PFAS. Nouvelle bataille autour d'une extension de l'usine chimique Daikin : des riverains réclament une étude d'impact

À Oullins-Pierre-Bénite, l'extension de l'usine Daikin fait des remous. Il y a sept mois, des riverains, inquiets de la pollution aux PFAS, avaient obtenu l'arrêt de la nouvelle unité de production. Peu de temps après, la préfecture du Rhône avait accordé une autorisation de redémarrage. Aujourd'hui, devant le tribunal administratif de Lyon, les riverains réclament une suspension de l'activité de cette nouvelle unité et surtout une étude d'impact.

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Un recours en référé contre l’arrêté préfectoral d’octobre 2024 encadrant l’activité de la nouvelle unité de Daikin Chemical basée à Oullins-Pierre-Bénite devait être examiné ce mercredi 22 janvier 2025 devant le tribunal administratif de Lyon. C'est un retour devant la justice administrative des opposants à l'extension du site malgré une première victoire en juin dernier. Explications.

Pourquoi un nouveau recours devant le TA ?

En juin dernier, le tribunal administratif de Lyon a suspendu l'extension de l'usine Daikin Chemical France, installée à Oullins-Pierre-Bénite. Les opposants à l'extension du site chimique ont eu gain de cause, remportant une première bataille. Leur recours contre un premier arrêté de la préfecture du Rhône datant de février 2024 a porté ses fruits. Si la nouvelle unité a été arrêtée, le jugement a notamment demandé la réalisation d’une étude d’impact environnemental. Mais aucune étude d’impact n’a été lancée.

Quelques mois plus tard, en octobre, les services de l'État ont donné leur feu vert au redémarrage de la production dans cette nouvelle unité du site chimique. L’unité a repris son activité malgré l'inquiétude des collectifs. Les associations Générations futures et bien Vivre à Pierre-Bénite ainsi que des membres de PFAS contre terre ont décidé d'attaquer, sur le fond et en référé, cet arrêté préfectoral. 

L'extension de l'entreprise Daikin s'est heurté à l'opposition de riverains inquiets de la pollution aux PFAS. © France tv

Les arguments de Daikin

Cet arrêté préfectoral a été pris en octobre 2024, après des travaux d’aménagement de la nouvelle unité et des études financées par l’industriel lui-même durant l'été. Devant la justice administrative, les représentants de la Préfecture du Rhône, les avocats de Daikin accompagnés d'experts en chimie, sont venus expliquer dans quelles conditions l'autorisation de redémarrage a été accordée.

L'industriel indique avoir installé des filtres dits "absolus". Dans cette production de polymères additivés au bisphénol AF, considéré comme un polluant éternel, les mesures de contrôles et de surveillance auraient également été renforcées. Pour l'industriel, les risques pour la santé et l'environnement peuvent donc aujourd'hui être considérés comme inexistants.

Mais les riverains ont de sérieux doutes. "Comment va-t-on pouvoir savoir ce qui est rejeté dans l'atmosphère ? Sur les cinq additifs utilisés sur la nouvelle unité, quatre sont secrets ? Ce sont quatre PFAS", affirme Thierry Mounib, président de "Bien Vivre à Pierre-Bénite".

A Pierre-Bénite, dans le sud de Lyon, Arkema et Daikin ont été assignés en justice par la Métropole pour une pollution aux PFAS. © France 3 Rhône-Alpes

La demande d'une étude d'impact

"Les mesures présentées ne concernent que le bisphénol AF, qui est le nouveau PFAS qui va être émis et utilisé dans le cadre de la nouvelle installation," explique Me Sébastien Becue, avocat des associations. "On ne parle que des impacts de la nouvelle unité," déplore l'avocat. Or aujourd'hui, les riverains réclament une étude d'impact complète pour obtenir des évaluations sur l'impact de la pollution générale de l'usine.

On demande l'actualisation de l'étude d'impact. On doit analyser, non pas uniquement les impacts de la nouvelle unité, mais aussi les impacts passés et actuels de l'ensemble de l'usine.

Me Sébastien Becue

Avocat des associations

L'autorisation de redémarrage accordée par la préfecture en octobre 2024 est considérée par les opposants comme une manière de "contourner" la mesure de suspension décidée par la justice administrative en juin dernier et l'obligation de mener une étude d'impact.

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L'obligation d'une étude d'impact environnemental a été "contournée", selon Me Becue, avocat des associations. ©France tv

Même un seul nanogramme de plus serait intolérable pour ceux qui habitent dans cette ville de la Vallée de la Chimie considérée comme la plus polluée de France aux PFAS. "On ne peut pas rajouter de PFAS sur Pierre-Bénite. Ces PFAS, on ne les connaît pas, on ne peut pas les contrôler", s'alarme Thierry Mounib. "Ce sont les associations qui ont fait des prises de sang et qui ont révélé le taux d'imprégnation. L'administration ne l'a jamais fait. Pourquoi faire confiance plus aujourd'hui qu'hier ? " se demande le président du collectif.

Seule une étude d'impact environnementale serait crédible aux yeux de ces habitants inquiets pour leur santé et celle de leurs proches. Les riverains et collectifs réclament cette étude à cor et à cri. La décision du tribunal administratif sera rendue ce jeudi 23 janvier. 

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En juin 2024, des riverains avaient obtenu l'arrêt de la nouvelle unité de production de Daikin, à Oullins-Pierre-Bénite. En octobre, la préfecture avait autorisé son redémarrage. Les riverains ont déposé un recours en référé devant le TA de Lyon contre cet arrêté. Ils réclament aussi une étude d'impact. Reportage V.Benais / L.Crozat / G.Mahieu. ©France tv

Contamination : une étude canadienne

Les résultats d’une étude de la pollution des sols révélés en décembre dernier par le professeur Sébastien Sauvé et le collectif Ozon l’eau saine, à l'initiative des prélèvements, est venue confirmer l’ampleur de la contamination aux polluants éternels. Près des usines Arkema et Daikin, à Oullins-Pierre-Bénite, la contamination aux polluants éternels est plus élevée. Une contamination dans un rayon de plusieurs kilomètres.

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