Pour son 17ème film, le réalisateur Pierre Jolivet raconte l'histoire d'un jeune couple de coiffeurs lyonnais, Victor et Célia. Ils essaient de monter leur salon: une aventure pleine de suspens et de rebondissements. Pierre Jolivet est l'invité du 12/13 Rhône-Alpes.
Pierre Jolivet, le réalisateur de "Ma petite entreprise" a tourné dans l'agglomération lyonnaise du 20 août au 28 septembre, une comédie intitulée Victor & Célia. Le film, présenté en avant-première ce lundi soir à Lyon, sort au cinéma le 24 avril prochain.
Entretien avec Pierre Jolivet (Propos recueillis par Paul Satis)
Le film "Victor et Célia", tourné à Lyon l'été dernier, sort au cinéma le 24 avril.
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©France 3 RA
>> Victor, c'est Arthur Dupont et Célia, c'est Alice Belaïdi. Les deux coiffeurs lyonnais ont une ambition : monter leur propre salon de coiffure. Une véritable aventure... Comment vous est venue cette idée ?
Il y a deux petits coiffeurs qui s'appellent Arnaud et Louis, dans le 15ème arrondissement où j'habite à Paris. Je suis descendu me faire couper les cheveux. Ils venaient d'ouvrir leur salon et ils m'ont raconté leur vie. A peine 30 ans, ils venaient de grandes franchises et ils avaient décidé de faire leur salon à eux, leur salon qui leur ressemble. Il y avait une excitation formidable et un courage formidable. J'ai commencé à prendre des notes.
>> Et en même temps, une série de galères incroyables ...
C'est forcément beaucoup de galères et plus ils me racontaient leurs galères et plus j'avais tendance à me marrer. C'est une telle accumulation. Et toutes ces galères confrontées à ce courage ... vous savez quand on a 30 ans et qu'on a vraiment envie de quelque chose, on est quelque part indestructible. C'est ne veut pas dire que c'est facile.... ça m'a donné envie d'écrire une histoire qui est devenue aussi, au fur et à mesure, une histoire sentimentale. Je me suis dis : si ces deux coiffeurs étaient une fille et un garçon que se passerait-il ?
>> Tout le monde se souvient de votre film avec Vincent Lindon, "Ma petite entreprise". Vous êtes un des rares (réalisateurs) à traiter ce sujet en France...
J'ai grandi dans une banlieue à côté de Paris où il y avait plein de petites entreprises. C'était ma jeunesse, mon enfance. Les parents de mes copains y travaillaient. Ils étaient artisans. J'ai toujours aimé les gens qui ont un métier, qui sont artisans, qui créent leur boîte. Dans la vie, il n'y a pas que les Gilets Jaunes d'un côté et Carlos Ghosn qui gagne 1350 fois le Smic par mois. Au milieu, il y a plein de gens qui se battent pour que leur vie corresponde à ce qu'ils ont envie.
>> On parlait des galères. Il y a l'endettement, la frilosité bancaire, la bureaucratie... ce sont des sujets que vous abordez dans le film. On vous sent même un peu critique sur le système français qui ne favorise pas vraiment la création de petites entreprises...
Oui, il n'est pas facile. Mais il faut se battre pour tout dans la vie. Pour ce qui vous tient à coeur, il faut se battre. Ce qui m'a intéressé, c'est la création de cette entreprise tellement compliquée. Mais aussi la rencontre de cet homme et de cette femme qui se retrouvent et à qui il arrive deux événements majeurs : créer sa boîte et retomber amoureux ou être au bord d'une grande histoire d'amour. Quand on mélange les deux, c'est assez dynamique. C'est une comédie romantique et sociale.
>> Vous avez entièrement tourné cette comédie à Lyon l'été dernier pour des raisons de coproduction - c'est un film Auvergne Rhône-Alpes Cinéma - mais pas seulement. Pourquoi ce cadre de Lyon ?
Il me fallait forcément une grande ville. ça ne pouvait être que Paris ou Lyon. Car il y a cette sensation que j'ai eu quand j'étais jeune, celle "d'aller à Paris", au "centre de Paris"... quelque chose d'un peu inatteignable. Les deux coiffeurs travaillent en banlieue et veulent ouvrir leur salon dans un quartier qui sera peut-être branché dans deux ou trois ans. J'avais besoin d'une grande ville et Lyon est rentrée dans le jeu avec la région. J'ai découvert une ville où l'on a pris plaisir à tourner...
>> ... Tout en décors réels ?
Tout en décors réels. Tout a été fait dans le 7e arrondissement. Et surtout (j'ai découvert) un réservoire d'acteurs formidables.
>> Il y a les trois principaux acteurs avec Benabar... mais pas seulement.
Il y a aussi Bérengère Krief qui est lyonnaise et tous les petits rôles qui sont très importants. J'aime beaucoup le cinéma qui met en place beaucoup de petits rôles qui ont un vrai sens, qui ramènent de la dramaturgie, des situations. J'ai eu tout ce que je voulais. Il y a beaucoup de théâtres et de cafés-théâtres à Lyon, toute une vie culturelle qui marche bien et qui donne un réservoir d'acteurs exceptionnels.
Victor et Célia, la Bande Annonce
L'histoire : Lorsque Ben son futur associé disparaît brutalement, Victor réussit à convaincre Célia, rencontrée à l’école de coiffure, de poursuivre son projet en créant un salon de coiffure. Mais se lancer dans l'aventure de l'entreprenariat n'est pas une histoire dépourvue d'embûches. Entre leur travail respectif, la paperasse, la réglementation, les dettes, la famille… et les troubles amoureux passés, les deux jeunes associés doivent faire front commun pour surmonter tous les obstacles et tenter de mener à bien leur projet de vie.