Arrivé en France en 2014 à l’âge de 14 ans, Kélé est sous le coup d’une menace d’expulsion vers son pays d’origine, la Guinée. Diplômes, travail, proches... en 10 ans, le jeune homme s’est pourtant construit une vie à Lyon, dans un parcours qualifié d’exemplaire par les collectifs qui le soutienne.

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"J’aimerais te rencontrer, j’aimerais te parler, j’aimerais te charmer, te séduire, te kiffer, te raconter de belles histoires. J’aimerais te dire je t’aime". Ce poème, scandé devant la Préfecture ce lundi 20 janvier, est l’œuvre de "Kélé", de son vrai nom Kélétigui Sylla. Guinéen de 25 ans arrivé en France il y a plus de 10 ans, il est donc menacé d’expulsion vers son pays d’origine. Un jour régularisable, le lendemain promis à l'expulsion, Kélé est comme prisonnier des méandres de l’administration française.

Pourtant, il a tout d’un parcours exemplaire : après avoir été mineur isolé à la rue, il est devenu bachelier, titulaire d’un BTS commerce, mais aussi écrivain et poète. En plus de son parcours professionnel, Kélé a tissé à Lyon de solides liens sociaux et culturels. Mais l’impossibilité kafkaïenne de sa régularisation l’empêche de travailler et de vivre une vie sereine. 

"On ose espérer que la préfète serait suffisamment attentive à la situation particulière pour traiter Kélé comme elle a traité d’autres personnes avec des parcours similaires comme Mamadou Sow récemment. Or, pour le moment ce n’est pas le cas" se désole Michèle François, militante Réseau éducation sans frontières, présente ce lundi devant la préfecture pour soutenir le jeune homme avec d'autres collectifs. Les acteurs associatifs disent ne pas comprendre les motifs de sa non-régularisation, du "jamais-vu". 

Le titre provisoire de séjour que récupère Kélé le lundi 20 janvier, fruit d’une décision rendue début décembre par le tribunal administratif. Il ne lui permet pas de travailler. © FTV

"Je ne comprends pas cet acharnement"

Car si Kélé ressort ce jour-là avec un titre provisoire de séjour, fruit d’une décision rendue début décembre par le tribunal administratif, ce titre reste restrictif. "J’ai récupéré une autorisation provisoire de séjour de trois mois mais il n’y a pas d’autorisation de travail dedans. Du coup c’est vraiment une incertitude" exprime Kélé, allure soignée malgré la fatigue de son long combat. D’autant plus que les employeurs avec lesquels il est en lien auraient été prêts à l'embaucher avec ce précieux sésame.

Je ne comprends pas cet acharnement avec tout ce que j’ai fait, tout ce que j’ai donné. J’ai toute ma vie ici.

Kélétigui Sylla, en France depuis 10 ans, menacé d'expulsion vers la Guinée

Pire, Kélé se sait déjà à nouveau convoqué par la Préfecture dans trois semaines, pour un examen de sa situation devant une commission. À la clef, la menace d’une nouvelle obligation de quitter le territoire, comme il en a été informé froidement par une lettre. "Par ce courrier je vous informe que j’envisage de répondre défavorablement à votre demande de titre de séjour". Première phrase. C’est de l’acharnement, c’est de la persécution" s’agace Armand Creus, membre du collectif de soutien à Kélé.

"Si le tribunal a annulé l’OQTF le 12 décembre, c’est qu’il y a de la matière. Dans son dossier, il a 210 attestations de témoins. Il a tout, qu’est-ce qu’il lui manque selon la Préfecture ? Qu’on le laisse vivre" martèle ce militant.

Les soutiens de Kélé l’accompagnent depuis 10 ans, de recours administratifs en manifestations, pour obtenir sa régularisation. Ils mettent en avant l’exemplarité de son parcours d’intégration, ses diplômes et ses efforts d'insertion. De son côté, la Préfecture refuse de communiquer sur cette situation. 

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