250 personnes se sont réunies à Oullins-Pierre-Bénite, pour le lancement d’une procédure collective en justice. Les habitants de tout le sud et l'ouest lyonnais concernés par la pollution aux PFAS, les polluants éternels, sont invités à demander réparation des préjudices qu’ils ont subis.
À quelques encablures de la plateforme industrielle d’Arkema et Daikin, la salle est pleine à craquer. 250 personnes sont réunies pour le lancement d’une plainte collective contre les producteurs de PFAS. Il s’agit de la première action de ce type en Europe. "Il aurait fallu louer un zénith" lance un habitant.
Cette action judiciaire de masse vise à demander réparation aux industriels, soupçonnés d’avoir massivement rejeté des polluants éternels dans l’air ou encore contaminé l’eau du robinet. Cette fois-ci, les habitants s’adressent aux tribunaux civils pour demander l’indemnisation de leurs préjudices. 200 000 personnes seraient touchées par cette pollution aux multiples impacts. Les organisateurs espèrent réunir plus de 500 plaignants. Trois ans après la révélation du scandale des PFAS, les habitants semblent déterminés.
"Ce qui m’a motivé à venir est que je suis une ancienne salariée, j’ai été touchée par cette pollution. Je consomme des légumes, des œufs, je vis à Brignais, j’ai tout le cocktail" témoigne Martine Ribeiro, ex-salariée d'Arkema. Elle réfléchit à rejoindre l’action en justice : "il faut être conscient que cela va prendre des années, et qu’il y aura peut-être une limite de ce qu’on pourra dire, nous les individus face aux grosses industries".
"Ça fait 40 ans que je vis à Pierre Bénite, j’ai plein de problèmes de santé"…
Il s'agit de la première action de ce type en Europe contre les polluants éternels. La ville d’Oullins-Pierre-Bénite a annoncé se joindre à la procédure collective."Voilà 40 ans que je vis à Pierre Bénite, j’ai plein de problèmes de santé. Mon mari a eu trois cancers liés à la pollution" témoigne Clotilde Aznar, une habitante d'Oullins-Pierre-Bénite qui fait partie de l’association Bien vivre à Pierre-Bénite. "Tous ces facteurs font que je suis intéressée. L’union fait la force, donc j’y crois" ajoute-t-elle.
Car dans le public, certains habitants prennent conscience d’être, eux aussi, potentiellement victimes de cette pollution massive aux polluants éternels. "Il y a deux ans, on a découvert lors de mes prises de sang un taux de mauvais cholestérol qui a explosé, j’ai fait une batterie d’examen. Je me demandais pourquoi, alors que ma qualité de vie n’a pas changé. Comment est-ce que je peux vérifier si je suis touchée par cette pollution ?" questionne une habitante dans le public.
La réunion publique d’information a été organisée par Notre Affaire à tous, le collectif PFAS contre terre et le cabinet Kaizen avocat.
Il est nécessaire de briser le récit du pot de fer contre le pot de verre et de mettre en place les conditions d’un rapport de force, d’où l’objectif de cette action de masse. Il faut attaquer les industriels mais aussi leur image
Lucas Miguel, du collectif PFAS contre terre
En France, ces procédures collectives sont plutôt rares. Une procédure semblable a été initiée aux Antilles touchées par la pollution aux chlordécones, et une autre par les malades du Levothyrox.