Deux hommes sont passés devant le tribunal judiciaire de Lyon ce mercredi 4 mai. Ils étaient jugés pour avoir, le 4 février dernier, jeté un ballon de baudruche rempli d'eau sur Olivier Berzane.
Vendredi 4 février, alors qu'il était en déplacement dans le quartier de Grand Trou, le maire du 8e arrondissement, Olivier Berzane (EELV) a reçu une "bombe à eau", initialement destinée à l'édile de Lyon, Grégory Doucet (EELV), qui accompagnait alors son homologue.
Le projectile n'a blessé personne, mais la Ville a "condamné fermement cette agression" par voie de communiqué. Grégory Doucet a apporté son soutien à l’élu victime "d’une agression physique inadmissible". Finalement, une plainte a été déposée par Olivier Berzane.
Des faits non filmés, mais bien revendiqués
La victime et plusieurs témoins rapportent que celui qui a jeté la bombe à eau avant de s'enfuir avec un complice en voiture était déguisé en Dalton. Suffisant à Lyon pour immédiatement évoquer le groupe de rappeurs/vidéastes, habitué à ce genre de facéties qui ne font pas rire les autorités.
Contrairement à d'habitude les méfaits n'ont pas été filmés, "à cause d'une fausse manœuvre", explique le collectif sur Instagram. Mais une vidéo de revendication apparaît tout de même sur les réseaux sociaux, dans laquelle on voit un dalton, de dos, qui manipule un ballon rempli d'eau, et affirme sa détermination à le jeter sur "le maire".
"Nous sommes ici pour rencontrer le maire. On nous a toujours dit que le meilleur moyen de réveiller quelqu'un qui dort, c'est une bonne douche froide" explique l'individu filmé, "comme vous le voyez, on est toujours sans violence. C'est juste une petite bombe à eau, histoire de le réveiller".
Les compères justifient aussi leur geste par leur volonté de dénoncer les conditions de détention de ''many gt', jugées "anormales et injustes" par le collectif sur Instagram. Ce dernier, supposé leader du collectif, avait été condamné à 9 mois de prison ferme et incarcéré en août 2021. "On ne le laissera jamais tomber, on sera avec lui jusqu'à la mort" peut-on entendre à la fin de la vidéo.
Un long procès pour des peines clémentes
L'auteur de "l'agression", âgé de 31 ans, arrêté fin mars près de la frontière espagnole, a reconnu avoir jeté un ballon rempli d'eau sur Olivier Berzane. Son complice, arrêté à Lyon, a, lui aussi reconnu avoir servi de chauffeur. Ils avaient tous les deux été placés en détention provisoire en attente de ce mercredi 4 mai.
Pendant 4 heures de procès, la procureure a invoqué "le respect des valeurs de la République" et rappelé les antécédents tumultueux des Daltons, avant de requérir 18 mois de prison ferme pour l'auteur principal. Celui-ci a bien été reconnu coupable de "violences volontaires", et a été condamné à 4 mois de prison aménageable immédiatement, c'est à dire qu'il purgera sa peine sous bracelet électronique.
Le complice présumé quant à lui a toujours nié faire partie du collectif, et affirmé ne pas soutenir leurs actions. "Mon client s'est fait instrumentaliser" plaidait son avocate Maud Jocteur-Monrozier, au micro de BFM Lyon, "On lui a proposé de faire une blague bon enfant au maire, sans savoir de quoi il s'agissait, sans savoir qu'il y avait des Daltons dans l'histoire".
Une version que le tribunal semble avoir retenue, puisque le mis en cause a été relaxé pour les faits de "complicité de violences volontaires". Il a en revanche écopé de 8 mois d'emprisonnement aménageable immédiatement pour possession de cannabis (6 kg perquisitionnés chez lui) et refus de communiquer son code de téléphone.
Non satisfait de la peine jugée trop clémente pour l'auteur principal, et de la relaxe du complice présumé, le parquet a décidé de faire appel de ces deux décisions.