À Villeurbanne, une messe en hommage aux sans-abri, morts dans la rue, était organisée, ce samedi 14 décembre. Elle a été suivie par une distribution de cadeaux de Noël. Cet événement était également le moyen d'alerter sur les conditions de vie des personnes sans-domicile fixe.
Ce samedi 14 décembre, dans une église de Villeurbanne, ils étaient une poignée à être venus pour rendre hommage aux sans-abri morts dans la rue. Chaque année, en France, plusieurs centaines de personnes sans domicile fixe meurent dans l'indifférence quasi générale.
Jean-Claude, mort après 16 ans de rue
Une messe annuelle, organisée tous les ans, souhaite rappeler leur souvenir, et en premier lieu, celui de Jean-Claude, disparu cinq mois après avoir retrouvé un logement. "On l'avait trouvé à la rue après 16 ans de rue dans le centre-ville, juste avant le 8 décembre 2017. J'avais lancé un appel et on avait trouvé une famille d'accueil à Saint Chamond, on l'a accueilli le 8 décembre devant les caméras à l'époque et le 1er janvier, il avait les clés de son appartement à Saint Chamond, juste à côté", raconte Jean-Marc Roffa, président de l'association Donner La Main-Don de Soi."Malheureusement, il était tellement épuisé par 16 années de rue et trois tours de Fance, qu'il a été hospitalisé le 1er mai 2018 et il a fait un arrêt cardiaque. On lui a offert cinq mois de liberté, d'identité".
"On est là pour éveiller les consciences"
Cette cérémonie était également une façon d'interpeller les élus et la société civile sur le sans-abrisme. "Il y a des bébés, de jeunes enfants, des adolescents, des jeunes femmes, des papis et mamies qui meurent dans la rue. On est là pour éveiller les consciences. Le zéro sans-abri, c'est possible mais à condition qu'on se retrousse les manches et qu'on ne laisse personne dehors", déclare le président. Il dénonce l'indifférence des institutions : "Ils n'ont malheureusement le droit qu'au carré des indigents, sans nom, sans prénom, sans messe et ce n'est pas tolérable".
En France, on ne fait pas grand chose pour les sans abris. On ouvre de temps en temps un petit gymnase mais ce n'est pas suffisant.
Jean-Marc RoffaPrésident de l'association Donner La Main-Don de Soi
"J'ai appris récemment à Vaise dans le 9ème arrondissement qu'il y avait cinq appartements d'urgence pour des femmes à la rue mais qui sont inoccupés parce que pour l'instant ils ne sont pas entretenus. Il y a de la place à Lyon", déplore-t-il.
700 sans-abri décédés en 2023
Le nom de chacun d'entre eux a été prononcé pendant cette messe, en ultime hommage avant une distribution de colis de Noël : "Nos amis à la rue doivent être comme nous. On est dans un pays de liberté mais aussi d'égalité, ils doivent être égaux devant Noël, c'est pour ça qu'on leur offre des cadeaux de Noël et devant la mort, ils devraient aussi être égaux, c'est pour ça qu'ils ont besoin d'une sépulture, d'une tombe et d'une cérémonie religieuse".
Ernesto Gesu, un sans-abri qui vient de trouver un travail et qui est en recherche de logement, est venu à la cérémonie : "J'ai beaucoup pleuré durant cette messe en pensant à tous ceux qui sont morts dans la rue, et puis récemment dans l'incendie d'un squat à Caluire", confie l'homme de 65 ans. "Lorsque j'étais dans la rue, il y a eu des moments où j'avais peur de mourir. Un jour, je me suis réveillé avec un homme sur moi, il avait froid, il cherchait de la chaleur". En 2023, plus de 700 sans-abri sont décédés.