" souligne Pascal Pancrazio, le président de la FNAIM Rhône.

Lyon est une "zone inaccessible"

D’autant plus que pour échapper à l’encadrement des loyers, des propriétaires peu scrupuleux louent en direct. À contre-courant de ce phénomène, Caroline Liby a créé il y a huit ans la première agence immobilière solidaire. 500 locataires en difficulté logés par des bailleurs sociaux et des propriétaires privés. "On sait que ça peut être très difficile de se loger, donc si on peut faire quelque chose de bien, un effort, et que derrière ça ne nous impacte pas forcément je trouve que c’est bien" avance Michael Matéo, propriétaire, qui loue son bien via cette agence.

Michael Matéo, propriétaire, loue son bien via une agence immobilière solidaire. © FTV

Si les demandes de locations sont si nombreuses, c’est aussi car l’accès à la propriété est beaucoup plus complexe. Selon une récente étude de l’INSEE, acheter à Lyon est désormais impossible pour les familles. Un couple avec un, deux, ou trois enfants n’a pas les moyens de devenir propriétaire. Seuls les couples sans enfant peuvent prétendre à la propriété. L’INSEE parle de Lyon comme d’une "zone inaccessible". C’est-à-dire une zone où moins de la moitié des habitants ont les capacités financières d’acheter un logement qui correspond à leurs besoins. 

"On n’arrive plus à répondre à la demande"

Une situation due au prix de l’immobilier : 5 000 euros/ m² en moyenne à Lyon d’après l’INSEE. Soit prêt du double de la moyenne régionale. Et la baisse constatée ces dernières années n’a pas rattrapé l’envolée qu’avaient connue les prix auparavant.  Pour cause, les taux d’intérêt sont remontés, tandis que les banques prêtent plus difficilement. Emprunter de l’argent coûte trois à quatre fois plus cher qu’il y a quelques années, ce qui plombe les budgets. 

En conséquence, les locataires sont toujours plus nombreux, mais sans que le parc de logements disponibles soit plus important. "Dans le neuf il y a peu de logements qui sortent, et avec les diagnostics de performance énergétique, certains logements ne peuvent plus être loués depuis le 1er janvier. Et avec les problématiques de financement des primo-accédants, les gens qui étaient en location et avaient le projet de partir en acquisition sont bloqués donc reste dans les appartements de location. Donc en fait on n’arrive plus à répondre à la demande" regrette Caroline Liby, fondatrice de l’agence immobilière Appart et Sens. Selon la FNAIM, il y a moins de 4 000 logements disponibles par an quand il en faudrait 8 0000 pour éviter l’asphyxie à Lyon.

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