Témoignage. Libération du camps d'Auschwitz : Évelyne Haguenauer, fille et petite-fille de déportés, "j’ai été élevée dans le devoir de mémoire"

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Evelyne Haguenauer, fille et petite-fille de déportée, à Lyon le 13 janvier 2025.
80 ans après la libération du camp d'extermination nazi Auschwitz-Birkenau, une fille et petite-fille de survivants prend a son tour la parole sur les lieux de l'arrestation de sa famille ©France Télévisions
Publié le Mis à jour le Écrit par Myriam Figureau et Sylvie Cozzolino

80 ans après la libération du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, à Lyon, il n'y a plus de témoins directs de la déportation. Les descendants de ceux qui ont survécu, comme Evelyne Haguenauer, prennent la parole. Comme une mission d'être la voix de ceux qui ont disparu.

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“Je suis très émue de parler de mon histoire familiale”

Evelyne Haguenauer, petite-fille de déportés

Évelyne Haguenauer n’était jamais revenue au 25 rue de la Ruche dans le 3e arrondissement de Lyon devant cette maison où habitaient ses grands-parents paternels pendant la seconde guerre mondiale. Dans cette petite rue tranquille du quartier de Montchat, vivaient loin des regards son grand-père Hermann, sa grand-mère Rosa et leur fils Claude.  

“Papa avait été arrêté quelques jours avant. Et ensuite ils sont venus chercher mon grand-père ici. Ma grand-mère était sortie à ce moment-là. Et quand elle a vu la voiture de la Gestapo, elle est partie et a échappé à l’arrestation.” 

Destination Auschwitz 

 

C’était en juin 1944. Père et fils sont emmenés à la prison de Montluc puis transportés au camp de transit de Drancy avant d’être embarqués dans les wagons à bestiaux vers Auschwitz. Une seule photo témoigne du départ des familles juives de la région depuis la gare de Lyon Perrache. 

"Mon grand-père Hermann qui avait été amputé d’un bras à cause d’une maladie, a été gazé tout de suite. Et Papa du fait de sa jeunesse, a survécu à cette horreur”, raconte Evelyne.  

 

Les grans-parents paternels d'Evelyne Haguenauer Rosa et Hermann, assassiné à Auschwitz. Et son père Claude survivant de la Shoah © Anthony Laurent/France 3 Rhône-Alpes

Deux ans plus tôt le 24 août 1942, les grands-parents maternels d’Evelyne, Arthur et Minna avaient eux aussi été déportés à Auschwitz. Minna y a été assassinée. Leurs enfants, Anne-Laure, la mère d’Evelyne, et son frère Oscar avaient été cachés. 

Les grands parents maternels d'Evelyne Hauenauer, Arthur et Minna, des juifs allemands déportés à Auschwitz en août 1942, dont seul Arthur reviendra et publiera le récit de sa déportation. © France 3 Rhône-Alpes

Ceux qui se taisent et ceux qui racontent

Dans la famille d’Evelyne, parmi les survivants, il y a ceux qui se sont se sont tus. Comme son père Claude, qui “racontait à ses amis mais surtout pas à ses enfants”. Un homme au passé désormais indicible qui a voulu surtout s'inventer une vie. Et placer au plus haut ce nom de famille après avoir connu la pire expérience de déshumanisation.

"Quand mes parents se sont mariés, mon père a construit une vie professionnelle. Il a créé sa propre affaire en tant que plombier. Son plus grand bonheur c'était de nous emmener le dimanche en voiture faire le tour des chantiers où on voyait le panneau "Hagenauer et Cie".

Claude Hagenhauer ne sera même pas appelé à témoigner au procès Barbie : il décède 18 mois plus tôt en novembre 1985.

Et puis il y a Arthur le grand-père maternel qui, quelques semaines après son retour, en juillet 1945, a écrit un récit, témoignant de tout ce qu’il avait vécu. “C’est l’original, tapé à la machine”, nous montre Evelyne Haguenauer dans un classeur. “Il l’a tapé en allemand puisque mes grands-parents étaient des juifs allemands. J’ai 80 pages en allemand qui racontent toute son histoire.” 

Un récit qui a été publié en 2015 en hébreu et en anglais mais seulement en Israël.

Enfin un mémorial à Lyon

Avec cette double histoire familiale à porter, Evelyne Haguenauer s'est toujours engagée. D'abord en politique, élue à la Ville de Lyon sous la mandature de Gérard Collomb. Engagée aussi auprès des associations de mémoire. 

"J'ai été élevée dans le devoir de mémoire. Cela me paraît normal que ce soit moi qui transmette désormais cette histoire. En tous cas à l'ensemble des personnes qui veulent bien m'écouter. 

Evelyne Haguanauer sera présente le dimanche 25 janvier à l'inauguration du mémorial de la Shoah.

Car la capitale de la Résistance, où s'étaient réfugiés de nombreux juifs, n'avait pas jusque-là de véritable lieu de commémoration. D'après les historiens 6100 juifs de la région ont été tués.

Le Mémorial de la Shoah a Lyon qui sera inauguré le dimanche 26 janvier 2024, veille du 80e anniversaire de la libération du camps d'extermination d'Auschwitz-Birkenau © Anthony Laurent/France 3 Rhône-Alpes

Un projet de toute une vie que ne verront pas deux survivants qui se sont battus pour l'obtenir : Benjamin Orenstein, ex-président de l'Amicale des Anciens Déportés d'Auschwitz-Birkenau, décédé le 10 février 2021 et Claude Bloch, inlassable témoin de la Shoah mort le 31 décembre 2023.

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