Doubler les volumes fluviaux de conteneurs d'ici à 2032 entre Lyon et Marseille, c'est l'objectif posé par le 3eme armateur mondial CMA-CGM. Au sein d'un consortium mis en place avec les chambres de commerce de Lyon et Marseille, ce géant du trafic conteneur va investir 40 millions d'euros dans les infrastructures.
Un géant mondial du transport de conteneurs, la CMA CGM, vient de poser un pied au port de Lyon. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour le trafic fluvial entre la capitale des Gaules et Marseille, ça signifie beaucoup. L'objectif est de doubler le volume de fret arrivant par conteneurs sur le Rhône.
Le groupe et ses partenaires, notamment les CCI de Lyon et Marseille, ont donc décroché une "sous-concession" de 30 ans sur le port de Lyon. Ils vont investir 40 millions d'euros pour moderniser les infrastructures dédiées à la manutention de ces caissons métalliques ou des colis lourds (comme des pièces pour l'industrie).
40 millions d'euros d'investissement
Il s'agira de regrouper la totalité de l’activité de manutention de conteneurs sur le Terminal 2 d’ici fin 2027. Ces investissements permettront également de créer sur ce site une nouvelle extension de 2,9 hectares.
Pour ce faire, deux nouvelles voies ferrées de 240 mètres chacune seront construites. À l'horizon 2035, le portique à conteneur le plus ancien sera remplacé.
Le Port Edouard Herriot et le grand port Marseille-Lyon
Construit à la fin des années 30 au sud de Lyon, le port Édouard-Herriot appartient à l'État, mais est sous concession de la Compagnie nationale du Rhône (CNR). Celle-ci confie ensuite sa gestion, son exploitation et son entretien à des tiers. Or, la "sous-concession" actuelle pour les deux terminaux de 10 hectares était arrivée à échéance, et c'est bien le groupe porté par CGA-CGM qui l'a emporté.
Cet investissement s'inscrit dans la logique du "grand port Marseille-Lyon", promis il y a deux ans par Emmanuel Macron, afin de mieux connecter par voie fluviale la cité phocéenne à son arrière-pays, et irriguer ainsi davantage les marchés européens.
Doubler le trafic conteneur d'ici à 2032
"L'État s'intéresse enfin au fluvial. Dans ce contexte, il nous a semblé évident que le nouvel opérateur ait vraiment la capacité d'agir sur les volumes et dynamiser l'axe", explique Thomas San Marco, président de l'association Medlink Ports, chargée de promouvoir le fret fluvial sur l'axe Méditerranée-Rhône-Saône, et directeur exécutif au sein de la CNR.
La présence de CMA CGM "permettra de doubler les volumes fluviaux d'ici 2032" mais aussi de développer le trafic ferroviaire, indique de son côté l'armateur.
Un trafic fluvial sous employé
Sur cet axe, 80% des marchandises sont acheminées par la route, 15% par le rail et 5% par le Rhône. Sur les 330km navigables entre Marseille et Lyon, les péniches transportent en majorité du vrac (sable, sel, céréales...) et seulement 70.000 conteneurs en moyenne chaque année.
En juillet 2024, une de nos équipes avait réalisé un reportage sur le transport de 30 000 t de granulats de Lyon à Marseille via une quinzaine de péniches, évitant ainsi le trafic de quelque 1000 camions sur l'autoroute A7 et un surcroît de pollution. Car selon l'Agence de la transition écologique (Ademe), le transport fluvial émet trois à cinq fois moins de CO2 que la route par tonne de marchandises.
Le port Edouard Herriot en quelques chiffres
- 184 hectares : superficie du port
- 15,5 hectares : superficie des terminaux à conteneurs
- 101 000 : nombre total de conteneurs traités par les terminaux en 2023
- 10 : nombre de voies ferroviaires connectées aux terminaux
- 45 : nombre d’entreprises implantées sur le port
- 900 : nombre d’emplois directs (4 400 emplois indirects)
- 1,9 million : tonnes de marchandises ayant transité par les réseaux massifiés bas carbone (fleuve et fer) au port en 2023