La rentrée a sonné le 4 janvier dernier, mais les universités de Lyon tentent encore d'organiser la reprise des cours selon les formations et les situations des étudiants. Elles composent avec des contraintes sanitaires exceptionnellement complexes.
"On ne peut pas définir des règles globales pour 47 000 étudiants !" Alors que la rentrée a sonné le 4 janvier dernier, à l'université Lyon 1 comme dans les autres établissements français, les services administratifs tentent encore de composer avec les directives gouvernementales et les contraintes propres à chaque formation. Chaque université a établi son propre calendrier avec des priorités et des procédures d'accueil propres, qui doivent s'adapter aux contraintes de la crise sanitaire.
Partiels à distance
Depuis le début de ce mois de janvier, l'heure est aux partiels. Mais la plupart des examens se déroulent à distance, avec les difficultés -et les inégalités- qui vont avec : "c'est compliqué car tous les étudiants ne disposent pas d'un matériel ou d'une connexion internet optimale," explique Laura Lehman, étudiante à Lyon 3 et présidente de Gaëlis, première fédération étudiante. "Et l'impossibilité de se rendre dans les universités a posé de nombreux problèmes pour les révisions. Par exemple, la plupart des étudiants n'ont pas eu accès à la bibliothèque universitaire". Pour le déroulement des partiels, les procédures n'ont pas été les mêmes selon les établissements : à Lyon 2, tous les examens ont été dématérialisés, alors qu'à Lyon 1, ils se tenaient en majorité en présentiel. Et pour la reprise des cours aussi, chaque université concocte sa propre recette.
Reprise des cours inégale
A l'université Lyon 3, le retour des premiers étudiants dans l'établissement est fixé à ce lundi 11 janvier. A Lyon 1, ce sera le 20. Et à Lyon 2, en théorie, le 25 janvier. Dans tous les cas, priorité est donnée aux étudiants de première année, mais chaque faculté doit composer selon les particularités des formations et des situations étudiantes. A Lyon 3, première université à permettre un retour progressif des élèves, on privilégie le "public fragile": l'université accueillera "les décrocheurs" en licence de Droit dès le début de la semaine, pour leur proposer une remise à niveau. "On accueillera aussi les étudiants réfugiés et internationaux, par groupes de 6, et ceux qui sont en situation de précarité sociale", détaille un membre de l'administration. S'y ajoutent les élèves en situation de handicap. Et enfin, il faut prendre en compte les besoins spécifiques aux diverses formations : comment apprendre les gestes et la pratique, à distance, pour les étudiants en santé, en science ou encore en musicologie ?
Groupes de 10 maximum
Un casse-tête d'autant plus difficile à gérer que le gouvernement a communiqué tardivement ses directives pour la reprise des cours. Le ministère de l'enseignement supérieur a diffusé une circulaire le 20 décembre dernier, en pleine période de congés de Noël. Sur Twitter, la réaction de Nathalie Dompnier, alors présidente de l’université Lyon 2, illustre le calvaire pour les administrations : « Les président.e.s d'universités ont reçu aujourd'hui, dimanche 20 décembre, une circulaire portant sur l'organisation de la rentrée le 4 janvier. Les lutins vont sans doute tout organiser pendant la fermeture des établissements », déplorait-elle. L'université de Lyon 3, de son côté, s'était préparé avant même la circulaire : "on s'attendait à ce que le ministère limite l'accueil à des groupes de 10 élèves maximum, on communique avec eux régulièrement. On avait donc prévu de réunir de petits groupes d'étudiants prioritaires dès la fin de l'année, on n'a pas attendu le 21 décembre".
Les président-es d’université ont reçu aujourd’hui, dimanche 20 décembre, une circulaire portant sur l’organisation de la rentrée le 4 janvier ???. Les lutins vont sans doute tout organiser pendant la fermeture des établissements... ??
— Nathalie Dompnier (@nathdompnier) December 20, 2020
Décrochages massifs
Dans la plupart des cas, les Travaux Pratiques (TP) restent ouverts au présentiel sur dérogation du rectorat depuis novembre dernier, en adaptant l'effectif (notamment en demi-jauges). L'université Lyon 3 s'est par ailleurs adaptée à une pratique de "distanciel massif", en distribuant notamment 2 000 kits pour équiper les étudiants de matériel vidéo. Reste que pour la plupart des élèves, le distanciel pèse sur le moral et l'apprentissage : "on constate énormément de décrochages", alerte Laura Lehman, présidente de la fédération Gaëlis. "C'est la rentrée et beaucoup d'étudiants sont déjà lassés, usés, fatigués. Certaines formations se sont plus ou moins bien adaptées au distanciel, et il y a des erreurs dans la gestion du présentiel... Et on s'inquiète déjà de la gestion des prochaines inscriptions dans les différents cursus," énumère-t-elle. Beaucoup de questions, et surtout une : "on attend de savoir quand on pourra revenir sur les campus". La réponse risque de se faire attendre...